États-Unis La cérémonie d'investiture du nouveau président, hier à Washington, a été marquée par la tonalité guerrière de ses propos et par de violentes échauffourées dans les rues de la capitale fédérale. Ceux qui espéraientque la cérémonie d'investiture aurait transformé le candidat Donald Trump en président de tous les Américains ont vite déchanté. Trump, qui a prêté serment hier à midi, heure de Washington, sur sa Bible et celle d'Abraham Lincoln, a tenu son premier discours de président des Etats-Unis avec les accents populistes qui ont fait sa marque de fabrique pendant la campagne :

L'assistance était pourtant oecuménique : sur les estrades du Capitole, siège du Parlement américain, étaient assis les anciens présidents, Barack Obama et son épouse Michelle bien sûr, Jimmy Carter, George W. Bush et Bill Clinton mais aussi Hillary Clinton, la rivale malheureuse de Trump, les leadeurs des partis républicain et démocrate et les plus hautes autorités religieuses du pays. Il n'empêche ! Il semblait hors de question pour Donald J. Trump d'oublier ceux qui l'avaient élu et les thèmes qui ont assuré sa victoire. « C'est le discours d'intronisation le plus radical que l'on n'ait jamais entendu. Donald Trump s'est exprimé comme un soldat au combat », soulignaient hier la plupart des commentateurs politiques.
« A partir d'aujourd'hui, une nouvelle vision gouvernera cette terre, America First », a lancé dès le début de son discours le 45eprésident des Etats-Unis. L'Amérique d'abord, le slogan patriotique de la campagne du candidat, restera, à n'en plus douter, l'axe majeur autour duquel s'articulera toute la politique du nouveau président. On aperçoit à peine la tribune où le 45e président va prêter serment. Mais des écrans géants et des sonos permettront de suivre le discours.
Quand il avait 18 ans, M. Questel a travaillé comme ouvrier sur le chantier de la Trump Tower, le fameux gratte-ciel de New York devenu le quartier-général du vainqueur républicain de la présidentielle du 8 novembre.
- "J'ai foi en lui" -
"J'ai vu que partout où il imprimait sa volonté, il arrivait à un résultat. Cet homme va faire tout ce qu'il a dit. J'ai foi en lui. Il a offert sa vie et davantage, acceptant même de ne pas être payé, pour aider notre pays", affirme l'homme de 58 ans, employé par le réseau de distribution du gaz.
A deux ans de la retraite, confie-t-il, l'important pour lui est la sécurité de l'emploi de ses deux enfants. Une foule immense et de tous âges a envahi aux aurores le prestigieux National Mall de Washington, composée d'Américains professant une foi sans bornes pour Donald Trump, qui réalise leur rêve vendredi en devenant leur président.
"C'est l'un des plus grands événements de l'Histoire. Mes petits-enfants en entendront encore parler", assure Nick Questel, coiffé comme beaucoup ici d'une casquette "Make America Great Again" ("Rendre à l'Amérique sa grandeur").
De là d'où il parle, le Capitole apparaît bien lointain, tout au bout de l'esplanade au coeur de la capitale fédérale. "L'un est enseignant, l'autre est assistant médical. Avec (l'assurance santé) Obamacare, le second pourrait bien se retrouver sans travail et, avec les démocrates, l'enseignement risque aussi d'être menacé. Les républicains vont s'occuper du problème".
Comme lui, les dizaines de milliers de personnes rassemblées dans une ferveur partagée sur le National Mall sont convaincues qu'une aube nouvelle s'ouvre aux Etats-Unis. Une ère de renouveau économique et de fierté retrouvée. Une ère où une population oubliée va être remise au centre du jeu.
"Nous avons vu une Amérique pendant ces huit dernières années. Désormais il est temps de voir une autre Amérique", déclare Harry Burtovoy, un chauffeur de camion à la retraite.
Il vient du Tennessee, coeur de l'Amérique qui a voté Trump.
"Enormément de gens sont pauvres dans le Tennessee, vraiment pauvres. Le Tennessee compte beaucoup d'usines et a été durement touché économiquement", dit-il. Lui-même ne se ménagera pas
« L'Amérique a fait la richesse de tous les autres pays [...] On a assuré la défense d'autres Etats qui refusaient d'assurer leur propre défense [...] Le carnage dont l'Amérique a été victime doit s'arrêter ici et maintenant. » Et de cibler tout l'establishment qui « agit contre le peuple. Ce jour du 20 janvier 2017 ne sera pas seulement le passage d'un gouvernement à un autre, d'un parti à un autre, mais le transfert de pouvoir de Washington au peuple ! Ce moment vous appartient, cette inauguration est la vôtre ! » Lui-même ne se ménagera pas : « Je me battrai pour vous avec toutes les fibres de mon être, je ne vous laisserai jamais tomber. » Et de clamer : « Je ramènerai nos emplois, nos frontières, nos richesses et nos rêves ! »
Un discours à la fois fort et protecteur qui a ravi les centaines de milliers de supporteurs venus célébrer leur président. Des Américains modestes, socle de l'électorat de Trump, mais aussi plus aisés et éduqués, attirés, eux, par la filiation assumée du vice-président Mike Pence avec Ronald Reagan, président républicain et conservateur de 1980 à 1988. Un discours dont l'agressivité a justifié la mobilisation d'opposants dans les rues de Washington (lire ci-contre), des défenseurs des droits civiques (« No Trump, no Ku Klux Klan »), des droits des femmes...
De son côté, le couple Obama s'envolait pour quelques jours de vacances à Palm Springs (Californie), fort d'une cote de popularité (60 %) parmi les plus élevées de l'histoire américaine.

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