Ituri pour une paix durable et non la guerre ( populations )

🔴Suite aux violences, les populations veulent une meilleure implication des autorités.

240 personnes (bilan provisoire) ont été tuées suite à des affrontements entre les communautés hemas et lendus. Les populations réclament plus de l'Etat qui ne parvient pas à rétablir la paix dans la région.
   
Les conflits entre Hemas et Lendus remontent à la fin des années 1990. Chaque épisode de ces violences revêt un caractère sanglant et une signature bien précise de tueries à l’arme blanche.

La semaine dernière, un commençant de la communauté Lendu a été assassiné avec ses collègues. Il s’en est suivi des représailles qui ont embrasé une partie de la province.

L'Ituri craint une nouvelle flambée de violences communautaires
Les récentes violences dans la province de l'Ituri font redouter un retour des affrontements communautaire entre Hemas et Lendus. Entre 1999 et 2003, cette région avait déjà été endeuillée par ce type de conflit.
   
Trois jours de deuil à Bounia
Depuis lundi, près de 60 personnes ont été tuées, suite à l'assassinat de quatre membres de la communauté lendu.

Plusieurs sources indiquent que l'élément déclencheur de cette violence a été l'assassinat, par des personnes non encore identifiées, de quatre commerçants lendus dans le village de Kobu, en territoire de Djugu, à près de 75 kilomètres au nord-est de la ville de Bunia.

Pour venger les leurs, certains jeunes de la communauté lendu auraient ensuite assassiné deux Hemas dans la cité minière de Mungwalu, dans le même territoire.

Le calme avant la conférence de paix

Cette situation, qui est prise au sérieux par les analystes politiques de la région, risque de plonger cette partie de la République démocratique du Congo (RDC) dans un conflit qui pourrait embraser la région comme ce fut le cas en 1999.

Pour mettre fin à cette situation, le chef de l'Etat Félix Tshisekedi a demandé au gouverneur de la province de l'Ituri, Jean Bamanisa Saidi, d'organiser une conférence de paix en Ituri.

Mais ce dernier a déclaré que cette conférence ne sera possible qu'une fois le calme rétabli : "Dans trois à quatre mois, nous devrons l'avoir organisé, à condition que nous puissions d'abord réussir à ramener le calme. Il nous a été confié la mission d'organiser cette conférence afin de prouver qu'on peut retrouver la paix dans le territoire de Djugu et dans tout l'Ituri, sans les armes."

Concernant l'identité des assaillants, le chargé de communication du chef d'état-major général adjoint, le major Jerry Gbelo, accuse le chef milicien Matthieu Ngudjolo, dont les hommes sont présents dans la région.

"Ces exactions sont l'œuvre d'un certain monsieur Ngudjolo. Avec son groupe armé, il sème la terreur et la désolation dans le territoire de Djugu et Mahagi.

Les forces armées de la République démocratique du Congo appellent la population au calme, à la vigilance, à la cohésion et à l'unité en vue de restaurer l'autorité de l'Etat pour la paix, facteur indispensable du développement."

Contacté, le chef milicien Matthieu Ngudjolo Chui, n'a pas souhaité réagir aux accusations du major Jerry Gbelo.
Appel des jeunes.

Face aux accusations, qui visent aussi les jeunes des communautés hemas et lendus, l'association des jeunes originaires de l'Ituri a également appelé au calme. Vérité Lebabo est le porte-parole de cette association : "Unissons tous ensemble nos forces, nos stratégies, nos intelligences et nos sagesses pour empêcher que l'Ituri revive une situation semblable aux années 1999-2003."

Pour rendre hommage aux familles des victimes, la communauté hema a appelé les habitants de Bunia, chef-lieu de la province de l'Ituri, à observer, à partir du 11 juin trois jours de deuil. Cet appel a été suivi par les commerçants, majoritairement venus de la province voisine du Nord-Kivu, qui redoutent le pillage de leurs biens.

ONU Info

 #RDC : plus de 300.000 personnes ont fui les violences en Ituri depuis le début du mois de juin.@Le_HCR est très inquiet pour la sécurité des civils après avoir été informé de meurtres, de kidnappings, de mutilations et de violences sexuelles.

Les populations, ainsi que la société civile, en appellent à une meilleure implication des autorités politiques et administratives.
Jean Bamanisa Saidi est le gouverneur de la province de l’Ituri. Pour lui, l’une des clés pour résoudre ce conflit passe par le développement économique de la province et une meilleure implication du gouvernement central.

"Les actions de sécurisation de la population sont en train de se poursuivre avec la présence plus nombreuse de l’armée. Le gouvernement central a l'obligation de suivre et de soutenir le développement. Je pense qu’il faut y aller profondément pour jeter les bases d’un développement de chaque communauté en passant pas l’éducation, le travail, la construction des routes et la présence de l’autorité de l’Etat dans les territoires de Djugu, Irumu, etc...," explique le gouverneur.

Pour l’heure, le retour de la paix dans la région reste un défi auquel tente de répondre la Monusco en déployant des bataillons sur le terrain, comme l’explique Florence Marchal, la porte-parole de la Monusco. "On parle d’une capacité entre 50 et 100 hommes à peu près. Il y en a deux dans le territoire de Djugu et un dans le territoire de Mahagi.

Nous mettons en place des systèmes d’alerte pour la protection des populations civiles au niveau des communautés, quand on sent qu’une crise va venir ou que la crise est déjà arrivée, à ce moment là on fait une évaluation de la situation et on décide d’envoyer des troupes dans des endroits difficiles pour rassurer les populations", souligne la porte-parole de la Monusco.

Mais les mots de la Monusco ne rassurent pas la population congolaise qui continue à exprimer son manque de confiance dans la force internationale, tout en espérant que la paix revienne un jour de manière durable dans la région.

Selon le Haut Commissariat pour les réfugiés, plus de 300.000 personnes se sont déplacées depuis le début du mois suite aux massacres à répétition en térritoire de Djugu et Mahagi.

Tentatives de pacification de l'Ituri
Interview avec l'Abbé Drileyo, coordinateur de la mission diocésaine justice et paix à Mahagi. Il essaie de faire se parler Hema et Lendu.

'Le conflit en Ituri est aussi économico-politique' (Abbé Drileyo)

Selon les chiffres fournis par les comités des déplacés en Ituri, près de 150.000 personnes déplacées manqueraient de nourriture et de médicaments en Ituri.

Dans cette région de la République démocratique du Congo, les populations fuient les violences intercommunautaires entre Hemas et Lendus depuis le début du mois de juin.

Les causes de ces violences sont liées à des conflits fonciers, aux richesses minières et à l'absence de l'Etat congolais.

Face à cela, des initiatives existent pour le retour de la paix mais aucune d'entre elles n'a été concluante.

Retour sur cette région et ses réalités complexes avec l'abbé Drileyo, coordinateur de la mission diocésaine justice et paix à Mahagi, en Ituri.


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