Massacres en série dans l'est de la RDC : HRW critique Kinshasa et les Nations-Unies. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a critiqué vendredi l'incapacité des autorités congolaises et de l'ONU à empêcher les massacres à répétition commis depuis deux ans dans la région de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo. !

Depuis le début de ces massacres en octobre 2014, pas moins de 680 civils ont été tués dans 120 attaques perpétrées par des "combattants non identifiés" dans cette zone du nord de la province du Nord-Kivu, écrit HRW dans un communiqué.
L'ONG cite plusieurs témoignages d'habitants ou de soldats congolais choqués par la passivité d'éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) ou de Casques bleus de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) stationnés à proximité des lieux de certaines tueries, comme celle ayant fait coûté la vie à plus de cinquante civils à Rwangoma mi-août.
L'ONG exhorte Kinshasa et l'ONU à définir "une nouvelle stratégie pour protéger les civils" dans cette zone.
Jugeant que le gouvernement congolais est désormais "moins en mesure d’empêcher les attaques de Beni de prendre des proportions incontrôlables" du fait de la crise politique qui secoue le pays, elle demande "une attention internationale soutenue de haut niveau" sur cette question.
Cette crise découle du report de la présidentielle qui devait avoir lieu avant le 20 décembre, terme du mandat du président Joseph Kabila. M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter mais il ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste à la fin de l'année comme le demande la majeure partie de l'opposition.
Pour la Monusco (plus grosse mission de maintien de la paix onusienne au monde, avec près de 19.000 hommes en uniforme) et le gouvernement congolais, les auteurs des massacres commis essentiellement à l'arme blanche dans la région de Beni, sont des combattants de l'Alliance des forces démocratiques (ADF), groupe rebelles ougandais musulman installé dans l'est de la RDC depuis 1995.
Cette version est remise en cause par des chercheurs à New York et un groupe d'experts onusiens pour qui les ADF partagent cette responsabilité avec d'autres groupes armés et certains éléments des FARDC, avec la complicité de certains chefs militaires locaux.
La province du Nord-Kivu, comme l'ensemble de l'est de la RDC, est déchirée par des conflits armés depuis plus de vingt ans.
D'après la société civile de cette région, «Notre gouvernement est incapable de nous sécuriser», c’est le cri de colère des habitants de Beni. Ils ont manifesté le 14 août dans cette ville martyre de l’Est de la RDC, après un nouveau massacre qui a fait plus de 50 morts et des dizaines de blessés.
Pris à partie par ses propres citoyens, Kinshasa dénonce l’indifférence de la communauté internationale face à «des actes terroristes» perpétrés sur son territoire.
«Nous avons l’impression d’être plus ou moins abandonnés à nous-mêmes face à cette menace que nous avons clairement identifiée comme une menace provenant de l’islamisme radical qu’on appelle djihadisme…Ces actes ne diffèrent en rien de ceux signalés notamment au Nigéria, au Mali, au Cameroun ou hors du continent comme en France, en Belgique ou aux Etats-Unis d’Amérique», affirme le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende sur le site Politico.Cd
Ces djihadistes pointés du doigt par Kinshasa, ce sont les rebelles musulmans ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) qui sévissent dans l’est du pays depuis 1995. Ils sont accusés d’être les principaux auteurs des massacres qui endeuillent la région de Beni. Plus de 650 civils tués depuis octobre 2014.
Les victimes sont découpées à la machette et leurs maisons sont brûlées. Selon des témoins, personne n’est épargné, y compris les femmes et les enfants. La société civile dénonce un déficit sécuritaire criant.
Interrogé par RFI, Gilbert Kambale, membre de la coordination de la société civile à Beni, ne décolère pas. Il estime qu’il est grand temps que la population de Beni se prenne en charge pour assurer sa défense.
«Nous allons entrer en brousse et nous voulons aller les chercher nous-mêmes. Nous allons couper les arbres pour fouiller les forêts. Parce que tous ceux qui nous aident ici sont en train de montrer leurs limites».
Tollé de l’opposition contre le gouvernement
Depuis plus de deux ans, l’armée congolaise mène des opérations de ratissage contre ces rebelles dont plusieurs camps ont été détruits. Mais la concentration des troupes congolaises et onusiennes dans cette région n’a pas empêché la poursuite des massacres.
L’opposant Moise Katumbi, candidat à la prochaine élection présidentielle, dénonce l’inaction du gouvernement dans cette région martyre.
«Des innocents sont massacrés chaque jour et notre gouvernement détourne le regard. L’inaction de nos dirigeants est déplorable, inacceptable», accuse l’opposant congolais. «Trop occupés à tenter de s’accrocher illégalement au pouvoir, nos dirigeants en oublient la protection de nos concitoyens» déplore-t-il, dans un communiqué remis à la presse.
Le président de l’Union pour la Nation Congolaise, Vital Kamerhe, appelle aussi le gouvernement à prendre ses responsabilités.
«L’incapacité manifeste du pouvoir en place à mettre fin à ces massacres qui perdurent, démontre l’impérieuse.

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