L'insécurité en cours àl'Est de la République Démocratique du Congo : le "dialogue national" ne résoudra rien ce problème selon les membres del' (ex-rébellion) du M23. !

Le "dialogue national" en cours à Kinshasa pour sortir la République démocratique du Congo de la crise politique n'apportera aucune réponse aux graves défis qui se posent dans l'est de ce pays, estime l'ex-rébellion congolaise du M23 dans un communiqué reçu mercredi.
"Le dialogue actuel n'est pas susceptible d'apporter des solutions idoines aux problèmes urgents d'insécurité généralisée [...] qui font le calvaire quotidien des populations du Congo oriental", écrit Bertand Bisimwa, président du Mouvement du 23 mars (M23).
"Il est inacceptable que les graves problèmes de sécurité [dans l'Est] soient relégués continuellement dans la rubrique 'accessoires' de l'agenda ou carrément dans les oubliettes de ceux qui prétendent s'arroger le monopole d'élaboration des priorités du pays", ajoute M. Bisimwa.
Dernier avatar des rébellions à dominante tutsi soutenues par l'Ouganda et le Rwanda dans l'est du Congo, le M23 a été défait en novembre 2013 après 18 mois de guerre dans la province du Nord-Kivu, ce qui avait fait naître l'espoir d'un retour de la paix dans un Est congolais en proie aux conflits armés depuis plus de vingt ans.
Mais la normalisation entre le M23 et Kinshasa piétine depuis des mois, ce dont les deux anciens belligérants se renvoient mutuellement la responsabilité, et la violence continue d'ensanglanter la partie orientale du pays, encore gangrenée par la présence de plusieurs dizaines de groupes armés. Des renforts des policiers, arrivés mardi à Beni, ont entamé leur déploiement mercredi 7 septembre dans le «grand Nord» de la province du Nord-Kivu. La société civile et la jeunesse de Beni attendent beaucoup de ces policiers, notamment pour faciliter le retour des populations ayant fui l’insécurité occasionnée par les rebelles ADF dans leur milieu.
« Aujourd’hui, on déploie 50 [policiers] à Oïcha, 20 personnes à Mayi Moya et 20 à Eringeti. Là c’est le premier temps. Deuxième temps, je serai encore renforcé en policiers qui seront déployés à Kasindi, sur la route Butembo-Beni, à Kyondo, à Bulongo et ensuite à Kamango», a détaillé l’inspecteur de la Police nationale congolaise (PNC) dans le territoire de Beni, le colonel Jean-Pierre Wumbi.
Ces renforts des policiers ont été tirés de l'effectif de la police à Goma. Leur arrivée à Beni est un soulagement pour les habitants de Beni, particulièrement ceux des zones affectées par l’insécurité, selon la société civile locale. Dans ce territoire, plusieurs localités restent désertées, à ce jour, par leurs habitants après les massacres successifs des civils par des rebelles ougandais des ADF.
Le secrétaire rapporteur de la société civile de Beni, Lewis Kambale Saliboko, espère qu’avec les renforts de la police, les habitants pourraient regagner leurs milieux et espérer vivre paisiblement:
«On avait des problèmes d’effectif des policiers au niveau du territoire de Beni. Imaginez, une grande agglomération comme Oïcha, le chef-lieu du territoire de Beni, on en a seulement 17. C’est un nombre insignifiant. Avec ces effectifs qu'on vient de déployer, nous pensons que c’est un ouf de soulagement pour la population.»
Le colonel Jean-Pierre Wumbi indique que le déploiement a commencé après que les policiers ont reçu l'équipement nécessaire:
«Nous avons reçu les tenues, nous avons reçu les bérets et les bottines accompagnés des chaussettes, donc tout ce qui est équipement des policiers. Nous avons reçu une quantité suffisante d’armes.»
Pour rendre la police efficace sur le terrain, le commissaire général de la Police nationale congolaise (PNC), le général Charles Bisengima, avait promis la veille de faire suivre le matériel nécessaire:
«Il y a 5 tonnes d’’équipements qui sont arrivées hier de Kinshasa par un affrètement de la MONUSCO. Nous attendons un lot important d’autre équipement constitué de 51 motos, 38 tentes de campagne et nous aurons à peu près 8 véhicules.»
Selon d’autres sources policières, au moins un renfort de quatre cent cinquante nouveaux policiers est attendu dans la région.
Le "dialogue national" congolais s'est ouvert le 1er septembre sous l'égide d'une facilitation de l'Union africaine (UA), en l'absence de la majeure partie de l'opposition au président Joseph Kabila, dont le mandat s'achève le 20 décembre, et à qui la Constitution interdit de se représenter.
Ce forum est censé permettre à la RDC de sortir de la crise politique qui la ronge depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011, et favoriser l'organisation des élections en retard ou à venir, comme la présidentielle devant avoir lieu avant la fin de l'année mais qui apparaît aujourd'hui impossible à tenir dans les temps.
L'essentiel des onze points inscrits à son ordre du jour touche au processus électoral. Seul le point numéro 8 ("sécurité des personnes sur toute l'étendue du territoire national") semble de nature à pouvoir mettre l'accent sur les défis de la stabilisation de l'Est congolais.

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