Phénomène Maï-Maï, FDLR, et ADF-NALU, brise l’équilibre social entre ces enfants-soldats et la communauté. Le gouvernement congolais et les partenaires tentent de stopper cefléau, mais pas sans obstacles.

Lors des vingt dernières années de la guerre dans la partie Est dela République Démocratique du Congo, l’armée loyaliste ou les troupes rebelles de l’est du pays comptaient respectivement 40 000 et 80 000 enfants. Comme Kampale, ces jeunes ont été enrôlés volontairement ou par force.

 Telles sont les estimations de Christoph Vogel, chercheur à l’université de Zürich, qui s’en réferre à Amnesty International.Le spécialiste des groupes armés du Nord-Kivu explique à Politico.cd que les recherches sur le recrutement d’enfants prouvent qu’il est plus facile de convaincre les enfants à intégrer les groupes armés car ils ont moins d’exigences.

 Le chercheur précise également que le manque de stratégies et de programmes sur le long terme des structures de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) ainsi que l’inefficacité des formations octroyées aux ex enfants-soldats expliquent le retour des enfants dans leurs milices d’origine ou au sein de nouveaux groupes armés.
Kambale est élève en deuxième année du secondaire au village de Katale, à 15 km du chef-lieu du territoire de Masisi (Nord-Kivu). A 13 ans, il a rejoint une milice locale par l’influence de ses condisciples: 

“Arrivé en brousse, le chef de la milice nous a indiqué que nous avions pour mission d’instaurer le règne de notre ethnie sur le territoire”. Pour bien accomplir cette mission, il faut dégarnir la région de troupes d’autres milices ethniques, de groupes rebelles étrangers et même de l’armée congolaise qui n’a pas réussi à sécuriser la population locale.

“En 2000, 80 000 enfants étaient associés aux groupes armés contre 34 000 en 2003” déclarait Murhabazi Namegabe dans un entretien avec l’ONG Amnesty International. 

Le lauréat du prix international de la paix pour l’implication de son ONG dans la démobilisation des enfants-soldats explique que cette chute du recrutement d’enfants en seulement trois ans résulte de l’intégration de troupes rebelles au sein de l’armée nationale, qui renvoyait les mineurs dans les centres de démobilisation.

Namegabe se rappelle de la mise en place du gouvernement de transition. Les soldats de différentes rebellions avaient été intégrés au sein de l’armée gouvernementale, écartant plusieurs enfants.

“Il faut signaler qu’il existe une douzaine de groupes armés impliqués dans le recrutement d’enfants à l’est de la RDC” , souligne Vogel. Lespécialiste des groupes armés du Nord-Kivu ajoute que la plupart des mineurs ainsi recrutés servent de porteurs, de cuisiniers ou de gardes de corps des leaders de ce mouvement.

Dans son témoignage à Politico.cd, l’ex enfant-soldat Kampale évoque également cette pratique du leader du groupe rebelle Mai-Mai Nduma Defence of Congo (NDC), duquel il s’était échappé à deux reprises:” 
Notre chef est souvent gardé par les enfants car il estime que ces derniers ne peuvent pas envier son poste et se retourner facilement contre lui”.

Certains groupes armés indiquent cependant ne pas avoir recours au recrutement d’enfants lors de la formation de leurs corps combattants. John Mahangaiko Apipawe est porte-parole de la rébellion du Mouvement National pour la Révolution (MNR), un groupe rebelle actif dans la province du Nord-Kivu. 

Il indique dans un entretien exclusif accordé à Politico.cd que deux raisons motivent cette position du MNR: “Le MNR ne recrute pas un élément sans sa carte d’électeur pour éviter les dangers suivants : d’une part pour éviter d’être infiltré par des étrangers et d’autre part pour éviter une infraction de crime contre l’humanité dûe au recrutement d’enfants-soldats.”
Le porte-parole du MNR ajoute:” Si on remarque qu’un enfant veut se joindre à nous, nous voulons connaître sa situation en famille ou dans la société, puis nous l’orientons vers les ONG qui s’occupent de l’encadrement d’enfants.”
La nouvelle recrue raconte qu’elle va très vite être entraînée à la manipulation de kalachnikovs et d’armes lourdes. “J’ai également été associé à la garde du dépôt de munitions et à la supervision de l’extraction de minerais,explique Kambale à Politico.cd. 

Le chef appréciait la façon avec laquelle je me sentais à l’aise avec les chiffres et m’avait établi au sein de l’administration car peu d’entre nous savait lire ou écrire.”
Enrôlé contre son gré
Après deux ans d’activisme au sein de cette rébellion, le jeune Kambale réussit à s’échapper pour rejoindre une base de la mission Onusienne dans la région.

J’ai suivi le processus de désarmement et démobilisation, puis je me suis décidé à reprendre l’école afin de poursuivre mes rêves d’ingénieur en construction lors de ma réinsertion dans ma famille”relate-t-il. Il soupire avant d’ajouter:“mais ce n’était pas la fin du calvaire vécu en brousse.

“Un jour alors que je suivais un cours, un groupes de jeunes, armés et habillés en tenues de civils, a fait irruption dans la cour scolaire. Ils ont déclaré au directeur qu’ils étaient venus me reprendreet que toute opposition sera suivie de dégâts”,se rappelle Kambale, l’air un peu inquiet.

“Nous savons en revanche que de janvier 2009 à novembre 2015, sur 8.546 enfants anciennement associés à des groupes armés et enregistrés par la Monusco, il n’y avait que 600 jeunes filles (7% du total)” précise un document de la Monuscoconsulté par Politico.cd.

Concernant l’approche adoptée par les troupes de Forces Armées de la RDC, lorsqu’elles affrontent les milices ayant pour combattant les enfants, le major Guillaume Kaiko Ndjike répond:“Pendant les opérations militaires, les militaires ont la consigne de ne pas porter atteinte à l’intégrité physique des enfants s’ils ne sont pas armés”informe-t-il, précisant que les enfants-soldats capturés par l’armée lors de combats ne peuvent être faits prisonniers.

s que nous avons des enfants récupérés des groupes armés, nous faisons appel aux structures chargées de la prise en charge des enfants sortis de forces et groupes armés.

Indiquant que les enfants sont transférés vers les ONG le même jour de leur arrivée au bureau du commandement de l’armée, le major Kaiko nous fait faire le tour du bureau, pointant les pièces du bâtiment avec son indexe droit.

Les enfants sont souvent assis dans cette salle d’attente. Il n’y a pas une place ici où on peut les détenir, cette pratique est contre le code de conduite du soldat congolais”, explique l’officier en précisant que la même règle est appliquée pour les enfants civils, membres de familles de combattants. 

En appui, il nous remet une courte vidéo dans laquelle le commandement de l’armée remettait des enfants de moins de 8 ansà la section de protection de l’enfance de la mission Onusienne en 2015, après avoir été abandonnés par leurs parents, combattants, fuyant la traque de l’armée Congolaise.

“En 1998, lors de la deuxième guerre contre le régime de Kinshasa, les groupes armés ont essayé d’utiliser la même stratégie, mais avec peu de succès”, poursuit-il. Face à cet échec, les groupes armés ont adopté la méthode radicale, consistant aux recrutements forcés. “Ils bouclaient des écoles, allaient sur des marchés publics où ils enrôlaient de force tous les enfants présents pour les amener dans la brousse et les former aux armes”précise Namegabe dans son entretien à Amnesty International.

 À partir de 1999, il y a eu une troisième forme de recrutement massif d’enfants par les mouvements de résistances populaires dits Maï-Maï.

Ces mouvements ont réclamé aux membres des villages de prendre les armes pour résister à l’invasion des pays étrangers qui voulaient occuper la RDC.

Une ligue internationale contre le phénomène Kadogo au Congo
Enfants sortis de groupes armés entre 2002 et 2011 et enregistrés dans la base de données de l'Unicef RDC en juin 2011 (Copy)

Données UNICEF fournies en juin 2011 sur les enfants sortis et enregistrés dans la base de données depuis 2002, tous programmes confondus (ne sont pas comptabilisés dans ces chiffres les enfants sortant de la LRA pris en charge par les par l’UNICEF et ses partenaires).

Nombre d’enfants sortis entre 2002 et 2011 TOTAL
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Province Orientale12 008.

Source: UNICEF RDC Created with Datawrapper
Bien avant la réunification de la République Démocratique du Congo à travers le dialogue inter-congolais de Sun-City en 2003, certaines rebellions avaient pris conscience du danger lié à l’utilisation d’enfants dans leur armée. À titre d’exemple, la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, RCD-Goma, active au Nord-Kivu avait rendu public en mai 2000, un décret affirmant l’interdiction de recruter des enfants de moins de 18 ans et l’engagement de démobiliser les enfants présents au sein de leurs troupes. 

De son côté, le gouvernement congolais adoptait en juin 2001 des mesures pour l’arrêt de recrutement d’enfants de moins de 18 ans dans les Forces Armées du Congo, l’arrêt d’envoi sur les lignes de front des enfants de moins de 18 ans ainsi que l’arrêt de l’utilisation d’enfants à des tâches purement militaires, dont le maniement d’armes. 

Plusieurs autres mesures et dispositions légales visant l’arrêt du phénomène Kadogo ont été mises en place par le gouvernement congolais. 

Le porte-parole des opérations militaires Sokola 2, menées par l’armée congolaise contre tous les groupes armés actifs dans la partie septentrionale du Nord-Kivu, nous reçoit au centre-ville de Goma. 

Le“Manuel sur le droit de la guerre pour les forces armées”, publié par le comité international de la Croix Rouge, le “Code de conduite du soldat de la RDC”du service de l’éducation civique du ministère congolais de la défense et tant d’autres ouvrages sont entreposées sur le bureau du major Guillaume Kaiko Ndjike. 

D’entrée de jeu, l’officier de l’armée loyaliste nous confie qu’en dépit de l’arrêt de l’utilisation des enfants au sein de l’armée gouvernementale, les milices continuent à recruter les enfants, remettant en cause l’efficacité du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).

EN TÉRRITOIRE DE BENI AU NORD-KIVU !

Le gouverneur dela province Julien Paluku Kahongya n' a pas répondit àl' Invitation dela Société Civile qui a sollicité la présence de ce dernier à Oicha chef-lieu du térritoire de Beni pour causé, del'insécurité caractérisé, par des meurtres, vols nocturne, intimidations, ... grandissante de plus en plus, ce dernier temp.

Au sujet du commandant de la 3èmezone de défense des FARDC, l’administrateur estime que cela est possible, mais il souhaite que cette démarche ne puisse freiner les opérations militaires en cours dans la zone. 

Selon lui,« même à ce moment, il ya une menace rebelle qui pèse sur Oicha» Au moins trois civils sont déjà tombés sous les balles de supposés militaires à Oïcha. 

Les habitants ont toujours accusé les militaires de cette nouvelle unité des FARDC constituée de jeunes soldats tout juste sortis de leur formation qui attirent désormais toutes les critiques.

Mais le porte-parole des opérations Sokola1 Nord, capitaine Mak Hazukai tempère. «Nos soldats sont accusés c'est vrai mais rien n'indique qu'ils sont responsables du drame de lundi », assure-t-il.

L'enquête est en cours, et les armes circulent beaucoup, explique l'officier. Quant au cas des trois jeunes gens tués le 6 novembre dans des circonstances similaires, le porte-parole assure que deux suspects ont été arrêtés. Il s'agit bien de militaires mais ils n'appartiennent pas au nouveau bataillon.

Le gouverneur du Nord-Kivu ne va pas venir à Oicha comme le demande la société civile d’Oicha. En effet, les forces vives ont accordé, mardi dernier, 48 heures au gouverneur du Nord-Kivu et au commandant de la troisième zone de défense des FARDC de se présenter à Oicha pour régler le problème de la nouvelle unité des FARDC, des jeunes soldats récemment arrivés dans la cité et qui sont accusés par la population de s’être illustrés dans des cas d’assassinats.

C’est en octobre dernier que ce bataillon arrive à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni. Depuis, trois civils ont été tués coup sur coup sans compter des intimidations, extorsions des biens de la paisible population. C’est qui entame la confiance de la population vis-à-vis de ces militaires. 

Pour la société civile, la question dépasse les autorités locales et le commandant des opérations sokola1. Il faut donc une solution concertée entre le gouverneur et le commandant de la troisième zone de défense des FARDC, estime la société civile.

En réaction, le gouverneur du Nord-Kivu ne pas favorable à cette demande. Julien Paluku demande aux forces vives de s’adresser à l’autorité territoriale qui en est son représentant valable. Il l’a dit dans un message téléphonique relayé ce mercredi par Amisi Kalonda.

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