Selon Thierry Vircoulon un expert en matière de térrorisme, qui indique que, la présence des rébélles des ADF-Nalu, sont de plus en plus, une menace «extrêmement utile» dans la partie Est de la République Démocratique du Congo, et l'Ouest de l’Ouganda : Ces dernières années, la crainte de l’implantation d’un islam radical et violent se manifeste en République démocratique du Congo (RDC). La société civile ainsi que les autorités brandissent régulièrement cette menace, liée notamment à la présence d’un groupe armé originaire d’Ouganda, baptisé ADF et particulièrement actif depuis 2014. Pourtant, rien ne prouve que cela soit fondé, selon Thierry Vircoulon, qui co-signe avec Thierry Battory une étude pour l’Institut français des relations internationales (Ifri) intitulée L’islam radical en République démocratique du Congo. Entre mythe et manipulation :

Pour rappel, les ADF/NALU, ont menés, leurs première attaque conjointement, en novembre 1996 contre le poste-frontière de Mpondwe, en Ouganda, durant la première guerre du Congo. »
« Premièrement, l’armée ougandaise a envahi la RDC en 1998, elle y est restée comme force d’occupation durant près de cinq ans, mais à échoué à défaire les ADF pendant cette période.
Au sujet des attaques attribuées aux ADF à Beni, deux grandes versions contradictoires s’affrontent en RDC. Alors que le gouvernement et la MONUSCO se déclarent en guerre contre le terrorisme islamiste, de nombreuses voix au sein de la société civile, l’opposition, ainsi que différentes études réalisées, y voient plutôt l’oeuvre d’une sorte de coalition du mal qui a tout intérêt à ce que le chaos perdure à l’Est du pays.« L’armée, nos politiques, l’Ouganda, le Rwanda, la MONUSCO… on ne sait plus qui fait quoi dans cette histoire des ADF », nous confie ainsi un imam du Nord-Kivu, réagissant aux arrestations de personnalités musulmanes locales, soupçonnées de recruter des jeunes pour rejoindre les rangs des ADF. Pour lui, comme pour les chercheurs auteurs de l’étude publiée hier, l’idée d’une présence de combattants djihadistes au Congo est une fausse piste promue par le gouvernement et suivie aveuglément par les services de renseignements défaillants de la MONUSCO.
« Entre octobre et décembre 2014, une série de massacres tuant plus de 250 personnes a eu lieu dans le territoire de Beni, au nord-est de la RDC, près de la frontière avec l’Ouganda,rappellent ainsi Kristof Titeca et Daniel Fahey.Le gouvernement congolais et la MONUSCO ont rapidement identifié un groupe rebelle ougandais, appelé les Allied Democratic Forces (ADF), comme seul coupable, en dépit de solides éléments indiquant l’implication d’autres acteurs, y compris de soldats congolais ».Dans cette étude, les chercheurs entendent« démontrer comment et pourquoi les différents acteurs » ont instrumentalisé la question des ADF, et ce que les différentes accusations émises contre ce groupe « nous disent sur les motivations politiques et économiques de chaque acteur ».
Les« acteurs »évoqués ici ne sont autres que les gouvernements congolais, ougandais, et la MONUSCO, tour à tour passés au crible dans cette étude, dont nous avons choisi certains extraits.
Extraits et morceaux choisis
« Les guerres peuvent offrir un excellent contexte à un large éventail d’acteurs politiques et économiques pour mener des stratégies [violentes, rentables et avantageuses d’un point de vue politique, avec un haut niveau d’impunité].
« Nous voulons démontrer comment les gouvernements congolais et ougandais ont stratégiquement [instrumentalisé/ adapté leur discours sur] le groupe rebelle des ADF à différents niveaux politiques (international, régional, national) dans le but d’atteindre des objectifs qui peuvent, ou non, être liés aux raisons pour lesquelles ils combattent les ADF ».
« Les ADF: Un bref historique. »
« En 1986, le National Resistance Movement (NRM), dirigé par Yoweri Museveni, prend le pouvoir en Ouganda après une guerre civile de cinq années. Parmi les défis auxquels doit faire face Museveni, comment gérer les profondes discordes au sein d’une communauté musulmane hautement divisée et politisée depuis la fin des années 1980. Les divisions au sein de la communauté ont été exacerbées par l’émergence du mouvement Tabligh, au sein duquel des religieux ougandais formés en Arabie Saoudite prônaient un islam plus strict, en opposition à la compréhension traditionnelle de l’islam de certains imams ougandais. Les efforts de Museveni pour contrôler la tête de la communauté musulmane ont conduit à une violente confrontation en 1991 à l’issue de laquelle 400 élément du Tabligh ont été arrêtés, parmi lesquels un leader nommé Jamil Mukulu. À leur libération en 1993, Mukulu et d’autres Tabligh fondèrent la Salaf Foundation (SF), mouvement doté d’une branche armée, l’Uganda Muslim Freedom Fighters (UMFF). L’UMFF aurait ensuite noué des liens avec le gouvernement soudanais. En 1995, l’armée ougandaise envahit les camps d’entraînements de l’UMFF, tuant de nombreux combattants, alors que les survivants, dont Jamil Mukulu, prirent la fuite vers la RDC (qu’on appelait alors le Zaïre). Avec l’accord et le soutien de Mobutu, ce qui restait de l’UMFF se reforma et constitua les Allied Democratic Forces (ADF) à Bunia, ils nouèrent une alliance en juin 1995 avec la National Army for the Liberation of Uganda (NALU). »
« NALU est né en 1986, constitué d’anciens mouvements politiques et de populations marginalisées de l’Ouest de l’Ouganda, qui unirent leurs efforts contre le nouveau gouvernement ougandais dirigé par Yoweri Museveni. Pour échapper à la traque de Museveni, NALU opéra en grande partie de l’autre côté de la frontière, au Zaïre, dans les territoires de Beni et de Lubero, où leurs membres partageaient des liens ethniques ainsi que des relations politiques et économiques de longue date avec la communauté Nande du Zaïre.

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