Après une seri de nouvelle tueries en térritoire de Djugu, la population est en débandade au Nord-Est dela Rdc

🔴À leur arrivée à Bunia, les déplacés sont pris en charge par certaines organisations internationales dont essentiellement Médecins sans Frontières.

En RDC, la flambée de violence se poursuit en Ituri dans le nord-est du pays. Des assaillants non identifiés dans de nouvelles attaques dans le territoire de Djugu, à plus de 2 000 km de Kinshasa.

Selon les propos de la plus part des habitants contacté pour la cause, ils indiquent que, la situation que nous vivons aujourd’hui dans le territoire de Djugu nous dépasse, parce que l’ensemble de la province de l’Ituri était dans une paix totale. Mais d’une manière brusque et d’une manière inexpliquée, il y a eu des tueries, il y a eu des incendies de villages dans le territoire de Djugu.

De plus en plus, la situation s’est dégradée.

Avec sept personnes qui ont été tuées ce lundi 10 juin 2019 dans deux attaques différentes d’hommes armés dans le territoire de Djugu en Ituri.

Les faits se sont déroulés dans la chefferie de mambisa. Trois commerçants ont été tuées dans une première attaque alors qu’ils quittaient du village Kobu pour se rendre à Iga Barrière, selon la société civile du territoire de Djugu.

La deuxième attaque a ciblé quatre jeunes au centre de négoce de Kparanganza. « La situation est grave. Le tronçon Bunia-Djugu est barricadé. Nous voulons l'intervention des autorités sécuritaires », a lancé Charité Banza, vice-président de la société civile de Djugu.

À MUNGWALU UNE CITÉ MINIÉRE SITUÉ AU NORD-OUEST DE BUNIA CHEF-LIEU DELA PROVINCE DEL'ITURI ;

Les activités sont restées paralysées Mungwalu territoire de Djugu en province de l’Ituri après la mort d’au moins 5 personnes dans une embuscade sur la route Nizi-Bambu l’avant midi de ce lundi 10 juin 2019.

Parmi les personnes qui ont été tuées dans cette embuscade tendue à un véhicule marque Fuso, figure le Président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) Kubu, le chauffeur et son aide qui ont succombés comme deux autres commerçants après avoir été transférés aux soins, indique la société civile locale.

Dès que la nouvelle s’est répandue dans l’entité, les jeunes du quartier Kilomoto en commune rurale de Mungwalu sont descendus dans la rue pour protester contre la mort des membres de leur communauté dans cet énième cas d’embuscade sur ce tronçon routier.

Sur place à Saïo, les manifestants ont tué deux autres civils par de jet de projectiles, puis les ont incendiés.

Le fonctionnaire délégué de la commune rurale de Mungwalu condamne la justice populaire et appelle la population de cesser de se rendre justice.

L'armée n’a fait aucune déclaration sur les dernières violences dans cette partie du pays. Jean Bamanisa Saïdi, gouverneur de l’Ituri a convoqué une réunion de sécurité pour aborder la question.

« Rébellion »

Après avoir contourné le dispositif de sécurité mis en place par les forces gouvernementales, ces assaillants, munis d'armes blanches, s'en sont alors pris à la population avant de mettre le feu aux habitations. Plusieurs personnes ont fui leurs villages.

Le lieutenant Jules Ngongo dément, par la même occasion, des rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux, faisant état d'un camp de la Monusco sur place ciblé par ladite attaque.

Même une source digne de foi au sein de la Monusco Ituri dément cette rumeur, affirmant que leur camp de Blukwa n'a été attaquée.

Dans ce même chapitre de Djugu certaines L’ONG s'occupent des nombreux rescapés blessés et y gère des consultations en santé mentale. Elle a installé deux hôpitaux dans la région : à Jiba (zone Lendu), et à Drodro (zone Hema). Selon l’ONG, près de 200 000 personnes auraient quitté leur village.

"Nous ne voulons pas rester ici. Notre prochaine étape c’est l’Ouganda".

Donc le feu de ces nouvelles violences couvaient depuis longtemps, non pas qu’il soit activé par les fantômes du vieux conflit intercommunautaire local, mais plutôt par des stimulus largement extérieur à toute volonté de la population autochtone, qui ne fait que constater avec étonnement la surprise de l’irruption effective d’une nouvelle tragédie depuis fin janvier/début février 2018.

Gracian (pseudonyme), est rescapée du massacre de Bahema Nord. Elle est arrivée il y a deux semaines à Bunia.

Lorsque nous sommes arrivés, il y avait déjà un grand nombre d’exilés de villages voisins à Bahema.

Certains avaient construits leur propre case, d’autres s’étaient installés dans les camps mis en place par MSF.

Aujourd’hui, beaucoup de spéculations sur l’identité des assaillants circulent dans les camps. Tout le monde n’est pas toujours d’accord, mais ce qui est sûr c’est que la plupart d’entre nous ne voulons pas rester ici. Notre prochaine étape c’est l’Ouganda."

Parmi la dizaine d’habitants de Djugu contactés par la rédaction de France 24, la plupart restent pessimistes, et envisagent de quitter le pays.

Les habitants vivant dans des chefferies du térritoire de Djugu, territoire de l’est de l’Ituri, sont parmi les témoins de ces massacres.

Ils ont vécu, depuis fin décembre 2017, un enchaînement d’attaques ayant conduit au déplacement de plusieurs dizaine de milliers de villageois vers le sud de la province.

Le 1er mars 2018, notamment, un massacre a été commis dans le village de Maze. La rédaction des Observateurs de France 24 a reçu de nombreuses images de ce massacre. Sur ces photos, on peut voir des corps mutilés, des crânes transpercés par les flèches, des corps calcinés…

D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 42 000 réfugiés congolais auraient par ailleurs débarqué depuis janvier sur les côtes ougandaises, de l’autre côté du lac Albert, et 50 000 seraient encore installés dans les camps de Bunia.

"On s’empresse de donner une coloration interethnique à tout conflit en RDC"

Chuvi Bia est journaliste pour la radio protestante RTK de Bunia. Pour lui, il ne s’agit pas vraiment d’une résurgence du conflit interethnique qui avait pris fin en 2004.

Jusqu’à présent, l’identité des assaillants n’a pas été confirmée. Même si vous posez la question aux déplacés, les versions divergent. Certains sont convaincus qu’il s’agit de membres de communautés Lendus et d’autres parlent de mercenaires infiltrés dans les villages voisins. Leur but serait d’attiser la haine et de faire accuser le peuple Lendu.

Il faut également savoir que ces attaques sont différentes de ce que nous avions pu vivre entre 1999 et 2004 lors des affrontements interethniques entre Lendus et Hema.

À l’époque, les démarcations de combat étaient claires, et chaque communauté attaquait l’autre. Aujourd’hui, les Lendus n’ont fait aucune déclaration.

Malheureusement, on s’empresse de donner une coloration interethnique à tout conflit en RDC.

Cet automatisme empêche de comprendre les raisons tant politique qu’économiques qui poussent à ces attaques. N’oublions pas que la région de l’Ituri est particulièrement marginalisée, tout en ayant un sol de mines très riche.

Aussi, l’épidémie du choléra se diffuse à nouveau. Ce sont tant de facteurs qu’il nous faut prendre en compte
avant de sauter sur des conclusions hâtives".


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