En République Démocratique du Congo, l’année 2017 sera cruciale pour la République démocratique du Congo. Après beaucoup d'effusion de sang et deux années de répression brutale – avant et après l’échéance du 19 décembre 2016, qui a marqué la fin du deuxième et dernier mandat autorisé par la constitution du président Joseph Kabila – les participants aux pourparlers organisés sous la médiation de l'Église catholique ont conclu un accord le 31 décembre 2016. Celui-ci contient des dispositions claires selon lesquelles une élection présidentielle se tiendra avant la fin de 2017, le président Joseph Kabila ne briguera pas un troisième mandat et il n'y aura ni référendum ni modification de la constitution :

L’équipe RD Congo de Human Rights Watch fera usage de ce blog pour fournir des mises à jour en temps réel, des rapports de terrain, ainsi que d’autres analyses et commentaires pour aider à informer le public sur la crise actuelle et pour exhorter les décideurs politiques à rester engagés pour empêcher une escalade de la violence et des violations des droits humains en RD Congo – avec de possibles répercussions dans toute la région. L'accord peut s'avérer un grand pas vers la première transition démocratique de la RD Congo depuis son indépendance, mais le chemin est encore long pour y parvenir. Peu de temps après sa signature, de hauts responsables de la Majorité présidentielle ont déclaré qu’ils avaient signé l’accord « sous réserve », particulièrement s’agissant de la nécessité d’être plus inclusif. Certains ont également affirmé que l’accord serait inconstitutionnel, car il interdit explicitement l’organisation d’un référendum pour modifier la Constitution. Ces déclarations ont soulevé des inquiétudes quant à l’engagement réel de Kabila à céder le pouvoir, qui est l’enjeu central au cœur de la crise politique actuelle. Bien qu’il aurait assuré les évêques catholiques de son engagementà mettre en œuvre ledit accord, Kabila n’a pas encore fait de déclaration publique en ce sens ou signé l’accord lui-même.
Le nouveau Premier ministre, Samy Badibanga, et plusieurs autres membres du nouveau gouvernement nommé le 18 décembre dernier, n’ont également pas signé cet accord, de même que le parti d'opposition Mouvement de libération du Congo (MLC).
Un nouveau Premier ministre issu de la coalition d’opposition Rassemblement, comme le prévoit l’accord, n’a toujours pas été nommé, et il semble que peu de progrèsaient été accompli jusqu’à présent pour fixer le calendrier de mise en œuvre de l’accord et les modalités de fonctionnement du Conseil de suivi.
Entre-temps, il n’y a eu que peu de progrès en vue de mettre fin à la répression gouvernementale des voix dissidentes. Comme l'a déploréle coordonnateur du mouvement citoyen Filimbi, « le partage du pouvoir semble avoir pris le dessus sur la décrispation politique ».
Sept médias congolais proches de l'opposition, ainsi que Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa restent bloqués.
L’activiste de LUCHA Justin Mutabesha a été libéré lundi, après 32 jours de détention à Goma. Le militant de Filimbi Carbone Beni a été libéré mercredi, après 29 jours de détention secrète à Kinshasa, d’abord dans un camp militaire puis dans un centre de détention de l’agence de renseignements. Cependant, au moins neuf autres jeunes activistes pro-démocratie sont toujours en détention, dont les activistes de LUCHA suivants : Jean-Paul Mualaba Biaya et Nicolas Mbiya Kabeya à Mbuji-Mayi ; Fabrice Mutsirwa, Jacques Muhindo, Faustin Dunia et Glody Ntambwe à Goma ; et les activistes de Compte à rebours Chris Shematsi, John Ngandu et Samuel Bosasele à Kinshasa.
Lors d’une conférence de presse lundi, à laquelle Human Rights Watch à assisté, le mouvement citoyen Filimbi a accusé des responsables gouvernementaux de tenter de coopter leur mouvement en organisant une conférence de presse en leur nom. LUCHA a aussi dénoncé des mesures similaires. Certains des activistes maintenus en détention auraient subi des pressions, été menacés ou se seraient vus offert de l’argent pour travailler pour les services de renseignement ou la coalition au pouvoir comme condition de leur libération.
Un certain nombre de dirigeants politiques se trouvent toujours en détention ou doivent encore être officiellement acquittés des chefs d’inculpation pesant contre eux, y compris pour les sept cas « emblématiqu es » examinés au cours du dialogue.
Lundi, la police est intervenue à deux reprises, avant et pendant une conférence de presseà Kinshasa organisée par des avocats du leader d’opposition Franck Diongo, condamné à cinq ans de prison le 28 décembre au terme d’un procès expéditif. Plusieurs policiers armés ont arrêtédeux membres du parti, battu plusieurs autres partisans de Diongo et détruit des affiches et des photos. Le porte-parole de la police affirme qu'un policier a été blessé au cours de l’incident.
Le 5 janvier, le leader d’opposition Gabriel Kyungu a été convoquédevant le parquet pour vérifierl’authenticité d’une transcription vidéo d’une réunion au cours de laquelle il aurait insulté le président. Deux jours plus tard, il aurait été empêché de quitter Lubumbashi et de prendre un vol vers Kinshasa. Des doutes pèsent sur la mise en œuvre de l'accord de la Saint-Sylvestre
Ida Sawyer
Directrice pour l'Afrique centrale
ida_sawyer
Près de deux semaines après la conclusion d'un accord politique majeuren République démocratique du Congo, les questions excèdent les réponses quant à comment l’accord sera mis en œuvre, s’il existe une véritable volonté politique de la part du président Joseph Kabila et d'autres dirigeants politiques, et si l’on verra un réel renversement du climat de répression policière en Rdcongo.

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