Dans l'est Rdc ; Comment la riposte de maladie à virus ebola est freinée par la défiance de la population de Beni-Butembo et Ituri ?

La lutte contre l’épidémie se retrouve conjointement affectée par la persistance des violences régionales, les déplacements de population et le contexte politique.

Que faire face à cette défiance ?

Comment le contexte politique a-t-il freiné la riposte sanitaire ?

Comment adapter la prise en charge les nouveaux cas, dans ce contexte sensible ?

Les communautés doivent aussi apporter leur soutien au travail des équipes médicales.

Il faut pour cela les mettre en confiance.« Le grand problème, maintenant, c’est l’engagement communautaire.

Que la population accepte les mesures de riposte et participe à la riposte. Ce que nous voulons maintenant c’est qu’elle soit menée par la population locale, au lieu que ce soit par ce qu’ils appellent les "étrangers".

Obtenir « l’adhésion » des populations locales

L’opposant a également l’impression que la riposte est aujourd’hui plus gérée par les partenaires que par le gouvernement lui-même.

Or, à ses yeux, tout doit être fait pour « remettre la gestion d’Ebola dans le système national pour espérer avoir l’adhésion de tous les acteurs locaux ».

À l’heure actuelle, la tâche de la riposte est d’autant plus complexe qu’une partie des personnes « contacts » prennent la fuite.

Certaines n'ont pas de signes d'hémorragie et pensent ne pas être malades. D'autres ont peur de mourir dans les centres de traitement ou d'être contaminés là-bas.

Et la région de Beni-Butembo-Bunia est une région commerçante avec des frontières toutes proches, c'est aussi une région où il y a des groupes armés et d'importants déplacements.

Ce qui fait beaucoup de mouvements difficilement contrôlables.

Les étrangers ce n’est pas seulement ceux qui viennent d’autres pays, mais même les Kinois, ceux qui viennent de Kinshasa, qui ne parlent pas la langue swahili, etc.

Ils son considérés comme des étrangers ».

Avec cette nouvelle approche, le docteur Jean-Jacques Muyembe se déclare optimiste.

« Avec la nouvelle stratégie que nous avons développée, nous pouvons, dans trois-quatre mois, terminer l’épidémie ».

L’hostilité de la population

La grande difficulté à laquelle sont confrontés les ONG sur place est la défiance de la population.

« C’est une maladie qui fait peur », explique Augustin Augier, « car c’est la première fois qu’elle apparaît dans cette région. Elle est extrêmement létale, dans 70% des cas.

Enfin elle peut toucher tout le monde et vient perturber l’organisation sociale » !

La population reproche aussi aux ONG et au gouvernement de snober les dispensaires locaux au profit des centres de traitement Ebola.

L'autre frein à la lutte contre Ebola : les querelles politiques et la forte activité de milices locales.

Ebola, l'ennemi invisible

Le virus n'est également pas reconnu comme un ennemi commun.

Comment faire comprendre aux populations locales que cette maladie est différente d’un paludisme, d’une diarrhée aiguë ou encore de la rougeole qui déciment chaque année des milliers de personnes, adultes et enfants confondus ?

Sûrement pas en venant récupérer les corps des victimes pour les enterrer à la va-vite, sans accord préalable des familles.

Ce mode opératoire, rapide et efficace sur le plan sanitaire, va à l'encontre de tous les us et coutumes locaux.

Au lieu de privilégier le dialogue communautaire, les équipes de santé ont forcé la main des familles.

Les épidémies sont provoquées par les transmissions secondaires interhumaines.

Celles-ci peuvent être facilitées si les précautions sont insuffisantes lors du soin des malades.

Les rites funéraires au cours desquels les proches du défunt sont en contact direct avec la dépouille augmentent aussi fortement le risque de transmission du virus Ebola.

Pour stopper l’épidémie et la contagion interhumaine, certaines précautions anti-infectieuses doivent être suivies : se laver régulièrement les mains, isoler les malades, éviter tout contact de la peau et des muqueuses avec les liquides infectés.

Pour cela, des barrières physiques sont indispensables : gants, masques, lunettes, combinaison, bottes, etc.

Depuis quelques années, un vaccin expérimental est également utilisé en vaccination en anneau pour stopper la transmission du virus.

Symptômes

La maladie à virus Ebola est une maladie virale aiguë sévère se caractérisant initialement par des symptômes non spécifiques, de type pseudo grippaux : apparition brutale d’une fièvre supérieure à 38°C, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge.

Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’une atteinte rénale et hépatique et dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.

La durée d’incubation, c'est-à-dire le temps écoulé entre l’infection et l’apparition des symptômes, varie de 2 à 21 jours, mais est le plus souvent comprise entre 5 et 12 jours.

Seuls les tests en laboratoire permettent de confirmer le diagnostic. L’analyse des échantillons est exécutée dans des conditions de confinement extrêmement rigoureuses.

Epidémiologie

Le virus Ebola a été observé pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées au Soudan (151 morts) et en République démocratique du Congo (280 morts). Il a été baptisé « Ebola », du nom d’une rivière coulant dans ce dernier pays.

Le virus Ebola appartient à la famille des Filoviridae (filovirus) qui compte cinq espèces distinctes : Bundibugyo (BDBV), Zaïre (EBOV), Reston (RESTV), Soudan (SUDV), Forêt de Taï (TAFV).

Les souches Ebola Bundibugyo, Zaïre et Soudan ont été responsables d’une vingtaine de flambées de la maladie en Afrique Centrale, dans des villages isolés, à proximité des forêts. Les principales flambées ont eu lieu en :

1995 : 254 morts en République démocratique du Congo,
2000 : 224 morts en Uganda,
2003 : 128 morts au Congo,
2007 : 187 morts en République démocratique du Congo.

Jusque là, le virus avait provoqué 1590 morts.

En mars 2014, une nouvelle flambée de l’Ebolavirus Zaïre a été identifiée en Guinée forestière, puis s’est étendue aux pays voisins, le Libéria et la Sierra Leone, atteignant des zones urbanisées.

Le virus a ensuite été transmis par voie aérienne au Nigéria et par voie routière au Sénégal.

En juin 2016, lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce la fin officielle de l’épidémie, le bilan est triste : au moins 28000 cas officiellement déclarés, dont plus de 11000 décès. Il s’agit de la plus importante épidémie connue à ce jour.

Le traitement

Les personnes atteintes ont besoin de soins intensifs, traitant uniquement les symptômes (fièvre, douleur, déshydratation). Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement, ni vaccin homologués par les autorités de santé.

L’insécurité continue d’entraver le déploiement des équipes sanitaires censées prévenir de nouvelles flambées de l’épidémie.

À OICHA chef lieu du térritoire  de Beni

La compagne de vaccination contre la maladie à virus Ebola évolue sans problème en commune d’Oicha. L’équipe de vaccination félicite la communauté.

Les équipes de la vaccination  contre  la maladie à Ebola apprécie positivement l’accueil lui réservé par la population de la zone de santé d’OICHA, lors des séances de vaccination dans la communauté.

Annonce du chef d’équipe, monsieur KAMBALE KINANI Alphonse rencontré ce lundi 10 Février 2020 dans la cours du bureau  de la commune  d’OICHA pendant le ring (séances de vaccination dans la communauté). Les habitants d’OICHA remercient les autorités sanitaires pour cette action push de la campagne de vaccination.

Le bourgmestre de la commune d’OICHA appelle  les  habitants  à se faire vacciner afin d’éradiquer le virus d’Ebola.

Pour le chef d’équipe de la commission de vaccination contre le virus d’Ebola dans la zone de santé d’OICHA, le travail évolue dans le bon sens. KAMBALE  KINANI Alphonse appelle ceux qui hésitent encore, de venir se faire vacciner.

Les habitants de la commune d’OICHA apprécient cette action push effectuée  par les équipes de vaccination contre EBOLA. Ceux qui  se sont déjà fait vacciner demandent  aux  autres de venir recevoir le vaccin afin de se protéger contre l’épidémie.

Le bourgmestre de la commune d’OICHA sollicite ses administrés à venir recevoir les vaccins pour que le virus soit éradiqué dans le futur proche. KAMBALE KIKUKU Nicolas demande aux habitants de  continuer  à respecter les règles d’hygiènes.

Il faut dire  que la zone de santé  d’OICHA vient  réaliser plus de soixante jours sans un cas confirmé d’Ebola.

Les agents de la Riposte ont été la cible d’environ 390 attaques en 2019.

Une dizaine d’entre eux y ont laissé leur vie. « Nos camps et nos hôtels ont été attaqués, des intervenants ont été tués, dont l’un de nos collègues, alors qu’il travaillait dans un hôpital.

Nous devons négocier l’accès à de nombreuses communautés contrôlées par des milices locales et nous attendre à être attaqués n’importe où, à n’importe quel moment »,  relate Marie-Roseline Darnycka Bélizaire, responsable des interventions de l’OMS.

L’épidémiologiste haïtienne tire le constat qui s’impose à tous désormais : « La méfiance envers les organisations internationales a érigé un mur entre les communautés et nous.

Tant que nous n’aurons pas gagné leur confiance, il sera impossible de renverser la tendance.

» Une réalité d’autant plus difficile à accepter qu’un vaccin et un traitement efficace s’il est prescrit rapidement sont pour la première fois disponibles pour agir dans une situation d’urgence.

Le vaccin Ervebo, élaboré par le laboratoire Merck et homologué par la Commission européenne en novembre 2019, a été administré à plus de 260 000 personnes considérées comme à risque du fait de leurs liens avec des malades.

Pour gagner cette confiance, la Riposte modifie ses procédures d’intervention en déplaçant petit à petit le dépistage d’Ebola dans les centres de santé locaux fréquentés habituellement par la population.

Des pièces d’isolement y sont installées où les patients attendent le résultat des tests avant d’être, si nécessaire, transférés vers un centre de traitement Ebola.

Ainsi Ebola est moins ce monstre qui vous condamne d’emblée à être enfermé dans des constructions fraîchement assemblées, tout sauf rassurantes et dirigées par des étrangers en tenue de cosmonaute.

« Nous faisons aussi des efforts pour renforcer les systèmes de santé locaux afin de permettre la prise en charge d’autres maladies.

Des médicaments sont distribués gratuitement », insiste le docteur Belizaire de l’OMS.

Comment la population pourrait-elle comprendre que tout cet argent dépensé ne serve qu’à lutter contre Ebola quand chaque jour on meurt de rougeole, de paludisme, de choléra ?

L’insécurité  aussi ne permet pas de suivre les personnes malades.

L'insécurité freine toujours la riposte

En effet, il est encore difficile pour les services de santé d'atteindre les zones les plus reculées de la région, en raison de l'insécurité et du risque d'attaques contre le personnel de santé.

Or, la seule manière de contenir la maladie, c'est d'arriver à identifier toutes les personnes qui ont été en contact avec des malades, parce qu'il y a un risque qu'elles aient contracté la maladie ou qu'elles finissent par être contaminées si elles ne sont pas vaccinées à temps.

C'est ce qu'on appelle la chaîne de contamination et c'est ce qu'aujourd'hui, la riposte Ebola n'arrive pas à sécuriser.

Pour l'opposant Jules Vahikehya, élu de la province, la responsabilité de l’État congolais est engagée.

Il veut que l’OMS « renforce » sa coopération avec les autorités congolaises pour « essayer de répondre aux erreurs qui ne permettent pas à la riposte d’atteindre ses résultats ».

Il cite en particulier la « gestion du personnel local », ceux sans qui rien ne peut se faire d’après lui et qui sont pourtant, dit-il, « presque oubliés ».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’épidémie de fièvre Ebola comme une « urgence de santé publique de portée internationale ». En un an, 2 512 cas ont été recensés.

La maladie a fait 1 676 décès. Par ailleurs, 703 personnes ont pu être guéries, selon un rapport diffusé le 16 juillet par le ministère congolais de la Santé.

Mais pour Médecins sans frontières (MSF), il faut radicalement changer de méthode. La docteure Joanne Liu est la présidente de MSF. Elle répond à Bineta Diagne.

Véritable fortune

Au centre dudit Ebola business : quelque 700 voitures qui transportent les équipes de la Riposte et dont le coût des locations est facturé près de 2 millions de dollars  (1,8 million d’euros) par mois à l’OMS. Mais voilà, certaines de ces voitures sont la propriété de personnes travaillant pour la Riposte. Certains d’entre eux parviennent à gagner 3 000 dollars par véhicule et par mois. Une véritable fortune dans un pays où le revenu moyen mensuel ne dépasse pas l’équivalent de 50 euros.


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