À peine le temps de célébrer la victoire sur les rebelles du M23 que le jeune Colonel Mamadou Ndala, grand artisan de ce succès, trouvait la mort il y a 3 ans jour pour jour dans des circonstances jamais totalement élucidées. RD Congo – Colonel Mamadou Ndala : 2 janvier 2014, un triste jour pour la République Démocratique du Congo. Adulé par tout un peuple, son courage et sa proximité avec la population ont fait de lui un symbole de l’héroïsme patriotique congolais surtout, dans la partie Est dela République Démocratique du Congo, toujours instable pour cause dela présence des plusieurs groupes des milices armés, en cours dépuis des années :

En colère, la population crie son ras-le-bol et scande un nom, celui du Colonel Mamadou Ndala. Plus de 1000 personnes massacrées depuis octobre 2014, abattues à la machette, leurs corps mutilés, le peuple est orphelin de son soldat protecteur. Et c’est ainsi qu’à chaque nouvelle tuerie, les foules réclament qu’on leur « rende » Mamadou, persuadées que si une roquette de RPG-7 n’était pas venue pulvériser sa jeep un matin du 2 janvier 2014, il les aurait délivrées des ADF comme il avait si brillamment contribué à libérer Goma et sa région du M23. Car le peuple du Nord-Kivu se souvient de la célébrissime promesse faite par le Colonel :« Au nom du peuple congolais, justice sera rendue ! »avait-il ainsi clamé, dans l’une de ces envolées patriotiques qui le caractérisaient. Spontanément descendue dans les rues de Beni, Butembo et Goma à l’annonce de sa mort, la population comprenait alors qu’elle ne verrait pas de sitôt la promesse s’accomplir. Tué dans une zone contrôlée par les FARDC, en pleine opération de reconnaissance, sans faire face à l’ennemi, les circonstances du drame interrogent, le peuple demande des réponses. Certains soupçonnent des ennemis au sein-même de l’armée, d’autres iront jusqu’à dénoncer un complot des plus hautes entités de l’Etat. 1997 : Mamadou entre dans l’armée au moment de l’invasion du pays par Laurent Désiré Kabila et ses alliés étrangers.
Adopté par le peuple du Nord-Kivu, Mamadou Ndala est pourtant né en 1978 dans ce qu’on appelait alors la province du Haut-Zaïre, actuelle ex-Province-Orientale démembrée. Entré dans l’armée en 1997, l’année de la chute de Mobutu, le jeune homme assiste à l’invasion du Zaïre par les troupes de Laurent-Désiré Kabila et de ses alliés ougandais et rwandais. Cette invasion étrangère, face à laquelle il sera spectateur impuissant, le mettra hors de lui et raffermira son sens patriotique. Vécue comme une libération à l’époque par une population épuisée par trois décennies sous, le régime de Mobutu, àl'époque. Les ADF, ennemis invisibles de la nation congolaise. Pseudo-djihadistes désignés comme responsables des tueries commises à Beni, ils ne les ont jamais revendiquées officiellement, pas plus que l’assassinat du Colonel Mamadou, qui aurait pourtant constitué leur plus haut fait d’armes sur le sol congolais. Fomenté avec la complicité d’éléments FARDC rivaux, voire jaloux de la notoriété grandissante de Mamadou Ndala, l’attentat perpétré à Ngadi, non loin de Beni, plongera l’Est du pays dans un cycle macabre inextricable, injustifiable et incompréhensible. Si la hiérarchie militaire aura multiplié les interventions pour assurer que les soldats resteraient mobilisés et ne seraient pas atteints outre-mesure par la tragédie, les faits démontrent que les FARDC, engluées dans la traque des groupes armés, ne se sont jamais relevées de la perte du Colonel, qui sera suivie de celle du Général Bahuma quelques mois plus tard. Aux massacres de Beni, comme à l’assassinat de Mamadou, la population demande des réponses qu’elle craint de ne jamais voir arriver. Dans les deux cas, les procès tenus par la cour militaire opérationnelle ont plus ressemblé à une mascarade qu’à un semblant de justice. Dans les deux cas, les véritables auteurs et commanditaires, qui pourraient tout à fait être les mêmes, n’ont jamais été invités à rendre des comptes. Dans les massacres actuels commis à Beni comme dans le dossier Mamadou Ndala, si une implication des présumés-ADF, ou assimilés, n’est bien évidemment pas à exclure, nombreux sont ceux qui pensent que les véritables responsabilités sont bien plus dérangeantes.
Bâtissant sa légende au combat, mais aussi dans ses rapports humains, le phénomène Mamadou Ndala aura rapidement dépassé le seul Nord-Kivu pour enchanter toute une nation éprise d’un héroïsme patriotique que le Colonel incarnait à la perfection. Ce que les ennemis du Congo ont voulu nous arracher ce 2 janvier 2014, c’est ce souffle nouveau, cet espoir de paix au parfum inconnu jusqu’alors dans notre pays, et cette quête d’indépendance vis-à-vis de toute force étrangère quelle qu’elle soit, un luxe que n’aura jamais pu s’offrir la République Démocratique du Congo. En nous enlevant l’un des fils du pays les plus valeureux de ces dernières années, les ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur ont voulu voir le règne de la mort et de la terreur perdurer à l’Est, les bandits et malfrats en tous genres gangrener notre armée, et voir le pays tout entier sombrer en se persuadant qu’il est condamné à la souffrance perpétuelle et au déshonneur permanent.
Aujourd’hui, le souvenir de notre frère est tel que certains n’hésitent pas à le placer dans la lignée des grands hommes, ceux dont les noms sont gravés dans l’Histoire de la République Démocratique du Congo. Il y a trois ans jour pour jour, le Colonel Mamadou Ndala, nommé Général à titre posthume, marquait par sa mort les consciences qu’il avait éveillées de son vivant. Il était âgé de 35 ans seulement, comme Patrice E Lumumba.

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