Le secrétaire général de l’UDPS a rejeté les déclarations faites mardi dernier par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende qui a annoncé « la prise en charge totale par le gouvernement, des obsèques d’Etienne Tshisekedi en sa qualité d’ex premier ministre ». Lambert Mende a ajouté qu’une « commission spéciale » présidée par le vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, assisté du gouverneur de la ville de Kinshasa, avait été mise en place pour l’organisation des funérailles. Il avait en outre annoncé qu’un avion serait dépêché à Bruxelles pour ramener la dépouille et les membres de la famille se trouvant en Belgique et que le Palais du peuple, où siège le parlement congolais, a été retenu comme lieu d’exposition de la dépouille pour le recueillement ainsi que les hommages officiels et populaires :

Le 1er février 2017, la figure historique de l'opposition en République démocratique du Congo s'est éteinte. En cet effet, nous retournons, sur sur la vie politique de ce leader charismatique, del'opposition, et, porte-parole d'une population congolaise, en attente de changement.
C’est une phrase, lâchée au détour d’une interview qu’il nous avait accordée en septembre 2010, alors que l’élection présidentielle devait se tenir l’année suivante et qu’il ne faisait plus mystère de sa prochaine candidature. Étienne Tshisekedi avait 77 ans et cumulait déjà les ennuis de santé. « J’ai frôlé la mort, mais je m’en suis sorti », avait-il expliqué. Son décès, avions-nous poursuivi, avait même été – plusieurs fois – annoncé… Et lui de rétorquer : « Je commence à en avoir l’habitude, au point que je me demande si on ne meurt pas plusieurs fois ! ».
La controverse semble s’installer entre le gouvernement de la RD Congo et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS – opposition) au sujet des obsèques du leader de ce parti et chef historique de l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, décédé le 1er février à Bruxelles, à l’âge de 84 ans, des suites d’une embolie pulmonaire.
Lors d'une conférence de presse donnée mercredi à Kinshasa, le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund a exigé « la formation d’un nouveau gouvernement » avant le rapatriement du corps de Tshisekedi dans la capitale congolaise.
« Les dates du rapatriement et de l’enterrement de notre héros ne seront connues que si et seulement si les deux préalables ci-après trouvent des solutions, à savoir la fixation du lieu et de la forme de l’enterrement, l’érection d’un mausolée au centre-ville de Kinshasa où sera gardé pour l’éternité le corps du père de la démocratie ainsi que la prise en charge de tous les frais liés aux obsèques par l’Etat à travers le gouvernement de large union nationale », a déclaré Jean-Marc Kabund. Enfin, a-t-il souligné, « le gouverneur de la ville de Kinshasa et la famille conviendront du cimetière où reposera le corps de l’illustre disparu ainsi que des travaux pour un aménagement particulier du site au sein dudit cimetière ».
Réagissant aux propos du secrétaire général de l’UDPS qui conditionne désormais les obsèques d’Etienne Tshisekedi à la mise en place d’un nouveau gouvernement, Lambert Mende a affirmé que le gouvernement du Premier ministre Samy Badibanga était en contact avec la famille biologique de Tshisekedi pour l’organisation des obsèques de l’illustre disparu.
« Je ne vois pas pourquoi on doit réagir aux émotions de Mr Kabund. Nous discutons avec la famille qui a amené dans ses bagages un membre de l’UDPS. Ils ont des problèmes chez eux, mais nous nous en tenons à notre communiqué du mardi », a-t-il déclaré à ACTUALITE.CD.
La mise en place d’un nouveau gouvernement est un long processus actuellement bloqué au sujet de la divergence entre la majorité et l’opposition sur le mode de désignation du premier ministre.
Les évêques catholiques qui jouent les bons offices dans les discussions directes entre pouvoir et opposition sur l’arrangement particulier relatif à la mise en œuvre de l’accord politique du 31 décembre 2016, ont décidé de suspendre ces discussions jusqu’à la fin des funérailles d’Etienne Tshisekedi.
Mercredi 8 février a eu lieu une visite officielle au camp de Bihanga, dans l'ouest de l'Ouganda, où des anciens du M23 sont cantonnés. Près de 1 400 en 2013 dans ce camp après la signature des déclarations de Nairobi, ils sont aujourd'hui beaucoup moins nombreux. Cette visite officielle des représentants de la Monusco et différents attachés de défense (France, Etats-Unis, Tanzanie, Rwanda etc...) intervient peu de temps après la tentative de près de 200 ex-M23 de rentrer au Congo. Une partie d'entre eux avaient été interceptés par les UPDF et ramenés au camp.
En haut d'une colline au bout d'une route en terre rouge se trouve le camp de Bihanga. Un drapeau ougandais y est dressé. Ici l'armée garde près de 400 anciens M23 ; ce qui a un coût, affirme King Timbaganya, porte-parole des UPDF (Forces de défense du peuple ougandais) dans la région. « Nous les hébergeons, nous leur fournissons une aide médicale, nous leur donnons de la nourriture. Et bien sûr nous assurons leur sécurité. Donc, notre prière c'est que le gouvernement congolais mette en œuvre l'accord qui a été signé entre le M23 et la RDC. »
Lors de cette visite officielle, les attachés de défense ont notamment demandé aux représentants des anciens combattants pourquoi ils ne rentraient pas au Congo. L'un d'entre eux répond à cette question. « S’il honorait ses engagements, aujourd’hui nous ne serions pas ici, nous serions chez nous au Congo. Le message est de transmettre au gouvernement congolais que nous avons besoin qu’il respecte ses engagements. Totalement et intégralement, afin que nous puissions rentrer chez nous dans la paix, puisque nous voulons aussi bâtir notre pays dans la paix et dans la sécurité », témoigne-t-il.

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