Élu à l’issue du scrutin du 30 décembre 2018, Felix-Tsisekedi le fils vit le rêve de son père.

[Tribune] Élections en RDC : avec ses résultats, la Ceni sonne le glas de la démocratie

Un “Congo réconcilié” ?

“Enfin, pointe encore le site spécialisé, même si le nouveau président aura bien peu de pouvoir et restera sous la coupe de la kabilie, il est tout de même issu de l’opposition et représente un ‘changement’ espéré par de nombreux Congolais.

Il n’est donc pas sûr que la population, lassée par une trop longue crise politique, descende dans la rue pour manifester contre Félix Tshisekedi.”

“Le nouveau ‘président’ a d’ailleurs tendu la main à tous les Congolais dans ses premières paroles prononcées dimanche.

Félix Tshisekedi a prôné un Congo ‘qui ne sera pas un Congo de la haine, du tribalisme et de la division. Mais un Congo réconcilié’.”

«On a pas fait 36 ans de lutte pour chercher un candidat commun, mais pour chercher une alternance, conquérir le pouvoir.»

Des militants rencontrés devant le siège de l'UNC de Vital Kamerhe, un autre candidat signataire, tenaient le même discours contre l'accord de Genève.

Ses détracteurs se plaisaient à l’époque à le décrire comme un homme influençable, s’appliquant à souligner que Joseph Kabila avait été, lui, un fin stratège.

La tâche s’annonçait monumentale. « Nous n’étions pas naïfs, nous savions que tout n’allait pas nous être présenté sur un plateau, nous étions préparés », argue l’un de ses proches collaborateurs.

Malgré les soupçons d’une fraude massive lors du scrutin, la Cour constitutionnelle a proclamé l’opposant Félix Tshisekedi nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC).

Au nombre de ces propos, ceux liés aux rapports entre les partenaires de la coalition FCC-CACH au sein des institutions étatiques, plus particulièrement l’exécutif national, sur lesquels Félix Tshisekedi a manifestement craqué à Londres.

Félix Tshisekedi a, en effet, fait état d’un certain nombre de comportements de certains membres du Gouvernement (qu’il n’a pas cités) qui s’évertueraient à entraver son action à la tête du pays.

Citant ouvertement l’appartenance FCC de ces membres du Gouvernement, le chef de l’Etat a, notamment, fait état de confidences de certains d’entre eux qui auraient reconnus qu’ils subiraient des pressions afin d’entraver son action et le faire échouer. Il a également laissé entendre que d’autres auraient été poussés à signer déjà leurs lettres de démission.

Faisant, en fin de compte, état (sans le dire formellement) d’une crise dont il serait la cible, Félix Tshisekedi a déclaré qu’il userait désormais du stylo rouge pour sanctionner et qu’il serait emmené à dissoudre l’Assemblée nationale si cette crise continue.

La polémique autour de ces propos s’articule alors autour d’un questionnement : y avait-il lieu que le chef de l’Etat étale « ces choses » sur la place publique et de cette façon-là ?

Son audience était-il appropriée pour ce genre de propos ?

Le contexte (participation au sommet sur les investissements à Londres) se prêtait-il pour ce genre de propos ?

Sa stature de Président de la République lui permet-il d’engager ce genre de propos de cette manière-là ?

Ou encore qu’est-il advenu de ces propos aujourd’hui, sinon de semer et entretenir une polémique qui, déjà, secoue l’édifice institutionnel bâtie autour d’une coalition politique de gouvernement ?

L’ancien ministre en charge de la Communication et médias et porte-parole du gouvernement sous le régime Kabila, Lambert Mende a donné de la voix.

Intervenant sur RFI, mercredi 22 janvier, au sujet de la menace de dissolution du parlement brandit par Félix Tshisekedi qui suscite une vague de réactions dans la classe politique, Lambert Mende estime que le Président Tshisekedi a eu suffisamment de prudence dans sa communication.

« Devant la diaspora congolaise à Londres » a soutenu Mende, « le chef de l’Etat a pris la précaution de dire que je n’ai pas l’intention de dissoudre l’Assemblée nationale, mais on me poussera à la dissoudre si jamais il y avait des crises qui persistaient ».

Le député de Sankuru pense que Félix Tshisekedi a été prudent dans ses propos. Lambert Mende a joué la carte de l’apaisement là où d’autres cadres du FCC ont voulu allumer le feu à l’instar de Jeanine Mabunda. Les propos de la présidente de l’Assemblée nationale ont suscité, du reste, une vive réaction du groupe parlementaire CACH et alliés.

Dans leur déclaration, les élus du CACH ont qualifié d’outrageant et de provocation la sortie médiatique du speaker de la chambre basse. Ils ont soutenu que le président de la République est un monarque républicain dans un régime semi présidentiel, donc irresponsable devant l’Assemblée nationale.

Il n’appartenait pas, par conséquent, à la chambre basse du parlement d’assumer la charge de répondre au président de la République de manière unilatérale et d’engager l’Assemblée nationale pendant les vacances parlementaires.

Tout n’est pas perdu

Pour autant, doit-on croire que la cruche s’est tellement enfoncée dans l’eau qu’elle s’est cassée ?

Quelle que soit la profondeur de la brèche infligée par cette sortie londonienne du chef de l’Etat à l’édifice de la coalition et à la sérénité nécessaire au bon fonctionnement des institutions, il est encore possible de sauver les meubles pour poursuivre la marche commune autour de la passion commune qu’est le Congo.

Pour ce faire, les partenaires à la coalition FCC-CACH, à tous les niveaux, se doivent de se munir de la principale armure qu’est la sincérité mutuelle.

Il est clair qu’en plus des zélés qui ne manquent jamais, même à certains niveaux élevés de cette coalition, certains bonzes ne l’ont jamais acceptés, tandis que d’autres, allant plus loin, s’emploient à la saboter pour la conduire à l’implosion.

Si les uns et les autres sont allés en toute sincérité au sein de cette coalition en mettant le Congo au centre de tous les intérêts, l’heure semble être venue pour eux de se regarder droit dans les yeux et sans faux fuyants.

Cette coalition est engluée dans un tourbillon de propos et d’opinions telles qu’il est difficile de démêler le vrai du faux, jusqu’à ce qu’on se retrouve à afficher des attitudes et des comportements basés sur des épiphénomènes délibérément montés pour cette fin destructrice.

Pour ce faire, il faudra, par exemple, travailler sur tous les cas de friction pour savoir avec précision s’il s’agit de cas isolés de zèle ou de faits conçus et programmés pour des fins précises.

En effet, la coalition FCC-CACH fait face à tellement de fronts, de l’intérieur que de l’extérieur, que le moindre manque de lucidité dans tout ce qui se dit et se fait conduirait à une grave perdition.

Et pour le compte de Félix Tshisekedi, il devra aussi jeter un regard dans sa propre cour : à l’Udps où les sociétaires s’entredéchirent, dans son cabinet truffé d’affairistes sans vision d’Etat et au sein de CACH où les violons ne s’accordent pas entre sociétaires…

(Re)voir sur TV5MONDE : "Les droits de l’Homme c’est ma priorité", Félix Tshisekedi, président de la RDC

Dans l'Est de la République démocratique du Congo, les combats déplacent des milliers de civils exposés à la faim et aux maladies (choléra, rougeole, paludisme).

La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet a commencé sa visite en RDC deux semaines après la publication d'un rapport onusien selon lequel "au moins 701 personnes ont été tuées" dans des violences intercommunautaires en Ituri depuis fin 2017.

Celles-ci pourraient représenter des "crimes contre l'humanité" voire un "génocide", selon ce  rapport de l'ONU. Au cours de sa visite, l'ancienne présidente chilienne devrait visiter un camp de déplacés et rencontrer des victimes de tortures et de violences sexuelles, avant de s'entretenir à Kinshasa avec le président congolais.

Bilan économique : les chantiers en cours

La République démocratique du Congo est le plus grand pays francophone au monde. Avec plus de 81 millions d'habitants, c'est aujourd'hui une des nations qui comptent en Afrique et particulièrement dans la région des Grands Lacs. Riche en minerais (or, coltan, cobalt...) , la RDC est l'objet de convoitises de la part de grands acteurs économiques venus du monde entier.

Dernièrement, Félix Tshisekedi a participé à de grands sommets d'investissement : à Sotchi en octobre 2019 et à Londres en début de semaine. La Russie et le Royaume-Uni souhaitant investir sur le continent afin de ratrapper le retard pris sur leurs concurrents chinois ou français. De ce fait, la RDC est un pays intournable : ressources minières, forestières, agriculture, infrastructures, services.... beaucoup reste à faire.


· « Aujourd’hui, nous pouvons dire que la vérité des urnes a triomphé », a déclaré Félix Tshisekedi après l’annonce des résultats provisoires.

Qui aurait imaginé pareil scénario ? Ces dernières semaines, aux yeux de l’immense majorité des observateurs, l’élection présidentielle congolaise ne pouvait qu’être indéfiniment reportée ou sacrer le candidat du pouvoir sortant, Emmanuel Ramazani Shadary, au prix de multiples fraudes et d’une contestation férocement réprimée.

C’est une tout autre histoire qu’a écrite la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) après le scrutin du 30 décembre 2018 en proclamant la victoire du moins virulent des deux opposants : Félix Tshisekedi. Même si d’importants soupçons pèsent sur ce résultat, il consacre la première alternance de l’histoire d’un pays qui n’avait connu, en guise de transitions, que coups d’État et assassinats.

La plupart des pays voisins semblent, pour l’instant, s’en satisfaire. Reste à savoir à quoi ressemblera ce pouvoir inédit.

Commentaires