Certains déplacés venu du térritoire de Djugu, passent la nuit à belle étoile en ville de Bunia au nord-est dela Rdc.

Cris d’alarme de Justice et Paix et de Caritas Congo
Selon Caritas Congo , organisation de la pastorale sociale au service de l’épiscopat de la RDC, c’est un vol de bétail perpétré le 1 février 2018 dans une localité des Hema par des Lendu, dans le territoire de Djugu, en Ituri, qui “a réveillé de dangereux relents identitaires et ethniques”.

Sur place à Djugu, un calme relatif est signalé ce jeudi, mais la société civile de la chefferie des Bahema Nord rapporte que des plantes ont été ravagées dans les champs au village Waliba. Elle signale en même temps des déplacements des populations qui craignent une possible flambée des violences comme ce fut le cas entre 1999 et 2003.

L’armée pour sa part lance une sévère mise en garde à l’encontre des instigateurs de la haine ethnique :
« Nous n’allons pas accepter l’écoulement du sang » tonne le capitaine Carlos Kalombo, porte-parole de la 32e région militaire FARDC basée en Ituri. Il admet cependant qu’il ne s’agira pas d’une intervention militaire mais d’une simple présence dissuasive.

« L’armée ne peut pas avoir de parti pris, elle sécurise tout le monde sans distinction.

Notre présence dans la région a déjà un effet dissuasif, il n’est pas question que nous puissions réagir militairement » conclue-t-il, déplorant cependant le fait que l’armée a été prise à partie dans certains coins, notamment l’assassinat d’un militaire dans sa maison dimanche ainsi que l’attaque de deux autres par des jeunes en colère qui ont même réussi à ravir leurs armes avant de les restituer.

Côté police nationale congolaise, une mission s’est déjà rendue sur place et des éléments ont été envoyés en renfort.

« Ils ont la mission de rétablir l’ordre public et de s’interposer entre les deux communautés en cas d’affrontement » précise le Major Abeli Mwangu son porte-parole provincial.

Il faut rappeler que la guerre interethnique survenue en Ituri entre 1999 et 2003, et qui a fait plus de 60.000 morts selon l’Onu, est partie de ce même territoire de Djugu suite à un conflit de terre, avant d’embraser toute la province.

Le week-end dernier, deux femmes qui se rendaient aux champs ont été poignardées par un homme identifié comme appartenant à l’ethnie lendu.

C’est ce qui a rallumé le feu, les deux communautés se sont alors livrées à des représailles de part et d’autre faisant plus de 2 personnes tuées et de centaines de maisons incendiées.


En quatre jours d’attaques et de représailles, le bilan est très lourd: plus de 30 morts ainsi que 12 blessés graves. Plus de 600 maisons ont été incendiées, près de 10’000 personnes ont été déplacées, sans compter le vol à grande échelle du bétail et d’autres biens.

Caritas-Développement Bunia
et la Commission diocésaine de Justice et Paix lancent un SOS pour la protection des personnes et de leurs biens, ainsi que pour une aide humanitaire d’urgence en faveur des victimes, dont la plupart sont sur les routes, cherchant protection dans des zones épargnées par les troubles.

Déjà 10’000 déplacés
Dans un rapport daté du 4 février 2018, ces deux organes du diocèse de Bunia signalent que plus de 1’000 personnes ont cherché refuge dans la ville de Bunia, plus de 2’000 dans la localité de Katoto et environs, près de 4’000 autres dans les localités de Drodro et Largu.

Des milliers encore de personnes sont aussi en déplacement vers les localités de Bule, Fataki et Iga Barrière.

Selon ce document, tout serait parti du vol de bétail jeudi 1 février dans la localité de Ndjachulu.

Dans la nuit, les habitants de l’ethnie Lendu, du Groupement de Ladedjo, ont incendié des maisons dans les localités de Ndjachulu, Su, Kau et Ndogbe, appartenant à la Chefferie des Bahema Nord.

En représailles, les Hema ont incendié des maisons dans la localité d’Anjer, dans le Groupement Ladedjo, dans le secteur des Walendu Pitsi. C’est ainsi que le cycle de violences s’est déchaîné depuis samedi 3 février, avec des assassinats et des incendies de maisons.

Cohabitation pacifique remise en question
Ces troubles remettent en question la cohabitation pacifique et la dynamique de paix relancée depuis le 21 décembre 2007 avec la campagne de pacification menée par l’autorité provinciale, note Caritas Congo.

La problématique “des identités meurtries et des identités meurtrières” refait surface dans ce coin de la RDC.

Les troubles ont provoqué la fermeture d’écoles. Celles-ci ont occasionné le chômage et le déplacement des élèves et enseignants.
“En outre, ce déplacement interne de la population gangrène la vie sociale régulière.

Les pertes des vies humaines ainsi que des moyens de subsistance sont également déplorées”.

Les autorités accusées de passivité
Cette situation conflictuelle a provoqué une grave crise de confiance entre la population et les autorités, accusées de passivité.

Le diocèse de Bunia demande une intervention humanitaire urgente en faveur des victimes de ces hostilités, le renforcement des forces de l’ordre afin de prévenir les conflits dans cette région.

“Que l’Etat congolais joue convenablement son rôle régalien de protéger les civils et leurs biens; qu’il arrête dans le meilleur délai cette barbarie en recherchant et en punissant les coupables; qu’il réprime toute consommation de drogue et des boissons fortement alcoolisées”, demandent de concert Caritas-Développement Bunia et la Commission diocésaine de Justice et Paix. (cath.ch/com/jp-bunia/be) INTERNATIONAL

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