Migrations dela population Lendu en générale semble avoir eu lieu, dela Région du Nil Nord, vers le Sud mais c’est dans la région ouest du Nil que les trois groupes du peuple Lendu suivant : Lendu-Bhale, Lendu-Indru, et Lendu-Lugbara, se seraient installés. Ils y sont entrés probablement très longtemps avant les Bahema, note le prof. Lobho Lwa de Djugu. Les Lendu sont des agriculteurs, des chasseurs et des guerriers tandis que, les Hema sont un peuple des pasteurs, en quête de terre pour le pâturage. Ainsi donc, l’agriculture et le service militaire revenaient de droit aux Lendu.

Les traditions orales viennent au secours de l'histoire écrite pour couvrir en partie la longue durée qui sépare l'Egypte pharaonique de l'époque des grands explorateurs. Elles font état de l'existence, il y a très longtemps, d'un empire Cwezi qui aurait fédéré une dizaine de royaumes dominés par les Bantous, venus des confins d'Afrique, vers le XVe siècle, et dont faisaient partie, entre autres, dans la région des Grands-Lacs le Buganda et le Bunyoro, ainsi que leurs vassaux du versant congolais de la crête Congo-Nil : Hunde du Nord-Ouest du Kivu, Nande du Nord-Ouest du lac Edouard et Hema de l'Ouest du lac Albert. La science linguistique actuelle semble confirmer que, parmi ces vassaux, se trouvaient bien des populations de l'actuel Ituri, ou du moins que certaines de celles-ci appartenaient en partie au même ensemble culturel.
Comment les choses ont-elles évolué depuis l'époque coloniale ? Fait majeur, toujours occulté par les "bons esprits" : comme dans tout l'ex-Congo Belge devenu indépendant, la population a probablement quadruplé sur un territoire d'étendue fort limitée et déjà parcellisé entre beaucoup d'ethnies.
Cinq chefs-lieux de territoires, Bunia (en même temps chef lieu de district) Djugu, Mahagi, Mambasa et Aru répartis sur les 65.000 km2 du Kibali-Ituri et ses quelque 630.000 habitants reflétaient assez bien la densité moyenne d'occupation du Congo Belge par la "territoriale" : 141 territoires pour 14 millions d'habitants soit un territoire pour 100.000 habitants environ, et un territorial belge, fonctionnaire ou agent, pour 8.000 Congolais. L'occupation militaire n'était, aussi, ni plus ou moins forte que dans les autres districts : une compagnie (200 à 250 hommes) en détachement territorial à Bunia suffisait à maintenir l'ordre dans tout le Kibali/Ituri, vaste comme deux fois la Belgique. Ces chiffres montrent bien que la "pax belgica" était assurée bien plus par l'ascendant que par la force.
Il faut citer ensuite parmi les facteurs qui ont déclenché la crise actuelle, la dépendance de plus en plus forte de l'Ituri vis-à-vis de l'Ouganda voisin. La liaison routière Congo-Nil a été interrompue et n'a jamais été durablement rétablie, depuis la rébellion de Stanleyville, en 1964. Du tortillard vicinal Isiro-Mungbere,on n'a plus de nouvelles depuis longtemps, mais on sait, par les bons Pères qui sont devenus les dernières sources d'information, que son hinterland est parcouru par des camions ougandais à la recherche de café. N'est resté opérationnel que le petit aérodrome de Bunia, desservi de plus en plus irrégulièrementpar Air-Congo, et ensuite presque plus du tout par Air-Zaïre, qui deviendra vite "Air peut-être". Par contre le réseau routier et ferroviaire de l'Uganda, orienté vers le port de Mombasa, est toujours demeuré excellent.
Un facteur religieux a aussi joué : l'Uganda, comme l'Ituri, sont demeurés les terres d'évangélisation des Pères Blancs. Le but étant de ressortir les caractéristiques majeures de chaque groupement humain y vivant, susceptibles de nous fournir des explications quand à leur implication dans le conflit objet de notre étude.
L'histoire écrite de la région se révèle fort courte, mais elle se rattache à la quête millénaire des sources du Nil, demeurées mystérieuses depuis l'époque des Pharaons. Les Ptolémée les situaient dans d'hypothétiquesMonts de la Lune, légendaires ou entr'aperçus par les plus méridionaux de leurs vassaux noirs.
L'existence du lac Albert, comme une des sources possibles du grand fleuve, ne fut soupçonnée qu'en 1862, par les explorateurs Speke et Grant, qui ne purent cependant y parvenir. Arrivés dans l'actuel Ouganda après la découverte du lac Victoria, ils entendirent parler d'une autre vaste étendue d'eau dans laquelle les nuées de sauterelles venues de l'Est allaient se noyer. Il fallut une puissante expédition dotée de trois bateaux et d'une centaine d'hommes, conduits au départ de Khartoum par Samuel Baker, pour confirmer cette intuition et atteindre le lac deux ans plus tard.
Pour ces explorateurs britanniques, le nom du prince consort tant aimé de la glorieuse reine Victoria devait être associé à celle-ci jusqu'au cœur de l'Afrique. On a ainsi considéré pendant quelques décennies le lac Albert, conjoint géographique du lac Victoria comme une des sources du Nil. On sait maintenant que la source la plus éloignée de l'embouchure, marquée par une stèle érigée par les Belges, se situe au Burundi, ce qui fait du Nil le plus long fleuve du monde (6.671 km). Ainsi donc, l’agriculture et le service militaire revenaient de droit aux Lendu. L’élevage et l’art léger étaient l’apanage des Hema. Au fil de temps, les Bahema du Nord se sont comme les Lendu convertis à l’agriculture. Les Hema, venus de l’Ouganda, ont accompagné au milieu du XIXe siècle la visite de l’explorateur anglais Henry Morton Stanley dans la région. Ils auraient tiré de ce fait large sympathie et des dividendes. Les Lendu, par contre, empêchèrent Stanley de poursuivre le voyage.

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