Les sujets politiques alimentent les conversations des uns et des autres réunis en groupe. D’autres encore passent des coups de fil : « Nous sommes à l’extérieur, il faut envoyer quelqu’un nous prendre, on est quand même de la famille », réclame une femme, de teint clair, la quarantaine révolue au téléphone. Visiblement, la personne au bout du fil lui suggère d’attendre comme prévu dans le programme. La particularité de l’organisation c’est qu’elle respecte l’heure. 16h00’ – Ouverture de la barrière. Sans bruits, rien que l’impatience d’accéder dans cette salle où se trouve la dépouille mortelle du président de l’UDPS. Plusieurs heures avant le rendez-vous donné aux Congolais, le cercueil de « Ya tshitshi » était déjà installé dans la salle. La famille aura eu le temps de se recueillir en toute intimité :

Dans cette immense salle d’au moins 5 000 places assises, très éclairée, les places sont déjà presque toutes occupées, les longues allées sont déjà bondées. La tristesse se pare d’un manteau de silence sur les visages de nombreux. Les regards tournés de gauche vers la droite, curieux de voir lequel des officiels est déjà dans la salle.
Quelques minutes après , les militants de l’UDPS vont se mettre à scander des chants de victoire et de louange à leur président dont on retrouve les photos sur les murs dans les quatre coins de la salle. Tout est fait pour qu’il n’ait aucun clivage entre officiels et les membres de la famille. Les Tshisekedi auront suffisamment démontré le côté très soudé qu’on reconnaît aux Kasaïens car ils réussissent à placer les membres des familles restreinte et élargie ensemble, tous derrière les fils de maman Marthe. Plus tard, le sphinx de limeté sera présenté comme le père de plusieurs enfants. Pas de nombre exact. Pas de polémique.
Parmi les fils Tshisekedi connus du public, Félix Tshisekedi , le secrétaire général adjoint du parti n’est plus à présenter. Une paire de lunettes noires cache ses yeux,vêtu d’une chemise blanche assortie d’une cravate bleue foncé. Sur la tête, une casquette anglaise plate, grise, qui tend à couvrir légèrement ses yeux. Tout un symbole Tshisekediste puisqu’on y voit le même modèle posé sur le cercueil.
C’est toujours le même sentiment lors des obsèques : la tristesse. A travers les regards des personnes venues honorer la mémoire d’Etienne Tshisekedi, les sentiments sont mêlés. Entre tristesse de ne pas le revoir et la satisfaction pour le combat qu’il a mené. Tshisekedi s’en va paisiblement après avoir tout donné jusqu’au soir de sa vie.
Ils avaient tout prévu pour 16heures. Les organisateurs. Ils insistaient encore la veille. « Respectez l’heure demain”
Les sympathisants et militants de l’UDPS vont faire mieux. Une centaine est déjà sur le lieu deux heures avant l’heure prévue par les organisateurs. Pourtant il ne fait pas si beau que ça dehors. 5 degré par là. Toutes les entrées sont bloquées. Seule la famille a droit d’accéder sous les regards sévères de la police belge, venue pour assurer la sécurité.
Certains membres de la famille accèdent dans l’enceinte de cette concession où se trouve la salle. Une grille sépare l’extérieur de l’intérieur. D’autres restent inquiets, en train de rogner, et s’impatienter.
Dans une ambiance congolaise, où les cantiques religieux retentissent en ciluba, français et en lingala pendant que les officiels rendent hommage à Etienne Tshisekedi à tour de rôle. Entre plusieurs personnalités politiques, Félix dont les gestes attirent l’attention du public, il préfère se taire. mais le modérateur avec un discours lance-flammes va lui sortir de son mode discret et faire vibrer la salle:
“ J’aimerais que l’on rende hommage à ce grand combattant, à ce grand guerrier, ce grand dirigeant, ce grand leader parmi tous les leaders du Rassemblement, Félix Antoine Tshisekedi.” Dans une salle remplie de militants de l’UDPS venus du monde entier, Felix s’impose sans forcer, ni s’affoler, sans faire la moue encore moins la mine triste.
Sous les regards encourageants de ses frères aînés et du reste de la famille. On se croirait carrément à une réunion de l’UDPS où une pluie de célébrations sur le parcours combatif de l’opposant historique de la RDC ne tarit pas.
Les organisateurs auront laissé à des milliers de personnes faire le tour devant le cercueil du sphinx de Limeté pendant plusieurs heures avant que les petits fils de Tshisekedi rendent un dernier hommage à leur grand père, accompagné de maman Marthe, avant la fin de la cérémonie. Il est 21 heures et demie.
Felix, lui, quand il n’est pas sur son portable, il chuchote avec son épouse, Denise, assise juste à côté de lui. Ou alors, il se lève pour saluer les différents officiels venus au deuil.
Celui qui est considéré aujourd’hui comme le trait d’union entre Katumbi et l’UDPS va attendre que tous s’en aillent pour s’approcher finalement, timidement, vers le cercueil, où le corps, sans vie, de son père est exposé.
Il va rester quelques minutes, là. Débout. Triste. Silencieux, regard posé sur son père… Et Felix pleura !

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