À kasindi dans l'est de la Rdc, un climat des tensions s' observe entre certains membres de la société civile, et DGM

Dans une correspondance adressée au fonctionnaire délégué du gouverneur affecté à Kasindi et parvenue ce jeudi à notre rédaction à Kasindi, la lucha appellait la Dgm/Kasindi à revenir à la raison avant cette manifestation « car le paiement du jeton à Kasindi avait été suspendu par la hiérarchie de la Dgm suite à son caractère tracassier dénoncé d’ores et déjà par la population.

Une dernière décision du gouvernement provincial est attendue d’ici-là.

« Nous comme autorité politique et le chef de poste principal adjoint de la Dgm avec les autres forces, nous venons de nous convenir de surseoir à la perception de cette taxe jeton car elle est en train d’être discutée au niveau provincial. Nous attendons le dernier compromis qui va sortir des autorités provinciales et les autorités de la Dgm au niveau de la province », explique Kambale Sivavuyirwa Barthélemy.

suspension du paiement des 500fc à la DGM Kasindi

Le fonctionnaire délégué du gouverneur affecté à Kasindi dans le territoire de Beni, ce chef de poste adjoint de la DGM/Beni, et certaines composantes de la société civile locale ont ensemble décidé de suspendre dès ce samedi 9 février 2019 la perception par la Dgm Kasindi des 500 francs congolais par jeton à la barrière Dgm/Kasindi aux personnes qui traversent la frontière Congolo-Ougandaise et disposant des cartes d’électeurs délivrées au-delà 25 km carré à partir de la frontière.

Cette décision a été prise ce samedi au cours d’une réunion de sécurité élargie à la population tenue au bureau communal de Kasindi.

Selon Kambale Sivavuyirwa Barthélemy, fonctionnaire délégué du gouverneur affecté à Kasindi, c’est consécutif aux plaintes de la population par rapport au paiement de ce jeton de 500fc qualifié d’indu.

La Lucha ne va plus manifester
Pendant ce temps, la Lucha Kasindi annonce la suspension momentanée de sa marche contre le paiement du jeton de 500fc qui était prévue pour mardi 12 février 2019.

« Nous attendons la suspension définitive de paiement des frais de jeton par les autorités provinciales comme promis et nous suspendons momentanément notre manifestation mais nous promettons de revenir à nos actions si cette taxe revient sur cette frontière », explique Mbusa Luhamba Germain, de la cellule de communication Lucha Kasindi.

Pour rappel, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) section Kasindi en territoire de Beni avait prévu d’organiser une marche pacifique mardi 12 février prochain contre le paiement « indu », selon elle, du jeton de 500 francs congolais à la barrière de la Direction générale des migrations à Kasindi.

Cette mesure concernait tous ceux qui traversent cette frontière disposant des cartes d’électeurs délivrées d’au-delà de 25 km à partir de la frontière congolo-ougandaise».

Ici, nous sommes bien au Congo, mais nous payons en « shillings », la monnaie ougandaise.

« Ici », c’est la partie nord de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, à la frontière ougandaise, où la monnaie congolaise a quasiment disparu, remplacée par l’argent ougandais, utilisé à hauteur de 95% dans toutes les transactions, selon de récentes statitistiques.

Cette spécificité, qui désespère les autorités politico-administratives locales, puise son origine dans une histoire complexe.

«  Au cours des années 2000, la RDC était scindée en plusieurs parties autonomes. Les différentes rebellions ont occupées de vastes territoires et y ont imposé leur loi.

C’est ainsi que la partie nord de la province du Nord-Kivu avait été administrée par la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Mouvement de Libération, RCD-KML avec l’Ouganda comme pays allié », relate pour Anadolu, E’l Katé Maghaniryo, directeur d’une Radiotélévision privée dans la localité de Kasindi, cité congolaise de plus de 50 milles habitants, qui utilise le shilling.

« Les relations étant coupées avec Kinshasa et la région a connu notamment la domination de l’armée ougandaise qui y imposa sa monnaie comme principale devise », poursuit Maghaniryo.

En 2003, la RDC avait été réunifiée suite aux accords de Sun City signés entre Kinshasa et les différents belligérants, mais les habitants de la partie nord du Nord-Kivu, sont restés attachés à l’usage du Shillings dans différentes transactions commerciales.

«Ce maintien du Shillings comme principale devise commerciale a été favorisé par plusieurs facteurs, notamment la stabilité du Shillings par rapport au Francs Congolais» explique à Anadolu Mbusa Sivyaghendera Nicho, économiste habitant la cité de Kasindi, qui a initié, en juillet dernier, une pétition populaire en vue d’obtenir des autorités administratives une loi interdisant l’utilisation de la monnaie ougandaise sur le marché Congolais.

« Aussi la facturation des taxes, impôts et autres droits douaniers en devise ougandaise par les services Etatiques de la RDC ont largement contribué à l’invasion du territoire Congolais par cette monnaie étrangère au détriment de la devise nationale » poursuit Nicho.

Pour Katembo Tshangamusa, président de l’association des cambistes de Kasindi , l’Etat Congolais est complice de cette pénétration du shillings puisque il paye les salaires de ses fonctionnaires en devise Ougandaise.

Il relève en sus que la faible bancarisation des transactions commerciales pérennise cette situation.

« Il n’existe pas de banque congolaise à Kasindi par exemple. Les transactions bancaires locales se font soit par le biais d’institutions de microfinance congolaises, utilisant le Shillings ougandais. Quant aux transactions bancaires internationales, celles-ci passent par les banques ougandaises, situées près de Kasindi » martèle-t-il tout en plaidant pour une implantation d’institutions bancaires congolaises dans cette contrée en vue d’inverser la tendance actuelle.

Les autorités politico-administratives de la province du Nord-Kivu se sont, elles aussi, impliquées dans la lutte pour éliminer le Shillings sur le marché Congolais comme c’est le cas en Ouganda, où seule la monnaie nationale est autorisée à circuler dans tout le circuit économique.

En 2014, un arrêté provincial avait ainsi été rendu public en vue d’atteindre cet objectif, mais cette mesure avait souffert d’application bien que le Franc congolais était devenu stable.

Au contraire, même, le Shillings Ougandais continuait son expansion et sa totale intégration dans la bourse Congolaise et à la mi-2015, les statistiques du service de l’économie en territoire de Beni ont indiqué que toutes les agglomérations du secteur de Rwenzori (2.359 kilomètres carrés), dans l’Est, utilisent le Shillings Ougandais à 95%.

C’est cette situation qui a irrité Nicho qui profite de la dévaluation du Shillings Ougandais en cours depuis bientôt trois mois [1 dollars Américain= 900 Francs Congolais qui correspondent à 3500 Shillings Ougandais] pour lancer une pétition populaire poursuivant le même objectif que l’arrêté provincial décrété en 2014 par l’administration locale pour dissuader la force monétaire de Kampala sur le sol Congolais.

« Si les mesures administratives n’ont pas réussi à résoudre ce problème, nous avons décidé de lancer cette initiative populaire en vue d’apporter notre part à la restauration de l’autorité de l’Etat par la valorisation de notre monnaie » déclare Nicho, confiant de pouvoir atteindre une dizaine de milliers de signatures en vue de remettre cette pétition aux autorités administratives pour que cette démarche populaire soit appliquée à travers un arrêté administratif.

La fois passé,  4 milles personnes ont manifesté leur intérêt en apposant leurs noms et signatures sur cette pétition, « ce qui n’était pas possible les années passées car les habitants ne voulaient pas abandonnés l’usage du Shillings.

L’actuelle dévaluation de la monnaie Ougandaise et la stabilité du Franc Congolais pourrait jouer à l’avantage d’une reconquête de la monnaie Congolaise sur cette partie de son territoire » nuance Justin Kasereka, agent au service client de la coopérative d’épargne et de crédit « Light Business. »

Entre temps, la campagne populaire visant à éliminer le Shillings sur le marché Congolais poursuit sa course, alors que la monnaie Ougandaise continue à régner en maitre dans toutes les transactions commerciales.

Nord-Kivu-Ebola-élections: Avertissement de la Ceni,inquiétude des forces vives et mise en garde des candidats.

Les forces vives du Nord-Kivu disent redouter que le prétexte avancé par la Commission électorale en décembre dernier pour recaler les élections soit de nouveau brandi en mars prochain pour justifier un nouveau report dans certaines parties de cette province.

A quelques jours des élections du 30décembre 2018,la Ceni avait dû reporter la présidentielle et les législatives à Butembo,Beni ville et territoire pour deux raisons majeures:la maladie à virus ebola et l'insécurité persistante en ces lieux.

Mais jusqu'à aujourd'hui, les signaux ne rassurent pas que d'ici le 31 mars,jour prévu pour les législatives à Butembo,Beni et Yumbi,le virus mortel sera déjà contenu par les experts.

Alors qu'à Beni et à Mangina,deux zones qui étaient jusqu'alors réputées épicentres de cette maladie, l'espoir est déjà permis,en ville de Butembo le degré de contamination semble de plus en plus alarmant .

Selon les chiffres avancés par les médecins ces derniers jours,le nombre des cas positifs s'enregistrent plus sensiblement qu'avant le report des élections de l'année passée.

Les équipes de riposte disent noter toujours une sérieuse résistance de la plupart de certains jeunes dans les aires de santé affectées ,ce qui favorise la propagation de la maladie dans cette ville.

Face à cette réalité, les forces vives du Nord-Kivu se disent très inquiètes.

Dans une sortie qui date du samedi 9février, Edgar Mateso,vice-président de la société civile en province,se demande à qui profite toutes ces résistances.

"La Ceni a utilisé Ebola comme prétexte pour priver des élections les citoyens des circonscriptions de Beni,Beni ville et Butembo ville.

Pourtant,cette maladie existe bel et bien dans la région.

Cependant,les mêmes causes produisant les mêmes effets,rien ne garantit encore de la tenue desdites élections en  mars comme promis.

La résistance des jeunes,surtout ceux des quartiers Wayene,Mukuna,Kamesimbonzo,Kyaghala(en ville de Butembo) pourraient devenir un nouveau prétexte pour sous-tendre une décision encore une fois impopulaire pour retarder les élections ou écarter définitivement Butembo de la course", craint-il.

Malheureusement," les candidats aux législatives tant nationales que provinciales n'entrevoient aucune activité de masse pour écarter ce danger fatal ",constate amèrement le no2 de la société civile au Nord-Kivu.

Cette inquiétude des forces vives corrobore d'ailleurs le préavis de l'antenne locale de la Ceni.
" Si Ebola persiste à Butembo, on risque d'être isolé.

Ne soyez pas étonnés si l'on  écarte définitivement Butembo suite à la résistance contre les équipes de riposte" prévient déjà Georgette Kibendelwa,la responsable de la Ceni à Butembo.

Une déclaration qui alimente dès lors nombreux débats au sein des cercles politiques à Butembo, certains candidats n'étant pas prêts à écouter d'une bonne oreille cette alerte de la commission électorale.

"Il est tout de même déplorable que ce genre de raisonnement soit élaboré à partir de Butembo où la Ceni est animée par de vrais originaires et non par des mercenaires transplantés d'ailleurs. Il n'y a aucune fierté à être la tête pensante qui sollicite le fouet contre sa propre contrée.

S'il vous plaît, il reste possible d'encadrer les opérations de vote par des dispositions sanitaires faciles, au lieu d'énerver continuellement une population déjà plusieurs fois victime.Nous fustigeons toute dissertation propre à nous maintenir sous le joug d'un autre fléau : le report sine die des élections " a aussitôt mis en garde la Ceni,un candidat député provincial à Butembo.

Il sied de noter que la Ceni a annoncé les législatives nationales et provinciales à Butembo, Beni et Yumbi pour le 31mars prochain, à condition que les situations respectives qui y ont sous-tendu le report des élections soient déjà sous contrôle.

Isaac Kisatiro,Correspondant 7SUR7.CD à Butembo.


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