Siège d'un parti politique connu sous le nom de l'UDPS aussi a été incendié à Kinshasa, la capital dela République démocratique du Congo : selon une source del'AFP, vers une longue attente des morts-vivant. Allongé par terre, l'homme semble mort mais il esquisse un geste de la main comme pour demander à boire. Pris au piège de l'incendie criminel ayant visé le siège de l'UDPS, premier parti de l'opposition congolaise, à Kinshasa, il ne devra son secours qu'aux Nations unies. !

En République démocratique du Congo (RDC), un angoissant compte à rebours est enclenché, menaçant de replonger le géant d’Afrique centrale dans une nouvelle période d’instabilité. Ces inquiétudes se fondent sur deux inconnues : quand aura lieu l’élection présidentielle, prévue théoriquement le 27 novembre mais dont le report est d’ores et déjà acquis ? Que fera Joseph Kabila, le chef de l’Etat, le 19 décembre au soir, lorsque son second et dernier mandat aura officiellement expiré ?
Les manifestations lancées à l’appel des principaux partis d’opposition qui n’entendent offrir aucun délai supplémentaire au président sortant démontrent que la rue congolaise demeure hautement inflammable. Organisées dans plusieurs villes du pays, lundi 19 septembre, date à laquelle aurait dû être convoqué le corps électoral, elles se sont soldées dans la capitale par des violences meurtrières. Rassemblés derrière le slogan sans équivoque « Kabila dégage ! », les manifestants n’ont pas tardé à se confronter aux forces de l’ordre. A Kinshasa, aux pierres et à la colère des contestataires qui ont immolé par le feu un policier, incendié une permanence du parti au pouvoir et quelques véhicules, policiers et soldats de la garde républicaine ont répondu par des tirs de gaz lacrymogènes et à balles réelles. Répétant une stratégie déjà bien rodée, les forces de l’ordre avaient au préalable empêché les opposants de converger vers le centre-ville.
Mardi 21 septembre 2016, on entendait des détonations de tirs de grenades lacrymogènes et d'armes à feu, signe de nouvelles échauffourées.
Arrivé escorté par des Casques bleus armés pour une "enquête", le directeur du Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'Homme, José-Maria Aranaz, est le premier à alerter les secours, peu après 8h30 (7h30 GMT).
Les ambulanciers envoyés par la Mission des Nations unies en RDC (Monusco) permettront d'évacuer ou de soigner sur place les blessés.
Dans un coin un homme craque et fond en larmes. Godé Mukandila, elle, se confie en pleurs : "On a tué mon mari Stéphane Mbemba Mwa Bilay, je viens de mettre son corps à la morgue, il a été tué ici cette nuit à 4 heure du matin, on a jeté de l'essence sur eux" (lui et ses compagnons affectés à la garde des lieux).
- 'Représailles' -
Les bidons ayant servi aux incendiaires sont encore là. Quelques militants de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de l'opposant historique congolais Etienne Tshisekedi, arrivent au compte-gouttes.
On s'organise pour tenter d'éteindre les foyers encore actifs en allant puiser l'eau à un robinet à l'aide de seaux.
Mais le ressentiment échauffe certains esprits. Une dizaine de jeunes hommes menacent d'aller en découdre avec les policiers à l'extérieur. Quelques camarades les en dissuadent.
Lundi, la manifestation à laquelle avait appelé un "Rassemblement" d'opposition constitué autour de M. Tshisekedi a rapidement dégénéré. Autorités et dirigeants d'opposition se sont renvoyé la responsabilité des violences qui ont fait 17 morts selon les premiers, plus de 50 selon les seconds.
Les opposants entendaient signifier au chef de l'Etat, Joseph Kabila, son "préavis", trois mois avant le terme de son mandat, le 20 décembre, et exiger la convocation d'une présidentielle avant cette date.
Aux termes de la Constitution, M. Kabila n'a pas le droit de se représenter.
Arrivé vers 9h00 (08h00), Félix Tshisekedi, secrétaire national de l'UDPS et fils d'Etienne, ne montre pas d'empressement à venir aider les blessés qui attendent encore à ce moment-là des secours.
C'est "un commando du camp du pouvoir" qui a attaqué, accuse-t-il, en déplorant cinq morts. "Est-ce qu'un État normal répond par des représailles ? Nous avons affaire à un État voyou", dit-il en faisant référence aux incendies ayant dévasté la veille plusieurs bâtiments de partis de la majorité.
Pas de condamnation de la violence de sa part. L'Etat, dit-il, "mérite ce qui arrive aujourd’hui : la révolte populaire qui va mette fin à ce pouvoir dictatorial".
Pendant ce temps, M. Aranaz continue son enquête. Il dit chercher à "voir ce qu'on peut faire pour avoir un climat apaisé, réduire la tension politique et amener ceux qui sont responsables [...] des morts [devant] la justice".
Déployés devant la parcelle en feu, des dizaines de policiers filtrent les accès mais ne viennent pas en aide aux victimes comme cet homme qui, quelques minutes plus tôt, était une torche vivante.
Dans le coin d'une grande pièce aux murs noircis et aux fenêtres éventrées, deux corps carbonisés gisent parmi les cendres.
A même le sol, de larges flaques de sang encore liquide témoignent de la violence des affrontements ayant opposés les gardes des lieux à des assaillants non identifiés, et plus généralement du degré de violence qui frappe la capitale de la République démocratique du Congo depuis lundi.
Un autre homme grièvement blessé à la tête, baigne dans son sang au fond de la parcelle de la 11e rue de Limete, quartier du centre-ouest de Kin.

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