Nord-Kivu ; la population encourage la la victoire écrasante des militaires FARDC, contre les ADF en térritoire de Beni, vers l'Est de la RDC

Medina est désormais sous contrôle des FARDC. L’armée gouvernementale a annoncé avoir investi jeudi 9 janvier au soir ce qui est considéré comme le grand bastion des rebelles ADF qui créent le désarroi dans la région de Beni, au Nord-Kivu.


Medina est le grand bastion des ADF, leur base arrière et leur lieu de retranchement. Mak Hazukayi, le porte-parole de l’armée régulière du Congo, parle d’un grand pas, une victoire pour la population.


L’officier chargé de la communication dans la région de Beni, appelle la population à soutenir les forces armées. Selon lui, c’est le résultat des opérations de l’offensive lancée depuis novembre 2019 contre ces rebelles auteurs de plusieurs centaines de morts parmi les populations civiles et militaires.


Il aura fallu 10 jours de combats intenses pour déloger les ADF de Medina que ces derniers occupaient depuis plus de 20 ans. C’est à partir de cette base arrière que des attaques étaient planifiées, a expliqué le commandant de l’opération Sukola 1, le général Nkuba Cirimwami qui s’est rendu sur le lieu.


Forces Armées RDC 

@FARDC_

 #RDC #Beni: Communication des FARDC sur le succès obtenu à Medina le jeudi 9 janvier 2020. 

Le général Cirimwami s'adresse ici aux unités engagées dans l'opération victorieuse.(via Habari MotoMoto).

La société civile est cependant hésitante. 

Le Centre d’étude pour la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l’homme ne veut pas croire qu’il s’agit là d’un indicateur de l’éradication du mouvement présenté comme islamiste jihadiste.

Les autorités militaires veillent sur leurs arrières tout en voulant protéger les villages, agglomérations et quartiers périphériques afin d’éviter toute attaque. Ce n’est pas la première fois que Medina est investi par l’armée régulière, reste à savoir si cette fois elle va garder le contrôle des lieux.


L’armée congolaise dit avoir conquis des positions des ADF.



Selon le gouvernement, le groupe des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) serait maintenant lié au terrorisme islamiste.

« Les méthodes utilisées, les personnes qu’on identifie sur le terrain, laissent croire qu’il y a déjà quelques passerelles avec les milieux islamistes. Donc il faut briser pareil élan dès le départ, affirme Aubin Minaku, président de l'Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité présidentielle. C’est le moment d’agir à l’unisson pour soutenir nos forces armées, dénoncer tous ceux qui sont en complicité avec ces forces terroristes. Nous avons aussi souhaité que les pays de la région puissent soutenir l’est du Congo. Le premier des soutiens, c’est d’abord la prise de conscience que la menace ne pèse pas que sur le Congo, mais c’est une menace qui pèse sur toute la région. Ça, c’est déjà un premier pas. La lutte contre le terrorisme, c’est une lutte structurelle. »

Lecture erronée

Pour l'opposition cependant, cette lecture de la situation est erronée. Le gouvernement de Joseph Kabila est responsable de l'insécurité dans le nord-est de la RDC.

« Ils parlent de terrorisme international, mais les pays voisins ont leur sécurité. Il nous parlent de la rébellion ougandaise, mais pourquoi cette rébellion ougandaise attaque la population qui est à l’intérieur de la République démocratique du Congo, s’interroge Joseph Olenghankoy, président des Forces novatrices pour l'union et la solidarité (Fonus) et membre de la Dynamique de l'opposition. Quoi que ce soit, c’est la majorité présidentielle de Joseph Kabila. Ils sont complètement déconnectés avec les réalités de la base, les réalités de la population. Le problème fondamental, c’est que nous n’avons pas un État. La République démocratique du Congo, c’est un pays de non-État. Moi, je crois que la majorité présidentielle est complètement dépassée. »


L plus grand défi reste la consolidation des positions jadis occupées par les rebelles ADF dans la région de Beni. Et la Monusco indique apporter des appuis logistiques en fonction des besoins de l’armée congolaise.

Sur un ton martial, à Kinshasa devant des journalistes, le général Léon-Richard Kasonga, porte-parole de l’armée, a affirmé que l’unique mission des FARDC reste l’anéantissement total des groupes armés. 
Et les ADF sont la cible principale."Cette fois-ci c’est la dernière. Nous n’avons plus à reculer. Nous allons écraser, nous allons neutraliser de manière définitive toute unité qui serait apparentée aux ADF et leurs forces supplétives. Parce que c’est ça notre travail. Notre population a trop souffert à l’est",  a déclaré le général Léon-Richard Kasonga.
Depuis près d’un mois, l’armée a reconquis plusieurs campements des ADF dans les localités de Mayangose, Mbau, Kamano et Erengeti.

 L’ennemi mène des combats retardataires : ils engagent peu de combattants à chaque fois et cherchent seulement à ralentir notre progression afin permettre au noyau dur de fuir », reconnaît un officier de l’armée congolaise.
Selon cette source, les attaques menées par les ADF contre les civils auraient pour but de faire reculer les FARDC vers les zones urbanisées et de les détourner ainsi de leurs objectifs. « Mais nous avons compris cette stratégie, poursuit-elle. C’est pourquoi nous continuons notre progression vers l’intérieur. » Dans le viseur des FARDC donc, le principal camp des ADF : le « complexe de Madina ».
Carte extraite du rapport des experts de l’ONU sur la RDC de juin 2019.
Dans le cas où cette base serait conquise, cela signifierait-il la fin des ADF ? Lors des précédentes offensives, comme celle de 2014, les FARDC avaient réussi à la conquérir. Mais le territoire n’avait pas été durablement occupé et les rebelles avaient pu reprendre leurs bastions et reconstituer leurs capacités. Rien ne prouve qu’il en irait autrement cette fois. « Notre stratégie est différente, promet pourtant notre officier. Une fois que nous aurons conquis nos objectifs, nous allons consolider notre présence et occuper la zone ».
Les FARDC seront-ils capable de soutenir un tel effort dans la durée ? Certaines sources militaires annoncent que des moyens très importants ont été engagés, avançant même le chiffre, invérifiable, de 22 000 soldats présents sur le front. Il paraît toutefois peu crédible au regard des bilans humains annoncés. Par le passé, plusieurs offensives des FARDC avaient pris fin, faute de financement. Il n’est pas certain que l’Etat congolais puisse faire mieux cette fois, au vu des finances publiques. Fin septembre, seuls 3,3 milliards de dollars avaient pu être rassemblés pour le budget de l’Etat, contre 4,3 prévus à cette date. Et Kinshasa a d’autres coûteuses priorités, comme la mise en place de la gratuité de l’enseignement primaire.

Des localités déjà prises

Vendredi dernier, l’armée a repris Maina, présentée depuis plusieurs années comme le quartier général des rebelles ougandais ADF.






DOSSIE THÉMATIQUE

MONUSCOPour l’instant, les FARDC sont à la recherche de Seka Baluku, l’actuel chef des ADF, a indiqué le général Kasonga qui a annoncé par ailleurs que seuls les militaires congolais mènent cette offensive.

Ce mercredi, répondant à la question concernant le rôle des casques bleus dans les opérations militaires menées par l’armée contre les ADF, la cheffe de la Monusco, Leila Zerrougui a expliqué que la mission de l’Onu travaille en fonction des besoins que lui communique l’armée congolaise.





"Aujourd’hui les opérations sont conjointes. Les FARDC nous demandent ce dont ils ont besoin le plus, comme donner les informations dont nous disposons, par exemple les images satellitaires. Nous travaillons ensemble pour tenir les bases, sécuriser la population et aussi pour l’appui logistique", a affirmé Leila Zerrougui. 
La société civile locale, qui se félicite de cette offensive de l’armée, demande néanmoins à celle-ci de sécuriser ses positions pour permettre aux populations de regagner leurs villages. Ce qu’a affirmé Omar Kavota, le coordonnateur de l’ONG, CEPADHO.

Et ce d’autant plus que la Monusco n’a pas été associée à l’offensive non plus. Elle ne la soutient que ponctuellement avec des vols de reconnaissance et l’évacuations de blessés – une vingtaine de soldats FARDC en ont bénéficié jusqu’à présent, selon une source onusienne.
La Monusco a également bien du mal à accomplir sa mission de protection des civils, qui est pourtant l’une des deux priorités de son mandat. « Nous essayons de mettre en place des patrouilles vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept-jours sur sept, ainsi que des barrages pour filtrer les déplacements, explique un de ses cadres. Mais il est très difficile de contrôler des individus qui se déplacent la nuit avec de simples armes blanches. Il semble même que les ADF utilisent des réseaux déjà implantés dans les villes ».
La rébellion islamiste est en effet présente dans la région depuis 1995 et a noué d’étroites relations avec certaines communautés locales. Et elle semble, de son côté, avoir minutieusement préparé l’offensive des FARDC. Aux mois de septembre et octobre, le KST avait ainsi pu observer une recrudescence d’attaques ADF contre des positions FARDC, possiblement dans le but de les intimider et de récupérer des armes. 
« On a également constaté des mouvements vers Tshabi, dans l’Ituri, laissant penser que les ADF ont mis leurs femmes et leurs enfants à l’abri », ajoute une source onusienne. Lors de certaines de leurs attaques, les rebelles ont également ciblé des communautés particulières, comme les pygmées, dont certains membres servent parfois de pisteurs à l’armée congolaise. Une famille de notable d’Oicha a également été décimée.
A ce prix, l’armée congolaise parviendra peut-être à conquérir les derniers bastions des ADF. Peut-être est-ce l’objectif qu’elle s’est fixée. Cela permettrait au pouvoir politique d’afficher des résultats. Une victoire totale sur les ADF semble en revanche difficilement concevable sans un changement de stratégie.
Par ailleurs, les appels se multiplient pour conseiller à la population de Beni de "redoubler de vigilance" pour sa sécurité.

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