Ebola-Rdc : une année après, la maladie reste un réel défi dans l'est de la RDC.

🔴L'épidémie dela Maladie à Virus Ebola a été déclarée le 1er août 2018 dernier dans la région de Beni, dans le Nord-Kivu dans l'Est de la République Démocratique du Congo. 

La plupart des décès ont été enregistrés dans la localité agricole de Mangina, à quelques kilomètres à l'ouest de Beni-Ville.

Une semaine après avoir annoncé la fin de la neuvième épidémie de la maladie à Virus Ebola dans la Province de l’Equateur, la RDC fait face à une nouvelle épidémie dans l’aire de santé  de Mangina située dans la zone de santé de Mabalako, territoire de Beni, province du Nord-Kivu.

Les infections au virus Ebola au Nord-Kivu progressent plus rapidement qu'en Equateur, province elle aussi frappée par l'épidémie entre mai et juillet. Mais cette fois, les autorités doivent faire face à un double défi : répondre à la crise sanitaire en tenant compte de la situation sécuritaire dans l'est du pays.

« C'est vrai que la situation sécuritaire est un véritable défi. Nous travaillons étroitement avec l'armée congolaise et la Monusco pour justement garantir au personnel de santé la possibilité de travailler dans des bonnes conditions et pour permettre aux populations d'avoir accès à des soins dans un environnement sécurisé », souligne le ministre congolais de la Santé.

L'Organisation mondiale de la santé dit ne pas savoir si « toutes les chaînes de transmission ont été identifiées ».

Au Nord-Kivu et l'Ituri les deux provinces traumatisés par des massacres de civils depuis 2014, la situation sécuritaire reste préoccupante, ce qui freine les activités de la Riposte, suspendues à plusieurs reprises à cause des quelque 200 attaques de groupes armés recensées par l’OMS.

L’agence de santé elle-même a perdu un médecin épidémiologiste, tué à bout portant en avril, à Butembo, cité commerçante à 60 km au sud.

« Le défi le plus important est de parvenir à éviter toute interruption de la Riposte par des attaques des groupes armés », insiste David Gressly, coordinateur de l’ONU pour la réponse d’urgence à Ebola.

L’épidémie à virus Ebola a totalisé une année ce jeudi 1 août 2019 depuis son apparition dans la localité de Mangina, en territoire de Beni (Nord-Kivu). David Gressly, coordonnateur des interventions d'urgence des Nations-Unies pour la lutte contre Ebola en RDC, a expliqué sa vision en vue d’éviter la propagation de la maladie dans d’autres villes comme c’est le cas déjà à Bunia, Butembo et Goma.

« Pour moi, le défi le plus important c’est plutôt ici à Beni puisqu’il y a une nouvelle flambée de cette épidémie qui a touché plus de personnes au cours des mois de septembre et octobre de l’année passée. Donc, ce qu’il faut faire c’est de trouver des moyens nécessaires pour la ville de Beni afin de mettre fin à cette épidémie ici, et c’est ce qui va prévenir sa propagation à Goma.

On doit commencer en amont si on veut défendre d’autres villes. Et ce n’est pas seulement ici (Beni), c’est aussi à Mabalako, Loya, Some en Ituri où la bataille doit continuer et on doit la gagner », a-t-il expliqué à la presse.

Ces deux dernières semaines, ALIMA, qui gère deux Centres de Traitement Ebola (CTE) qui accueillent un grand nombre de cas confirmés a annoncé l’augmentation de nouveaux cas de l’épidémie à Beni. Plus de 60 patients confirmés pour la maladie Ebola y sont actuellement hospitalisés.

Depuis août 2018, ALIMA a pris en charge dans l’ensemble de ses centres 5284 patients. Sur 569 patients confirmés pour la maladie Ebola, 277 ont été guéris.

Selon les données de la riposte, le cumul des cas est de 2.701, dont 2.607 confirmés et 94 probables. Au total, il y a eu 1.813 décès (1.719 confirmés et 94 probables) et 776 personnes guéries.

A l’occasion de l’an un de l’épidémie, une messe a été organisée à la paroisse catholique Saint Matthias Mulumba de Mangina. M. Gressly, les responsables de l’OMS, le ministre provincial de la santé au Nord-Kivu, le maire de Beni y participé aux côtés d’une centaine de personnes.

À cela s’ajoute la défiance d’une partie des populations, qui perçoit la Riposte comme un instrument du pouvoir politique contesté de Kinshasa.

Au déclenchement de l’épidémie, les équipes dépêchées par le ministère congolais de la santé et l’OMS ont fait l’erreur de privilégier les élus locaux plutôt que les structures communautaires et la société civile, l’élite politique plutôt que les chefferies coutumières, souvent plus influentes.

Une nouvelle stratégie

« La majorité de la population soutient la Riposte, mais cette dernière a donné l’impression d’être politisée, explique Rachel Sweet, chercheuse à l’université Harvard. Ce qui a été un obstacle majeur et a favorisé des instrumentalisations de la part de politiciens locaux, la propagation de rumeurs et d’incitations à la violence. »

La Riposte a fait une autre erreur : snober les centres de santé publics et privés, souvent dans des états déplorables, mais tenus à bout de bras par du personnel issu des communautés.

D’autant qu’une grande partie des contaminations s’y déroule, car les malades préfèrent ces dispensaires locaux aux centres de traitement d’Ebola effrayants.

« Il nous semble important de démontrer que la riposte Ebola permet de renforcer les centres de santé existants et non de les affaiblir en favorisant un système parallèle pour les malades d’Ebola », explique-t-on chez Médecins sans frontières (MSF), qui milite pour la gratuité des soins.

Une histoire banale, qui illustre la mobilité des populations dans cette région densément peuplée, la défiance à l’égard de la maladie et du dispositif de soins, de même que le risque très élevé de contamination au cours d’un périple.

Lui aussi est mort, mercredi 31 juillet, juste avant que l’on apprenne le diagnostic d’un troisième cas à Goma. Depuis, le Rwanda a fermé la frontière, ont annoncé jeudi 1er août les autorités congolaises, qui déplorent cette décision « unilatérale ».

Un an après le retour du virus en RDC, la situation épidémiologique semble incontrôlable, malgré l’importante mobilisation de la communauté internationale. Les épicentres se sont déplacés du Nord-Kivu vers l’Ituri, puis se sont multipliés, comme par scissiparité, dessinant plusieurs fronts dans une « guerre » partie pour durer.
Urgence sanitaire mondiale.

« Il est temps que le monde entier prenne note de la situation et redouble d’efforts », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cette agence des Nations unies (ONU), qui coordonne la Riposte, la structure de coordination de la lutte contre Ebola, en appui des autorités congolaises, a fini par décréter, le 17 juillet, l’état d’urgence sanitaire mondiale.

« Cette épidémie est toujours à son paroxysme, y compris là où elle a démarré en août 2018. Il n’y a jamais eu autant de patients dans le centre de traitement d’Ebola de la ville de Beni que ces dernières semaines », constate Augustin Augier, directeur général de l’ONG Alima.

Face à un bilan mitigé du dispositif de lutte contre Ebola menée par le ministère de la santé, le nouveau président, Félix Tshisekedi, a adopté une nouvelle stratégie visant, entre autres, à gagner les cœurs des Congolais.

Le chef de l’Etat a confié la direction de la Riposte à un comité d’experts mené par le professeur Jean-Jacques Muyembe Tamfum. Ce scientifique congolais de réputation mondiale, qui a codécouvert le virus Ebola en 1976, a pris le risque de déclarer son ambition de venir à bout de cette épidémie en « trois à quatre mois ».

Désavoué, le ministre congolais de la santé, Oly Ilunga, a démissionné le 22 juillet et a affirmé avoir subi des « pressions de toutes parts ».

Dans un entretien accordé au Monde, M. Ilunga révèle notamment « des tentatives d’introduction illégale » du vaccin expérimental mis au point par un laboratoire belge, filiale du groupe américain Johnson & Johnson, qui dément fermement ces accusations. 

« Ce vaccin que nous n’imposons pas, mais que nous proposons, est en cours d’utilisation en Guinée et au Liberia, mais aussi à Mbarara, en Ouganda », a précisé M. Muyembe Tamfum. De son côté, le Groupe stratégique consultatif d’experts de l’OMS a préconisé son introduction.

Une gestion des fonds tortueuse
Pour l’instant, seul le vaccin, lui aussi expérimental, développé par le géant pharmaceutique américain Merck est utilisé. Toutefois, plusieurs acteurs de terrain dénoncent des quantités insuffisantes et une gestion opaque des réserves de doses par l’OMS.

« On constate un manque de transparence par rapport à la quantité de vaccins disponibles en RDC et déployables sur le terrain, en plus de ce qui reste en stock mondial », souligne Ghassan Abou-Chaar, responsable adjoint de la cellule d’urgence de MSF.

"Au bout de cinq jours, j'étais guérie" (Mwamini Kavugho ,...

Cela fait exactement un an que l'épidémie d'Ebola s’est déclarée dans le Nord-Kivu et en Ituri, dans le Nord-est de la RDC. Cette épidémie est la deuxième, elle est déjà plus meurtrière que la précédente.

Les habitants de la région ne voient pas se profiler la fin de l'épidémie dont un nouveau cas a été confirmé à Goma, capitale du Nord-Kivu. "Si tu viens très tôt dès les premiers signes, tu vas guérir," explique l’'infirmière Mwamini Kavugho guérie d'Ebola.

Elle travaille aujourd'hui au Centre de traitement d'Ebola à Beni et tente de persuader ceux qui résistent encore à l’action des équipes de riposte : leur comportement favorise la persistance de la maladie dans la région.

Ebola en RDC, une urgence mondiale
L'infirmière Mwamini Kavugho sait de quoi elle parle : elle avait elle-même contracté Ebola sur son lieu de travail.  "Surtout si tu es en contact, si on te dit « Venez, on va faire le prélèvement », alors il faut y aller.

Si tu es positif on va te soigner, comme on soigne le paludisme, tu vas guérir. Moi au bout de cinq jours j'étais déjà guérie. Le message que j'ai c'est de venir tôt et de comprendre qu’Ebola est une maladie comme les autres."

La persistance de la maladie à virus Ebola dans la zone a provoqué un véritable traumatisme chez les habitants et le personnel soignant. L’épidémie les a amenés à changer de comportement.

Aujourd’hui, des soignants reçoivent les malades avec prudence pour éviter de se faire contaminer, comme nous le dit Chantal Mayani, infirmière dans une clinique. "Nous, nous avons peur d'approcher les malades.

À l'époque, quand un malade nous arrivait grabataire nous étions souples pour récupérer le malade mais ces derniers temps, nous nous abstenons de toucher les malades sans nous protéger. Mon souhait est que nous puissions fournir encore des efforts pour voir comment mettre fin à cette épidémie"

Pendant une année, Ebola n'a épargné aucune couche sociale.  Les prêtres, qui, en priant pour les malades, leurs apposent les mains, risquent aussi d'être contaminés. Pasteur Josué Kakule est aumônier protestant à la police nationale congolaise de Beni. Il a été contaminé par un fidèle malade d'Ebola. Il invite ses confrères à faire attention. "Que mes collègues pasteurs évitent d'apposer les mains aux malades car l'heure est grave franchement. Dieu peut agir en priant pour un malade sans lui apposer les mains."

SANTÉ

RDC : des questions autour d'un nouveau vaccin contre Ebola

Mais le professeur Jean-Jacques Muyembe rassure, en tant que coordinateur de la riposte, il promet une éradication sous 3 à 4 mois, mais à une seule condition : que la population coopère avec les équipes médicales.

John Kanyunyu dépuis Beni. . .

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