Piratage: Moscou "fatigué" des accusations américaines ; Le Kremlin a dénoncé lundi "l'amateurisme" des accusations de piratage lancées par les Etats-Unis, dont les services de renseignement accusent Moscou d'attaques informatiques destinées à influencer la campagne électorale américaine. "Il s'agit d'accusations absolument infondées, d'un niveau d'amateur", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Ces accusations commencent à nous fatiguer", a-t-il ajouté, évoquant "une véritable chasse aux sorcières", expression déjà utilisée par le président américain élu Donald Trump, qui juge que cette "chasse aux sorcières politique" est destinée à l'affaiblir. Les services de renseignement américains ont publié vendredi un rapport où ils estiment qu'une campagne russe de piratage a été mise en oeuvre dans le but de saper le processus démocratique américain et augmenter les chances de victoire du milliardaire républicain Donald Trump en dénigrant sa rivale démocrate Hillary Clinton :

Que reproche exactement Washington dernièrement à Moscou ?
La policefédérale américaine (FBI), l’Agence centrale de renseignement (CIA) et la direction du renseignement national américain ont conclu à la responsabilité de la Russiedans le piratage du Parti démocrate pendant la campagne présidentielle ; ce que Moscou a démenti à plusieurs reprises. Les agences américaines conviennent que ces attaques, qui ont visé le comité national démocrate (DNC) et le directeur de campagne d’ Hillary Clinton, John Podesta, avaient pour objectif de favoriser Donald Trumpface à sa rivale.
Selon un rapport publié jeudi soirpar le département de la sécurité intérieure et le FBI, deux groupes qui seraient liés au renseignement russe, APT 28 et APT 29, aussi surnommés « Cozy Bear » (ours confortable) et « Fancy Bear »(ours chic),sont cités comme étant responsables« de piratages ayant ciblé un parti politiqueaméricain ». L’image de l’ours est utilisée depuis le XIXesiècle pour représenterla Russie. Espionnage : ce que les Etats-Unis reprochent à Moscou
Depuis l’annonce jeudi par Obama de sanctions à l’encontre de la Russie, qu’il accuse d’avoir voulu influencer l’élection présidentielle, l’ambiance tourne vinaigre entre les deux puissances. Washington a accusé vendredi 7 octobre la Russied’avoir piraté des organisations politiques et des systèmes électoraux aux Etats-Unis.« Ces vols et ces piratages ont pour but d’interférer dans le processus électoral américain »alors que les Etats-Unis sont en pleine campagne présidentielle, affirment le département de la sécurité intérieure (DHS) et la direction du renseignement américain (ODNI) dans un communiqué commun.
« Nous pensons, compte tenu de l’étendue et de la sensibilité de ces initiatives, que seuls des hauts responsables russes ont pu autoriserces activités », ajoute le communiqué :
Full text of the joint DHS - @ODNIgov statement on #ElectionSecurity. Also available at https://t.co/TCdpm8t2Nj https://t.co/aFJPBg4BB7— DHSgov (@Homeland Security)
Le Kremlin a qualifié vendredi de« foutaises »ces accusations.« Les sites Internet de Poutine sont attaqués quotidiennement par des dizaines de milliers de pirates. On peut tracernombre de ces attaques vers le territoire des Etats-Unis, mais nous n’accusons pas à chaque fois la Maison Blanche ou Langley[siège de l’agence de renseignement CIA]», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov à l’agence russe Interfax.
De nombreux experts et responsables politiques américains avaient déjà accusé la Russie d’être derrière les piratages d’organisations politiques comme le Parti démocrate. Mais l’administration américaine s’était, pour l’instant, refusée à accuserofficiellement Moscou.
Piratages d’e-mails de personnes et d’institutions
L’administration américaine accuse notamment« le gouvernement russe d’avoir orchestré les récents piratages d’e-mails de personnes et d’institutions américaines »,publiés sur les sites« DCLeaks.com, WikiLeaks»et« Guccifer 2.0 ».
S’agissant des attaques sur les systèmes électoraux de différents Etats américains, Washington estime ne pas êtreen mesure de prouverqu’elles viennent du gouvernement russe, mais souligne qu’elles ont été perpétrées« dans la plupart des cas »à partirde serveurs russes.
Dans son communiqué, l’administration américaine relève qu’une telle tentative d’immixtion dans les élections« n’est pas nouvelle »de la part de Moscou.« Les Russes ont déjà utilisé des tactiques similaires à travers l’ Europeet l’Eurasie », souligne-t-elle.
La plupart des responsables américains et des experts qui se sont déjà exprimés sur le sujet estiment que le but de Moscou n’est pas d’influencer ou de modifierle résultat de l’élection, mais de semerla confusion dans la populationet de saperla confiance dans les institutions démocratiques. Des experts avaient déjà accusé la Russie d’être derrière les piratages d’organisations comme le Parti démocrate. Mais l’administration américaine s’était jusqu’alors refusée à accuser officiellement Moscou. "Nous continuons à démentir catégoriquement toute implication de Moscou" dans des attaques informatiques contre les Etats-Unis, a déclaré M. Peskov, estimant que ce rapport n'apportait "aucune substance" aux accusations de Washington.
"Nous ne savons toujours pas quelles sont les données utilisées par ceux qui lancent de telles accusations infondées", a-t-il insisté.
Des emails piratés du parti démocrate et d'un proche d'Hillary Clinton ont été diffusés sur internet, notamment par Wikileaks avant l'élection, déstabilisant la candidate démocrate.
Barack Obama, qui passera la main à Donald Trump le 20 janvier, a sanctionné la Russie en expulsant 35 diplomates considérés comme des espions. Expulsion de trente-cinq agents russes du territoire américain, menace d’expulsion d’autant de diplomates américains en représailles… L’ambiance tourne au vinaigre entre les deux puissancesau sujet du piratageinformatique du Parti démocratelors de la campagne présidentielle américaine.

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