Avec la machine à voter en Rép Dém du Congo certains opposants sont capable d'aller aux élections du 23 décembre 2018 ?

Après l’Udps, la jeunesse d’Ensemble – qui n’est pas contredite par les bonzes de la plate-forme katumbiste – en appelle aux élections avec ou sans la machine à voter. Le CLC s’est fait stopper net dans sa sensibilisation anti-MAV par la Cenco, pendant que le reste de l’opposition radicale sombre dans l’expectative une semaine seulement après une marche unanimement reconnue comme ayant été un gros fiasco.

Alors que la supercherie de Genève a fini d’être éventée et que le vent a définitivement tourné pour balayer ce qui pouvait encore en rester, les cinq « conspirés » restants se sont retrouvés à Bruxelles où ils ont réitéré leur soutien à leur candidat commun Martin Fayulu pour la prochaine présidentielle. JP Bemba, Moïse Katumbi et Adolphe Muzito ont promis de l’accompagner en RDC pour l’assister dans sa campagne. Le cinquième du groupe, Freddy Matungulu, séjourne déjà à Kinshasa.

L’on peut bien se demander sur quelle base les alliés de Genève-Bruxelles fondent leurs espoirs quant à une possible réussite de leur coup dans les urnes. Déjà, lui-même Fayulu ne représente aucun poids sociologique pouvant faire attirer l’attention des électeurs. Sa désignation comme candidat commun a défié même les lois de la nature jusqu’à susciter un tollé général.

Tollé qui a amené à l’élucidation de la manœuvre qui sous-tend cette opération qui, en fait, est un forcing du désespoir de lobbies occidentaux gravitant autour de certains opérateurs miniers qui combattent le nouveau code minier. On ne peut, en effet, expliquer autrement l’arrivée d’Alan Doss de la Fondation Kofi Annan dans cette équipée, sinon le fait qu’il a eu la mission de circonvenir les opposants réunis à Genève afin de mettre en scelle le cheval qu’ils sont sûrs de contrôler.

Genève-Bruxelles projetait la sortie de l’ordre constitutionnel

La similitude entre les visées de l’équipée de Genève-Bruxelles et le rôle qu’avait déjà joué Alan Doss en RDC suffit pour le démontrer. En effet, selon l’accord signé à Genève et que Muzito avait explicité dans les médias, le candidat unique aurait pour mission de faire ce qui n’est pas moins un hold-up électoral en détournant la législature escomptée vers une transition de deux ans en vue de nouvelles élections sans Kabila et avec ceux qu’ils considèrent comme les exclus du présent processus électoral. Bref, il s’agit, pour eux, de réaliser le fameux plan « B » des élections sans Kabila au terme de ce que, dans ses prestations médiatiques, Christophe Lutundula, cadre d’Ensemble de Katumbi, appelle une courte transition pour organiser les élections. Bref, les « conspirés » de Genève n’ont tout simplement pas le cœur au processus électoral actuel qui ne leur servirait que de passage vers leur plan « B ».

Quant à Alan Doss, l’on se souvient que c’est sous son mandat à la Monuc-Monusco (2007-2010) que fut planifié le sabotage des élections de 2011. L’on se souvient, en effet, que la Monusco avait lâché la CENI en dernière minute en refusant de lui offrir la logistique promise pour le déploiement du matériel électoral. La logique, à l’époque, était la même : créer des conditions de chaos pour renverser l’ordre institutionnel de l’époque afin de prendre les rênes du pouvoir.

Le « Traité de Nice » à l’origine des conspirations

En remontant plus loin, l’on retrouverait la même logique dans le Traité de Nice où certains congolais, dont Etienne Tshisekedi et son Udps, s’engagèrent, à travers des accords du même genre. Le « Traité de Nice » avait été signé en janvier 2012 à Nice (France) entre des Congolais réunis au sein d’une organisation dénommée « Conseil National Congolais » (CNC) et une nébuleuse appelée « Confrérie des Hospitaliers ». Ce contrat prévoyait, pour la partie des Congolais, la cession des pans entiers du territoire national tels que l’île Mateba au Kongo Central et la ville de Gbadolite, ainsi que des richesses du pays, cela en échange d’un appui de ces partenaires pour la conquête et la gestion du pouvoir. En son temps et jusqu’à ce jour, il était difficile de savoir qui se cachait réellement derrière cette « Confrérie des Hospitaliers » à part le fait que, lors des rencontres de janvier 2012 à Nice, il avait été observé un ballet d’hommes d’affaires russes, français et autres autour de ces Congolais engagés ainsi dans une rocambolesque opération de bradage du territoire national et de ses richesses pour le pouvoir.

Petit à petit, le front du rejet de la machine à voter s’effiloche. Après l’Udps qui a accepté d’aller aux élections avec ou sans cet outil, c’est autour de la plate-forme katumbiste « Ensemble » de s’y ouvrir. La jeunesse de ce regroupement politique vient, en effet, de publier une déclaration ralliant la position du parti tshisekediste. La déclaration a été relayée dans les médias traditionnels et dans les réseaux sans aucune réaction des instances officielles d’Ensemble. On se souvient que, plus radical que les autres, Ensemble rejette carrément le processus électoral en cours et opte pour une « courte transition » pouvant permettre d’organiser ce qu’elle appelle « de bonnes élections ».
Ce ralliement au choix de la Commission électorale nationale indépendante est d’autant plus significatif qu’il intervient une semaine seulement après la marche organisée à Kinshasa par un groupe des partis et regroupements politiques de l’opposition pour rejeter cet outil. Elle intervient également après la déclaration, dans la même période, d’un groupe de 7 leaders politiques de l’opposition réunis en Afrique du Sud où ils ont aussi réitéré leur refus de la machine à voter.

Dans la même foulée, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait déjà ordonné, par une circulaire à travers toutes les paroisses, la suspension, jusqu’à nouvel ordre, de la campagne de sensibilisation que le Comité laïc de coordination (Clc) menait déjà contre l’utilisation de la machine à voter lors des prochaines élections.

Quant au reste de la troupe, il s’observe une sorte d’attentisme qui ne dit pas son nom. Il semble que l’intérêt dominant ici, pour chacun, est de savoir qui pourrait être le candidat commun de cette opposition. Même si le dernier « sondage » publié par le tandem GEC-BERCI a davantage chauffé les esprits au point de les opposer.

Quant à l’autre groupe des candidats (certains se disent de l’opposition, d’autres se réclament indépendants), l’on ne perçoit pas clairement leurs positions. Si Gabriel Mokia a déjà dit qu’il irait aux élections avec la machine à voter, les autres, certainement par mimétisme opportuniste, affirment le rejeter.

Une chose demeure sure, cependant : le bloc du refus systématique de l’opposition ne s’est jamais autant lézardé à quelques encablures seulement de la campagne électorale. Des lézardes qui ont gagné les rangs des militants qui, désormais, ne se ratent dans leurs invectives croisées dans les programmes alternatifs de certaines radios, mais surtout dans les réseaux sociaux.

En fin de compte, l’on voit monter en puissance des jeunes des mouvements « citoyens » qui, avec leurs méthodes, jouent au chat et à la souris avec les agents de l’ordre pour mener leur sensibilisation de proximité sur terrain. Ces jeunes, on le sait, sont aux ordres d’organisations et instances étatiques occidentales qui, à travers eux et moyennant des financements, tentent d’influencer le processus électoral duquel le Gouvernement congolais les a exclus pour raison de souveraineté.

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