En République Démocratique du Congo, les pays membres de l'UE exige des élections le plus rapidement possible en 2017.

"L'Union européenne est profondément préoccupée par la situation politique en RDC", et "condamne vivement les actes d'extrême violence qui ont eu lieu les 19 et 20 septembre, en particulier à Kinshasa", affirment les 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE dans des conclusions adoptées lundi lors d'une réunion à Luxembourg.
"Tous les acteurs" de cette crise sont invités à "respecter la Constitution actuelle, en particulier en ce qui concerne la limitation des mandats présidentiels ainsi que par un dialogue politique substantiel, inclusif, impartial et transparent", qui doit inclure notamment la Conférence épiscopale du Congo, selon le texte.
Ce dialogue doit notamment déboucher "sur l'organisation d'élections présidentielles et législatives dans le délai le plus court possible au cours de l'année 2017", ajoutent les 28.
Ils laissent aussi planer la menace de sanctions à travers leur politique "coordonnée" de délivrance de visas aux "détenteurs d'un passeport diplomatique ou de service".
"L'UE utilisera tous les moyens à sa disposition, y compris le recours à des sanctions individuelles contre ceux qui sont responsables de graves violations des droits de l'Homme (...) ou qui feraient obstacle à une sortie de crise consensuelle, pacifique et respectueuse de l'aspiration du peuple congolais à élire ses représentants", est-il souligné.
Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'UE, est invitée "à initier un travail dans ce sens", précisent les conclusions.
Début octobre, la Belgique avait déjà décidé de limiter à 6 mois maximum (contre un an auparavant) la durée des visas accordés aux détenteurs de passeports diplomatiques de la RDC.
"Il faut faire part de notre préoccupation parce qu'il y a un report des élections qui n'est pas acceptable", a estimé lundi à Luxembourg le ministre belge Didier Reynders.
L'UE a "vivement condamné" lundi les récentes violences meurtrières en République démocratique du Congo (RDC) et va oeuvrer à de possibles sanctions contre le régime du président Joseph Kabila si des élections ne sont pas rapidement organisées en 2017, selon des conclusions adoptées par les chefs de la diplomatie des 28.
Les violences des 19 et 20 septembre, qui ont fait au moins 50 morts selon l'ONU, les pires qu'ait connues Kinshasa depuis janvier 2015, sont survenues à l'expiration du délai constitutionnel pour convoquer l'élection présidentielle, trois mois avant la fin du mandat du président Kabila le 20 décembre.
M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et ne donne aucun signe de vouloir en partir alors que la Constitution lui interdit de se représenter.
Le dépassement du délai de convocation aux urnes a déclenché des manifestations d'hostilité qui ont été réprimées dans le sang. Plusieurs policiers ont aussi été tués par des opposants.
Raphaël Katebe Katoto
Membre éminent de l'opposition à Joseph Kabila, Raphaël Katebe Katoto confie son rejet du scénario qui est en train de s'écrire en RD Congo. Le dialogue national proposé par le président Joseph Kabila a débuté le 1er septembre avec comme facilitateur le Togolais Edem Kodjo. Alors qu'il est sur le point de s'achever, il se traduit par un échange entre la majorité présidentielle et une partie de l'opposition qui a accouché d'un projet d'accord en discussion et qui prévoit la mise en place d'un gouvernement de transition avec un Premier ministre issu de l'opposition et Joseph Kabila toujours à la tête du pays, et ce, jusqu'à la tenue de l'élection présidentielle prévue en avril 2018.
En face, réunie en conclave à Kinshasa, le 4 octobre dernier, l'opposition dite radicale, regroupée autour du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, prévoit la tenue d'un dialogue inclusif pour décider des modalités de mise en place d'un régime spécial devant diriger le pays après le 19 décembre 2016, et ce, jusqu'aux élections. Pour le Rassemblement, le président Kabila doit quitter le pouvoir le 19 décembre, jour de la fin de son deuxième et dernier mandat, selon la Constitution de 2006.
Pour tenter de trouver une issue politique à la crise actuelle en RD Congo, un sommet international se tiendra le 26 octobre prochain à Luanda (Angola). Il est organisé conjointement par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), les Nations unies, la SADC et l'Union africaine.
Co-signataire des accords du Rassemblement issus du conclave tenu en juin dernier en Belgique, Raphaël Katebe Katoto, par ailleurs frère de Moïse Katumbi, ex-gouverneur du Katanga et figure de l'opposition, est membre du « conseil des sages » du Rassemblement des forces politiques et sociales. Il s'est confié au Point Afrique alors qu'entre le pouvoir en place et le Rassemblement, présidé par Étienne Tshisekedi, le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), la situation est de plus en plus tendue.
Le Point Afrique : Le « glissement » voulu par le régime de Joseph Kabila est quasiment acquis puisqu'à l'issue du dialogue national.

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