Le personnel soignant est également la cible d'attaques par les milices, mais aussi par la population dont une partie doute de l'origine de la maladie à virus Ebola dans l'est dela Rdc.

🔴Face à cette situation, l'épidémie d'Ebola pourrait devenir incontrôlable

Donc plus de 1000 personnes sont mortes et la courbe des décès ne fléchit pas, en dépit d'une campagne de vaccination.

L'épidémie la plus meurtrière que le pays ait connue s'étend dans le Nord-Kivu et menace Goma.

L'épidémie d'Ebola, partie de la ville de Beni officiellement le 1er août, s'étend inexorablement vers le sud, en direction de Butembo et Katwa, et même au-delà dans la région de Kayina.

"La situation à Butembo et Katwa n'est absolument pas contrôlée", explique Laurence Sailly, la coordinatrice pour Médecins sans frontières (MSF) à Beni. "La grande majorité des cas ne sont pas connus et plus ou moins la moitié des cas confirmés sont des décès."

Selon le ministère congolais de la Santé qui publie une évaluation quotidienne des cas d'Ebola recensés, la situation à Beni s'était améliorée avec une douzaine de jours passés sans nouveaux cas déclarés.

Néanmoins, deux personnes contaminées ont été identifiées le week-end dernier et la ville compte le plus grand nombre de cas confirmés (218) et de personnes décédées de la maladie à ce jour (143).

SITUATION EPIDÉMIOLOGIQUE
EVOLUTION DE L'EPIDEMIE D'EBOLA DANS LES PROVINCES DU NORD-KIVU ET DE L'ITURI

Vendredi 10 mai 2019

La situation épidémiologique de la Maladie à Virus Ebola en date du 9 mai 2019 :

Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 1.649, dont 1.561 confirmés et 88 probables. Au total, il y a eu 1.105 décès (1.017 confirmés et 88 probables) et 444 personnes guéries.

310 cas suspects en cours d’investigation ;
23 nouveaux cas confirmés, dont 5 à Katwa, 5 à Butembo, 2 à Kalunguta, 2 à Mandima, 2 à Mangurudjipa, 2 à Musienene, 2 à Mabalako, 2 à Lubero et 1 à Beni ;

9 nouveaux décès de cas confirmés, dont
8 décès communautaires, dont 2 à Mandima, 2 à Kalunguta, 1 à Mabalako, 1 à Musienene, 1 à Beni et 1 à Lubero ;
1 décès au CTE de Katwa ;
22 nouveaux cas probables validés, dont 12 à Vuhovi, 3 à Katwa, 2 à Kalunguta, 2 à Lubero, 2 à Masereka et 1 à Biena ;

Il s’agit de décès communautaires survenus entre le 30 janvier et le 8 mai 2019 pour lesquels il n'a pas été possible d'obtenir des échantillons biologiques pour confirmation au laboratoire mais où les investigations ont révélé un lien épidémiologique avec un cas confirmé ou probable ;

2 nouveaux guéris, dont 1 à Komanda et 1 à Beni.

/!\ Les données présentées dans ce tableau sont susceptibles de changer ultérieurement, après investigations approfondies et après redistribution des cas et décès dans leurs zones de santé respectives.

Remarques:
Afin d’éviter que le nombre total de cas varie (à la hausse ou à la baisse) quotidiennement, les cas suspects ont été placés dans une catégorie séparée.

Ainsi, les cas suspects dont les tests laboratoires se sont révélés positifs seront ajoutés dans la catégorie des cas confirmés alors que ceux qui sont négatifs (non cas) seront retirés du tableau.

Les décès survenus au niveau des CTE sont provisoirement enregistrés dans les zones de santé d’implantation des CTE dans l’attente de reclassification dans la zone de santé de notification des cas.

La catégorie des cas probables reprend tous les décès pour lesquels il n'a pas été possible d'obtenir des échantillons biologiques pour confirmation au laboratoire mais où les investigations ont révélé un lien épidémiologique avec un cas confirmé ou probable.

Un décès communautaire est tout décès survenu en dehors d'un Centre de Traitement Ebola.

Visite de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC à Butembo.

Madame Leïla Zerrougui, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et Chef de la MONUSCO, a rendu visite aux équipes de la riposte à Butembo ce vendredi 10 mai 2019. Elle s'est entretenue avec les membres de la sous-coordination de Butembo.

Les points saillants de cette visite étaient articulés autour de la situation sécuritaire dégradante et la propagation de l'épidémie d’Ebola à Butembo et ses environs.

Ce haut cadre des Nations Unies en RDC a réitéré le soutien des Nations Unies à l'équipe de la riposte pour éviter que l’épidémie ne soit déclarée une urgence de santé publique de portée internationale.

Elle a également ajouté que le Secrétaire général des Nations Unies et le Président de la République démocratique du Congo accordent une priorité particulière à la lutte contre cette maladie.

Elle a également invité la coordination et les partenaires de la riposte à mieux harmoniser les intelligences pour répondre aux défis rencontrés afin de renforcer la confiance avec les communautés.

113 116
Personnes vaccinées

354 personnes vaccinées le 09/05/2019.

Parmi les personnes vaccinées, 30.265 sont des contacts à haut risque (CHR), 54.458 sont des contacts de contacts (CC), et 28.393 sont des prestataires de première ligne (PPL).

Personnes vaccinées par zone de santé: 30.432 à Katwa, 23.789 à Beni, 13.803 à Butembo, 7.446 à Mabalako, 5.657 à Mandima, 3.608 à Kalunguta, 3.070 à Goma, 2.879 à Komanda, 2.569 à Oicha, 1.980 à Kayna, 1.930 à Masereka, 1.915 à Vuhovi, 1.748 à Kyondo, 1.472 à Lubero, 1.487 à Bunia, 1.357 à Karisimbi, 1.197 à Musienene, 1.025 à Biena, 1.012 à Mutwanga, 690 à Rutshuru, 557 à Rwampara (Ituri), 527 à Nyankunde, 496 à Mangurujipa, 420 à Mambasa, 355 à Tchomia, 342 à Kirotshe, 333 à Lolwa, 254 à Alimbongo, 250 à Mweso, 245 à Kibirizi, 161 à Nyiragongo, 97 à Watsa (Haut-Uélé) et 13 à Kisangani.

Le seul vaccin à être utilisé dans cette épidémie est le vaccin rVSV-ZEBOV, fabriqué par le groupe pharmaceutique Merck, après approbation du Comité d’Éthique dans sa décision du 19 mai 2018.

56 571 163
Personnes controlées
80 points d'entrée (PoE) et de points de contrôle sanitaire (PoC) opérationnels.

276.622 voyageurs sont passés aux points de contrôle et points d'entrée ce 09/05/2019.
1.149 ont refusé le contrôle sanitaire (0,4 %).

97
Agents de santé contaminés
Le cumul des cas confirmés/probables parmi les agents de santé est de 97 (5,8 % de l’ensemble des cas confirmés/probables) dont 34 décès.

L'épidémie d'Ebola en RDC menace désormais l'Ouganda

Reportage dans l'Est de la RDC

Face aux déplacements de population, l'épidémie d'Ebola dans l'Est de la République démocratique du Congo pourrait contaminer l'Ouganda.

L'épidémie d'Ebola au Congo continu de s'étendre dans l'est de la République démocratique du Congo. Environ 1.500 personnes sont infectées, soit une augmentation de 50% depuis fin mars.

La lutte contre l'épidémie est entravée par les attaques des groupes armés, qui ont poussé plus de 60.000 personnes à fuir durant cette période.

Désormais, l'épidémie menace de se propager à l'Ouganda avec les réfugiés qui franchissent clandestinement les frontières.

Risque d'épidémie à l'étranger

Plusieurs groupes armés sont encore actifs à l'est du pays et des attaques ont été enregistrées contre des centres de traitements.

Pour Michaël Sladecszeck, "ça a provoqué des déploiements policiers et militaires autour des centres de traitement. Il y a aussi eu un désengagement de certaines ONG présentes sur place et une plus grande peur des staff de santé de pouvoir travailler en toute sécurité".

Quant au professeur à l'université de Gand en sciences politique et chef du département d'étude des conflits et du développement, Koen Vlassenroot, la présence de groupes armées dans la région déclenche des phénomènes contradictoires.

"D'un côté, leurs présences à un impact sur la mobilité de la population. Les gens ne vont plus voyager à cause des problèmes de sécurité et donc commence conséquence, l'Ebola sera limité", explique le spécialiste. "D'un autre côté, la présence de groupe armé restreint l'accès aux populations et donc l'aide est freinée."

Si l'épidémie a commencé au Nord Kivu près de la ville de Béni, aujourd'hui Ebola pose problème dans deux provinces de l'est de la RDC: le Nord-Kivu et l'Ituri. Aujourd'hui, les foyers principaux de l'épidémie se sont déplacés plus au sud vers les villes de Butembo et Katwa.

Et selon Tamba Emmanuel Danmbi-saa, responsable humanitaire pour Oxfam en RDC, l'épidémie pourrait bien s'étendre à d'autres pays. "A la date d'hier, nous avons vu un nouvel endroit avec un nouveau cas confirmé", explique-t-il. Il s'agit ici selon lui "d'un endroit qui est délicat.

Nous parlons ici de la région des lacs où il y a beaucoup d'activités de pécheurs qui naviguent entre l'Ouganda et la République Démocratique du Congo. Cela peut nous exposer au risque de transition transfrontalière de l'épidémie".

Le Nord-Kivu (6 à 7 millions d’habitants) abrite une dizaine de groupes armés. La région de Beni est plus particulièrement hantée par les rebelles ougandais des Allied Defense Forces (ADF), responsables présumés du massacre de plusieurs centaines de civils depuis 2014. Relativement épargnée, Mangina a accueilli des déplacés fuyant les tueries et les enlèvements attribués aux ADF plus au nord, sur l’axe Beni-Oicha-Eringeti.

L’insécurité nourrit également les inquiétudes des partenaires étrangers de la RDC. « Les gens se déplacent en permanence, au gré des vagues de violences successives qui les obligent à fuir.

Cela complique énormément la recherche et le suivi des personnes infectées », constate une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Hanna Leskinen.

« L’insécurité est certainement l’aspect le plus inquiétant que nous devons gérer dans cette crise, explique la docteure Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Nous devons avoir accès à tous les endroits où peuvent se trouver des malades et, inversement, les populations doivent pouvoir rejoindre les centres de santé sans difficultés. » Avec le ministère congolais de la santé, l’OMS étudie les moyens d’avertir les groupes rebelles des risques qu’ils encourent eux-mêmes en entravant le travail des équipes de santé.

Une dizaine de groupes rebelles
Précautions sanitaires, disparition des contacts physiques, économie ralentie : le tableau habituel de toutes les épidémies d’Ebola.

Depuis 1976, c’est la dixième sur le sol congolais, mais « c’est la première fois que la maladie touche une zone très peuplée et en situation de conflit intense », souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Nous sommes entre le marteau et l’enclume » : déjà sous la menace d’une multitude de groupes armés, les habitants de Mangina se retrouvent maintenant en première ligne de la nouvelle épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui frappe l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

C’est dans cette bourgade rurale du Nord-Kivu, à 30 km au nord-ouest de Beni, la capitale provinciale, que l’épidémie a été signalée le 1er août, après six morts au sein d’une même famille.

SANTÉ

RDC : certains commerces profitent de la lutte contre Ebola.

Beaucoup d'habitants ignoraient jusqu'à il y a peu les risques de la maladie.

"Au début, nous ne savions rien sur Ebola.

On a pensé que c'était peut-être une grippe", raconte aujourd'hui Jeanine Masika, qui tient un tout-petit bébé dans ses bras. La jeune femme de 33 ans, originaire de Beni, a elle-même été infectée par le virus d'Ebola.

"Mon oncle a été le premier à tomber malade. Mes parents l'ont soigné jusqu'à sa mort. Puis ils sont revenus infectés et en ont infecté d'autres. En fin de compte, nous avons perdu dix membres de notre famille et seulement quatre d'entre nous ont survécu."

Alliance entre habitants et ONG
Comme des dizaines de survivants, Jeanine Masika participe aujourd'hui à la lutte contre Ebola. Les habitants de l'Est du Congo leur font confiance - beaucoup plus qu'aux organisations internationales présentes sur place. "Les gens de la région se sentent abandonnés depuis des années.

Et soudain, ils entendent parler d'une épidémie d'Ebola", raconte Matshidiso Moeti de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "Toutes sortes de gens se présentent, avec des véhicules, des combinaisons spatiales et l'exigence qu'ils fassent les choses complètement différemment de ce à quoi ils sont habitués."

Les élections récentes en RDC n'avaient pas eu lieu dans la région de Béni, notamment, selon le gouvernement, à cause d'Ebola.

L'épidémie se propage de plus en plus vite. Rochelle, une survivante d'Ebola, dit que personne ne veut écouter les instructions des assistants étrangers. "On a sorti le corps de notre mère du sac mortuaire. Nous ne pensions pas qu'elle était morte d'Ebola, mais nous pensions que c'était une intoxication alimentaire. Ils nous ont demandé de nous faire vacciner. Mais nous nous sommes enfuis dans la ville de Butembo."

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