«Ebola-Rdc ; Nous avons aucun nouveau cas qui n’a été rapporté, ni aucun décès confirmé, et ceci pour le 7ème jour consécutif au cours d'une semaine qui précéde la fin du février 2020, selon ministère dela santé »

Epidémie d’Ebola en RDC : aucun nouveau cas depuis sept jours et le virus réduit à Béni (OMS)

Santé

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est montrée « optimiste » mercredi au vu des progrès notés dans la lutte contre Ebola dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

« Aucun nouveau cas confirmé n’a été rapporté, ni aucun décès confirmé, et ceci pour le 7ème jour consécutif », s’est félicité le Bureau de l’OMS en RDC sur Twitter (@OMSRDCONGO), à partir de données datées du 24 février 2020.

Selon ces mêmes données publiées par l’agence onusienne, l’épidémie de la maladie à virus Ebola est désormais réduite à la seule zone sanitaire de Beni (Nord-Kivu).

« L’épidémie d’Ebola en RDC est désormais réduite à une seule zone sanitaire, Beni », a relevé l’OMS, tout en ajoutant que « l’équipe de l’OMS et ses partenaires sur le terrain restent en alerte et continuent à travailler dur, malgré l’insécurité et de nombreux autres obstacles, pour parvenir à 0 cas ».

Lors d’un précédent, l’OMS avait indiqué que cinq cas confirmés avaient été notifiés au cours de ces 21 derniers jours, tous dans la zone de santé de Beni qui reste « le seul foyer encore actif » du virus.

A noter que l’OMS avait déclaré en juillet la dixième épidémie d’Ebola sur le sol congolais au rang d’urgence sanitaire mondiale, en raison des risques de propagation aux pays voisins (Rwanda, Ouganda).

Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 3.444, dont 3.310 confirmés et 134 probables.

Au total, il y a eu 2.264 décès (2.130 confirmés et 134 probables) et 1.167 vainqueurs (personnes guéries, ou survivants).

Par ailleurs, 262 nouvelles personnes ont reçu le vaccin (rVSV-ZEBOV-GP), pour un cumul de près de 300.000 personnes vaccinées depuis août 2018.

L'insécurité freine toujours la riposte

En effet, il est encore difficile pour les services de santé d'atteindre les zones les plus reculées de la région, en raison de l'insécurité et du risque d'attaques contre le personnel de santé.

Or, la seule manière de contenir la maladie, c'est d'arriver à identifier toutes les personnes qui ont été en contact avec des malades, parce qu'il y a un risque qu'elles aient contracté la maladie ou qu'elles finissent par être contaminées si elles ne sont pas vaccinées à temps. C'est ce qu'on appelle la chaîne de contamination et c'est ce qu'aujourd'hui, la riposte Ebola n'arrive pas à sécuriser.

Comme dans toutes les épidémies d’Ebola, les agents engagés dans la lutte se sont heurtés dès les premières semaines à une résistance de la population que l’OMS a longtemps appelée pudiquement des « réticences ». La crise politique qu’a traversée le Congo les a transformés en véritable révolte.

« Les responsabilités sont partagées, il y a eu détournement de l’attention de la population sur des questions politiques », estime le vice-président de la société civile de Butembo et chercheur congolais, Élie Kwiravusa.

Il y a d’un côté le gouvernement qui « utilise le prétexte » d’Ebola pour annuler le scrutin présidentiel et reporter les législatives à Beni-Butembo, fief de l’opposition, et de l’autre, des politiciens qui transforment la question d’Ebola « en un champ de bataille politique » pour s’attirer les faveurs électorales d’une population de plus en plus méfiante à l’égard de la coordination de la riposte, des forces de sécurité et de sa classe politique.

La première attaque contre un centre de traitement Ebola a eu lieu le 28 décembre 2018 au lendemain de l’annonce du report des élections à Beni-Butembo. À l’époque, les leaders communautaires ont su contenir la colère de la population. Alors que deux mois plus tard, sept depuis le début de l’épidémie, l’OMS se dit « optimiste », les attaques deviennent quasi hebdomadaires.

Des dizaines de personnels et structures médicales sont ciblés. Au 5 février 2018, selon des chiffres officiels, 789 cas de maladie à virus Ebola (735 confirmés et 54 probables) avaient été notifiés en sept mois, dont 488 décès. Dans les cinq mois suivants, ce bilan va presque quadrupler. Un an après l’officialisation de l’épidémie, près de 1 800 Congolais sont morts des suites de ce virus sur 2 700 cas.

Ebola, « un champ de bataille politique »

Quand Ebola fait officiellement son apparition au Nord-Kivu, l’OMS vient à peine quatre jours plus tôt de déclarer la fin d’une épidémie à l’autre bout du pays, au nord-ouest, dans la province de l’Équateur. Là-bas, il aura fallu aux acteurs de la riposte trois mois à peine pour stopper le virus, tant cette région forestière du Congo, certes frontalière de la très fragile Centrafrique, reste enclavée, isolée du reste du pays. Avec l’est du Congo, la menace est toute autre.

Cette région pullule de groupes armés qui depuis près de 25 ans, entravent l’action humanitaire comme le développement et déplacent les civils, jusque dans les pays voisins. Ses routes, quoique souvent impraticables, servent au commerce comme au trafic. Malgré tout, presque miraculeusement, ni le Rwanda, ni l’Ouganda n’ont été contaminés jusqu’ici.

L’hostilité des communautés, « notre quotidien »

L’équipe d’intervention est contrainte à rebrousser chemin. « Nous limitons au maximum l’intervention de la police, on préfère revenir plus tard », explique le médecin chargé de superviser l’intervention. Les équipes de la riposte n’auront même pas eu accès au domicile de ce cas suspect pour le désinfecter. Dépité par l’hostilité de la population, le praticien l’admet : « C’est quasiment notre quotidien ».

Un an après la proclamation officielle, le nombre de cas est en recrudescence dans le territoire de Beni, foyer de l’épidémie au Nord-Kivu, et menace de s’étendre au reste du pays comme dans les pays voisins. Le 18 juillet 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a placé cette dixième épidémie d’Ebola que connaît la RDC comme une « urgence sanitaire mondiale », au grand dam de la société civile à Beni.

Pour son président, Kizito Bin Hangi, l’OMS a « trop attendu ». Il a fallu qu’un pasteur évangélique contaminé par le virus meure alors qu’il venait de séjourner dans la capitale provinciale, Goma, frontalière du Rwanda, et qu’une marchande de poissons congolaise se soit elle rendue sur un marché ougandais avant de mourir chez elle.

Depuis, le chef-lieu du Nord-Kivu a enregistré un deuxième cas, relançant la crainte d’une contagion au-delà de sa zone de propagation initiale qui se limitait jusqu’ici au nord-est du pays, autour des villes de Beni, Butembo au Nord-Kivu et Bunia en Ituri, toutes déjà régulièrement endeuillées par des violences armées.

En un an, au moins 1 800 personnes ont succombé à Ebola, des centaines d’autres sont mortes sous les balles ou les coups de machettes.

« On ne peut pas se laver les mains pour se protéger de l’insécurité »

Dans le territoire de Beni, il y a même des massacres presque toutes les semaines depuis cinq ans, c’est un autre triste anniversaire pour cette région du Congo qui avait été relativement préservée lors des deux grandes guerres qui ont secoué le pays entre 1996 et 2002. Au moment où l’épidémie est déclarée le 1er août 2018, plusieurs milliers de civils sont morts dans ces violences inédites, imputées par les autorités congolaises aux rebelles ougandais ADF, un groupe politico-religieux qui, après trente années de présence au Congo, a décidé de prêter allégeance à l’État islamique (EI).

Pour les habitants du territoire, cette insécurité chronique est une malédiction aussi soudaine et brutale qu’Ebola, mystérieuse aussi. Beaucoup voient dans l’une comme dans l’autre une main noire, accusant tour à tour les forces de sécurité comme la communauté internationale, les pays voisins en tête, des pires maux, allant jusqu’à leur imputer des « intentions génocidaires » contre la communauté Nande, l’ethnie majoritaire dans cette partie du Congo.

Bien que la maladie à virus Ebola soit endémique dans certaines régions du pays, Beni avait été jusqu’ici épargnée. Le président de la société civile de cette localité n’en démord pas. Il faut que le gouvernement « fasse plus », que l’OMS « appuie », que les « États voisins » s’engagent pour mettre un terme à ce double fléau devenu consubstantiel que sont l’insécurité et l’épidémie d’Ebola.

Avant cette épidémie et les massacres de ces dernières années, la gare routière de Beni était toujours très animée. Depuis, convoyeurs et conducteurs préfèrent prendre la route tôt et en convoi pour plus de sécurité.

Aux environs de 15h, trois derniers camions s’alignent avant le départ vers Kasindi, poste frontalier avec l’Ouganda. Parmi des dizaines de passagers anxieux, une commerçante aguerrie, mais inquiète comme les autres.

Depuis quatorze ans, Jeanine achète des chaussures et des sandales en Ouganda pour les revendre à Beni. Avec son bébé de six mois sur le dos, elle s’apprête à embarquer dans un bus déjà bondé, sur cette route où presque toutes les semaines des convois sont attaqués.

« Les militaires ont décidé qu’il n’y aurait plus de circulation après 16h, mais on va quand même prendre la route. On n’a rien à perdre », explique Jeanine. À côté d’elle, Sophie, de quelques années son aînée, vocifère en frottant les mains dans une eau chlorée mise à disposition par la coordination de la riposte : « On ne peut pas se laver les mains pour se protéger de l’insécurité ».







Commentaires