Le Congrès américain certifie l'élection de Donald Trump à la présidence ; Près de deux mois après le scrutin du 8 novembre, le Congrès a certifié vendredi l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, malgré les perturbations créées par des élus démocrates et des manifestants. Le vice-président sortant Joe Biden, qui fait également office de président du Sénat, a conduit vendredi une session conjointe des deux chambres du Congrès afin de confirmer le nombre de grands électeurs obtenus par Donald Trump et sa rivale démocrate, Hillary Clinton. Le président des Etats-Unis n'est pas élu directement par les Américains, mais au suffrage indirect, par un collège de grands électeurs désignés par les électeurs en novembre, et qui se sont réunis le 19 décembre dans chacun des 50 Etats fédérés :

La procédure a été, interrompue, à de nombreuses reprises par les objections d'élus démocrates pour des motifs tels que les interférences attribuées à la Russie pendant la campagne, des violations présumées de droits civiques, le dysfonctionnement d'urnes électroniques ou la contestation du statut de certains grands électeurs dernièrement, aux États-Unies d'Amérique.
Joe Biden, frappant son maillet, a rejeté toutes ces objections au motif qu'aucune n'était signée, par un élu de chaque chambre, comme le prévoit la loi fédérale (aucun sénateur démocrate ne s'est joint aux protestations). Les micros de certains élus contestant la procédure ont été coupés.
"C'est fini", a lâché Joe Biden, déclenchant les rires et applaudissements des élus républicains. "Il n'y a pas de débat. C'est interdit", partout.
Un par un, les résultats de chaque Etat ont été lus dans l'hémicycle de la Chambre des représentants, Joe Biden gérant la séance depuis la tribune, au-dessus de laquelle les mots "In God We Trust" sont gravés sur un épistyle.
A la fin de la séance, au moins trois manifestants ont protesté bruyamment depuis les tribunes du public, avant d'être prestement expulsés.
Donald Trump pourra donc prêter serment comme le prévoit la Constitution le 20 janvier, à midi. La cérémonie d'investiture aura lieu au Capitole. Le président élu Donald Trump a admis vendredi des piratages contre le parti démocrate, à l'issue d'une rencontre avec les chefs du renseignement américain, mais il n'est pas allé jusqu'à endosser leur thèse d'une ingérence russe à son profit dans l'élection du 8 novembre.
Le bras de fer public entre le prochain président des Etats-Unis et les services sur lesquels il aura une autorité totale dans deux semaines se poursuit, avec la déclassification vendredi après-midi d'un rapport expurgé de 25 pages étayant cette thèse de la main de Moscou dans le scrutin, des accusations que le Kremlin rejette.
"Le président russe Vladimir Poutine a ordonné une campagne d'influence" visant à favoriser l'élection de Donald Trump et à discréditer la campagne électorale d'Hillary Clinton, conclut le renseignement dans ce document, élaboré sur la base d'informations recueillies par le FBI, la CIA et la NSA.
Le but de la campagne russe était de "dénigrer Mme Clinton, et de nuire à sa capacité à être élue et à sa présidence potentielle", conclut le rapport, qui n'apporte pas de preuve tangible ni d'informations sur les écoutes que les agences américaines ont elles-mêmes menées pour parvenir à ces conclusions.
"Poutine voulait très probablement discréditer Mme Clinton car il l'accuse publiquement depuis 2011 d'avoir incité à de grandes manifestations contre son régime fin 2011 et début 2012", quand elle était chef de la diplomatie, soutient-il. Les voix de ces grands électeurs devaient encore être comptées: Donald Trump en a obtenu 304 contre 227 pour Hillary Clinton. Il en fallait 270 pour être élu.
Mike Pence a également été élu vice-président, avec 305 grands électeurs.
Le 19 décembre, deux grands électeurs républicains ont fait défection en votant pour d'autres candidats que Donald Trump (Ron Paul et John Kasich). Cinq grands électeurs démocrates se sont rebellés et ont voté pour Bernie Sanders, Colin Powell (3 voix) et un militant des droits amérindiens, Faith Spotted Eagle.
Rien n'empêche dans la Constitution les grands électeurs de voter pour un autre candidat que celui qu'ils représentaient devant les électeurs, une faille béante qui a conduit à de nombreux appels à la réforme de ce corps archaïque. - Le parti républicain aussi ? -
Moscou "appliquera les leçons apprises" dans cette campagne pour influencer les élections dans d'autres pays, avertit également le rapport.
Des emails piratés du parti démocrate et d'un proche d'Hillary Clinton ont été diffusés sur internet, notamment par Wikileaks avant l'élection, déstabilisant la candidate démocrate.
Le site de Julian Assange a réaffirmé vendredi que ses sources dans cette affaire n'étaient "pas étatiques".
Outre les piratages, le rapport dénonce la "propagande" russe, y compris sur les réseaux sociaux par l'intermédiaire de "trolls" rémunérés, pour saper la confiance dans le gouvernement américain. Il consacre pas moins de 7 pages à la chaîne d'Etat russe Russia Today (RT) et à sa couverture "constamment négative" d'Hillary Clinton.
Le document rendu public vendredi est amputé de ses informations sensibles, mais Donald Trump a pu prendre connaissance de la version complète lors de sa réunion avec les chefs espions du pays.
Dans un communiqué publié à l'issue de cette réunion, le républicain a reconnu que les Etats-Unis, dont le parti démocrate, étaient la cible continue de tentatives d'incursions informatiques.
Mais s'il a cité la Russie comme l'un des pirates présumés, ce n'était que parmi une liste de malfaiteurs incluant aussi "la Chine, d'autres pays, des groupes et individus extérieurs".
"Il n'y a eu absolument aucun impact sur le résultat de l'élection", a-t-il insisté.

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