À quand l'est dela Rdc aura une paix durable ? À vrai dire

Insécurité à l’est de la RDC : ICG soutient l’intervention des Etats-Unis, du Royaume-Uni, et de la France pour mettre fin aux atrocités.

Situés dans l’est de la République Démocratique du Congo, les provinces del'Ituri, Nord et Sud Kivu sont la proie depuis une vingtaine d’années des hommes en armes.

Très éloignée de la capitale Kinshasa, cette zone intégrée à la région des grands lacs et frontalière avec l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie est relativement inaccessible avec peu de routes et des zones de forêt dense : elle est de ce fait isolée du pouvoir.

Elle s’est transformée en un terrain de lutte pour de nombreux groupes armés, qui se disputent entre autres les importantes ressources naturelles de son sol.

Or, pétrole, cassitérite nécessaire à la fabrication de téléphones portables, gaz méthane, la région s’est transformée en une zone d’anarchie où les civils sont pillés, violés et tués par des groupes parfois indéterminés. Retour sur ces années de conflits qui ravagent une population démunie et laissent le gouvernement désœuvré.

Les conséquences de la guerre à plus de 20 ans

Il est difficile de faire une liste exhaustive de tous les groupes armés qui sévissent dans la région de Kivu, car beaucoup ne revendiquent par leurs crimes et profitent de l’instabilité de la zone pour piller et tuer.

Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) créées en 1994 sont aujourd’hui responsables de nombreuses atrocités : mutilations, viols, meurtres, embrigadements d’enfants.

Les rebelles musulmans ougandais de l’ADF, réputés pour leur violence, seraient responsables en grande majorité des derniers massacres en ville et térritoire de Beni.

La guerre affecte aussi l’économie locale. Le prix des denrées alimentaires augmente fortement notamment du fait que le Rushuru, la région agricole, ne fournit plus de céréales à cause des combats sur le territoire et du départ des agriculteurs.

Les prix augmentent du fait du manque mais aussi de la taxation des différents produits par l’armée et les autorités en transit.

Les habitants de l’est sont aussi touchés par un chômage massif. Ces différents éléments exacerbent la pauvreté globale des populations.

La population, première victime.

Des massacres traçables grâce aux images satellites

Grâce à des informateurs locaux et à des articles de presse, nous avons pu lister un certain nombre de villages où des massacres se seraient produits depuis mai 2019.

Pour recouper ces informations, nous avons ensuite utilisé un outil permettant de localiser des feux importants via les images satellites.

En superposant dans le logiciel Google Earth ces villages et les données de fires.ru montrant les feux s’étant déclarés dans la région à cette période, nous avons pu établir que le groupe de villages de Tche avait été la cible d’une attaque impliquant des incendies (criminels) les 11, 12 et 13 juin.

En Ituri de niuveau, des tueries d’une violence extrême terrorisent les populations du territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Peu d’informations et d’images sortent de cette zone dangereuse, et les rescapés tentent de survivre dans des camps de déplacés surpeuplés et mal équipés. Grâce aux témoignages de nos Observateurs, aux images amateur remontées du terrain et à des outils d’images satellites, nous avons pu documenter ces événements.

Le territoire de Djugu est en proie à une vague d’attaques et de meurtres visant les civils et les forces de l’ordre depuis février 2018. Après une accalmie fin 2018 - début 2019, les violences ont repris cettain mai dernier.

Si le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, s’est rendu sur place le 2 juillet et a promis que “l’armée restera jusqu’au jour où il n’y aura plus un coup de feu”, la région semble oubliée du monde.

Mercredi 28 août, une association de la société civile a officiellement exigé la création d’un tribunal pénal international pour juger les crimes commis à Djugu. Selon elle, environ 5 000 personnes ont été tuées depuis le début des violences en 2017.

De nombreux internautes de la région ont alerté la rédaction des Observateurs de France 24 sur ces atteintes aux droits de l’Homme, mais peu étaient en mesure de fournir des preuves ou les contacts de témoins directs.

Après plusieurs semaines de travail et la sollicitation de nombreux habitants et membres de la société civile locale, notre rédaction a pu documenter certains massacres et attester d’atteintes aux droits de l’Hommes alarmantes : enfants découpés en morceaux, vieillards abattus avec des flèches, femmes violées et assassinées dans leur fuite, villages incendiés et pillages.

Compte tenu de la violence des images que nous avons pu authentifier, nous n’en publions qu’un nombre restreint et floutons les plus choquantes. Il n’en reste pas moins que les faits relatés dans cet article sont susceptibles de heurter les sensibilités.

Cette guerre a principalement des conséquences sur les civils. Les plus visibles sont évidemment les morts dont on ne possède aujourd’hui aucun bilan.

L’instabilité à la frontière facilite les trafics et notamment ceux de minerais comme la cassitérite. Elle est rare et nécessaire à la fabrication de téléphones portables.

La guerre facilite aussi le passage de toutes sortes de marchandises comme le bétail.

Où se déroulent les combats ?

Kivu, zone de richesse

La zone instable concernée par la guerre à l’est du Congo est la région du Kivu intégrée dans la région des grands lacs. Cette zone est frontalière avec le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et la Tanzanie.

Les combats ont lieu principalement dans le Nord du Kivu, une terre aux enjeux économiques très importants. Elle dispose de grandes ressources minières notamment l’or, la cassitérite et le pétrole.

Cette région est aussi riche en gaz méthane présent naturellement dans le lac Kivu. Les richesses agricoles de cette terre fertile sont aussi très convoitées.

Un retour au calme signifierait la fin des missions.

Les multinationales

Les plus concernés économiquement dans cette guerre internationale sont sans doutes les multinationales.

Le documentaire « Blood in the Mobile », dénonce le cercle vicieux dans lequel sont impliquées les grosses firmes. Le réalisateur, Frank Piasecki Poulsen, s’est intéressé au cas de Nokia qui a de gros intérêts dans les mines de cassitérite à Walikale.

Il n’a pu trouver de preuves concrètes de l’implication de la firme internationale cependant de lourds soupçons pèsent sur elle.

Les entreprises profitent en général de l’instabilité pour acheter les minerais à bas prix. Minerais qu’ils utilisent dans la fabrication de leurs téléphones par exemple.

Des bénéfices tirés, les observateurs supposent qu’une partie est réinvestie dans l’armement pour soutenir l’instabilité dans la région.

Que fait la communauté internationale ?

La communauté internationale est pour l’instant bien silencieuse. Ça va bientôt faire vingt ans…

Les seules actions concrètes sont l’envoi d’humanitaires (Médecins sans frontières, La Croix-Rouge, Handicap International…) dès les premières années de conflit dans l’est du Congo.

Au jour d'aujourd'hui, L’International Crisis Group (ICG) invite le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, à privilégier la voie diplomatique, comme celle entamée avec le président angolais, pour la recherche d’une solution à l’insécurité qui sévit à l’Est du pays.

Dans un rapport sur les guerres à l’Est de la République Démocratique du Congo et dans la région des Grands lacs, les experts de ce groupe spécialisés en analyse, recherche, et suivi de conflits mondiaux, décortiquent en long et en large l’origine des guerres que connaît l’Est du Congo en particulier, et la région des Grands lacs en général.

L’International Crisis Group renseigne qu’au lieu d’impliquer le Rwanda, Burundi et Uganda dans des opérations militaires à l’Est de la RDC, Tshisekedi devrait plutôt renforcer ses efforts diplomatiques, en demandant le soutien des Nations unies, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France.

Dans son rapport, cette organisation justifie sa position par le fait que selon elle, ces trois Etats de la région des Grands Lacs s’accusent mutuellement de subversion, chacun reprochant à l’autre de soutenir des rebelles en RDC, leur voisin commun.

Ainsi, elle pense que ces puissances extérieures devraient aider le Président congolais à dénouer ces tensions, pour éviter une mêlée meurtrière.

Ces pays, selon ICG, ont historiquement été investis dans la région des Grands Lacs, à travers leurs envoyés spéciaux, et étant tous membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

« S’ils ont déjà tous nommé des envoyés pour la région des Grands Lacs, ils pourraient en tirer davantage de profit et les charger de travailler de concert en vue d’encourager le dialogue régional.

Ces envoyés devraient également s’assurer que les enquêtes et les vérifications restent sur la bonne voie et que des pressions politiques soient exercées sur le Rwanda et l’Ouganda pour qu’ils retirent tout soutien aux groupes armés auxquels ils apportent leur appui. » soutient-t-il.

Les mêmes experts soutiennent qu’un effort collectif de diplomatie régionale, basé sur le dialogue et la vérification appropriée des allégations, permettrait également de soulager la pression sur la Monusco, qui lutte depuis des années pour trouver une solution militaire au problème des rebelles des Etats des Grands Lacs, qui selon ICG, ont trouvé refuge dans l’est de la RDC.

Commentaires