Convocation de l’électorat en novembre 2017 en République Démocratique du Congo : un enfumage qui cache un glissement de deux ans, selon une source des acteurs politique del' opposition. La présidentielle devait se tenir au mois de novembre de cette année conformément à la constitution. Or elle ne se tiendra pas à cause de la refonte tardive du fichier électoral dont la fin est prévue pour le mois de juillet 2017. La non-tenue de la présidentielle en 2016 est à la base de la grave crise politique que traverse la RDC actuellement. Crise qui a, hélas, occasionné une cinquantaine de morts le 19 et le 20 septembre. !

Le calendrier électoral officieux de la CENI est déjà très controversé car, il prévoit la convocation de l’électorat pour novembre 2017 et la présidentielle en novembre 2018. Échéance présidentielle jugée trop lointaine par Jean-Lucien Bussa, porte-parole de l’Opposition au Dialogue. Pour lui, un gain de 9 à 12 mois est possible sur le calendrier proposé par la Commission Électorale Nationale Indépendante. Ce qui ramènerait la présidentielle en 2017 plutôt qu’en 2018. Mais, à la CENI, on parle des délais «incompressibles et techniques».
Les prévisions de la Centrale électorale se basent sur la finalisation de la refonte totale du fichier électoral en juillet 2016.
Le porte-parole de l’Opposition au Dialogue politique, Jean-Lucien Bussa, n’est pas d’accord avec la CENI. Il l’a fait savoir dimanche 2 octobre au cours d’un entretien téléphonique avec la rédaction de 7/7CD. S’inspirant de récentes et lointaines expériences électorales de la CENI, 2006 et 2011 précisément, Jean-Lucien Bussa estime qu’il est possible de raccourcir aussi bien le délai de l’enrôlement (16 mois à partir de février 2016 selon la CENI) que celui des étapes opérationnelles (504 jours à partir de juillet 2017 selon la CENI). Un gain de 6 mois est possible sur le calendrier de C. Nangaa selon J-L Bussa. Il peut même être porté à 9 mois si on écourte le temps de l’enrôlement. Sur l’enrôlement justement, Bussa estime qu’on peut gagner 3 mois. Pour cela dit-il, il faut faire l’opération d’enrôlement simultanément, au lieu d’aller d’une province à une autre. Toutefois déclare-t-il sous réserve, même en admettant que le nouveau fichier soit prêt en juillet 2017, on peut toujours rogner sur les étapes opérationnelles de la CENI. Ainsi, la convocation de l’électorat peut, d’après lui, intervenir en septembre au lieu de novembre 2017, et le scrutin présidentiel, être convoqué 6 mois après, soutient l’ancien président du groupe parlementaire MLC à l’Assemblée nationale. Sa démonstration est la suivante : la CENI prévoit 50 jours pour l’adoption de la nouvelle loi sur la répartition des sièges, lui prévoit 10 jours maximum car, il y a déjà une loi qui existe dit-il, on va simplement l’adapter. Il n’a pas manqué de faire un rapprochement avec la révision constitutionnelle de janvier 2011, bouclée en 3 jours chrono. Tout est question de volonté politique soutient l’élu de Budjala dans l’ex province de l’Equateur. Sur l’autre étape opérationnelle, la commande du matériel électoral, Bussa n’y trouve presque rien à redire. De 104 jours, il propose 90 jours. Sur le déploiement du matériel électoral, le porte-parole de l’Opposition au Dialogue estime qu’on peut économiser 30 jours sur les 60 prévus par la CENI.
On comprend aisément pourquoi la CENI et les cadres de la Majorité présidentielle parlent de novembre 2018 du bout des lèvres, lui préférant novembre 2017. C’est de l’enfumage! Ils doivent avoir le courage de dire à la population que la présidentielle aura lieu en novembre 2018 au lieu de parler de la convocation de l’électorat en novembre 2017. Encore que pour que novembre 2018 soit tenue, il faut une grande volonté politique, nécessaire pour débloquer les fonds. Or cette volonté politique a fait défaut pendant tout le quinquennat de Kabila. Sera-t-elle, comme par enchantement, présente pendant les deux prochaines années?
Mais si la bonne foi est de mise, deux ans de patience pour voir enfin la première passation du pouvoir non sanglant, cela est préférable aux troubles. À quand alors se tiendra la prochaine présidentielle en RDC? Personne ne veut se risquer à donner la nouvelle date, novembre 2018, pour ne pas enflammer l’opinion publique. Le patron de la centrale électorale, Corneille Nangaa, préfère parler de novembre 2017, date non pas de la tenue de la présidentielle mais de la convocation de l’électorat. Un vrai enfumage! De la convocation de l’électorat (novembre 2017) à la tenue effective de la présidentielle, il va s’écouler encore 12 mois pour espérer glisser un bulletin dans l’urne (novembre 2018). Devant la presse, le 1er octobre, à l’issue de son grand oral au Dialogue national, visiblement tendu le président de la CENI ( commission électorale nationale indépendante), a esquivé les questions de journalistes sur la date de présidentielle. Compréhensible car il redoute l’opinion publique. Quoiqu’il en soit l’heureux gagnant de ce glissement de deux ans est Joseph Kabila. Son bail à la tête de l’État est prolongé de facto de deux ans. Le dépassement est une prime à la turpitude car Joseph Kabila est considéré par la communauté nationale, dans une large proportion, et la communauté internationale comme celui qui a torpillé le processus électoral. Ses opposants le plus farouches regroupés au sein du Rassemblement, plus grande plateforme politique pilotée par le duo Tshisekedi-Katumbi, jugent ce calendrier d’inconstitutionnel. Ils vont entrer en conclave le mardi 4 octobre. Ce qui n’augure rien de bon. Ils brandissent l’article 64.

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