Fausses nouvelles qui se propagent sur les réseaux sociaux àla situation d'urgence vu la pandémie de coronavirus, préoccupe l'OMS

Sur WhatsApp, la lutte impossible de l'OMS contre la désinformation qui s'observe dépuis la déclaration de coronavirus à partir de la Chine.

L’Organisation mondiale de la santé a lancé vendredi dernier, son chatbot en français pour répondre aux questions concernant la pandémie.

Il n’est pas certain que cela suffise à endiguer les vagues de fausses nouvelles transmises via WhatsApp Sur WhatsApp, fort de deux milliards d'utilisateurs, les «fake news» – dont certains semblent crédibles – sur le coronavirus se transfèrent extrêmement rapidement ces jours.

C’est un combat à armes inégales, mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entend bien lutter. Vendredi, elle lançait la version française de son chatbot sur WhatsApp pour combattre le déferlement de fausses nouvelles concernant le coronavirus.

Cette « rumeur », très relayée, se marie parfois avec une autre théorie, alimentée par l'évidente pénurie de matériel médical de base, tel que tests et masques : celle d'une négligence délibérée du gouvernement dans la gestion de la crise.

« Ce que je crains le plus, ce sont les reconstructions a posteriori », confie le sociologue Gérald Bronner. « Que des erreurs aient été commises, c'est certain. Mais on voit déjà s'opérer une reconstruction des souvenirs pour servir la recherche aveugle de coupables… »

Le boom de la « croyance »

D'autant plus que l'angoisse légitimement ressentie par la population nourrit une troisième catégorie de « croyances herméneutiques », qui interprètent la tragédie comme un « châtiment divin » envoyé pour punir les hommes de leur immoralité… ou de leur mode de vie.

« Cela dépasse le cadre du religieux », souligne Gérald Bronner, qui pointe une forme particulière d'« opportunisme idéologique » cherchant à exploiter les peurs provoquées par la crise. Très tôt, le mouvement Nous voulons des coquelicots a dressé un parallèle entre le coronavirus et « l'expansion sans fin des pesticides chimiques. »

L'ancien ministre de l'Écologie Nicolas Hulot juge que « la Nature nous envoie un message », sorte d'ultimatum face auquel nous serions contraints de faire pénitence. La « mondialisation », le « modèle capitaliste » qui accompagnent les mouvements de concentration urbaine et « la destruction des habitats naturels » auraient favorisé la crise.

« C'est oublier que nous avons connu des pandémies bien pires avant l'ère industrielle » et que cette zoonose virale « ne serait sans doute pas survenue si les marchés d'animaux chinois appliquaient les mêmes règles sanitaires qu'en Europe. [...] Il y a quelque chose de moralement choquant à exploiter une crise qui fait des milliers de morts. »

Depuis le début du confinement, alors que la population, enfermée, doit affronter seule ses angoisses, la fréquentation des réseaux sociaux explose, en même temps que la diffusion de fausses informations, de scoops fumeux et de théories du complot, auxquels des personnalités servent parfois de caisse de résonance.

L'Observatoire du conspirationnisme, qui achève en ce moment une étude sur le phénomène, en a dressé une carte impressionnante.

« Les premiers messages complotistes sont apparus dès le 20 janvier, quand on a appris que le virus pouvait se transmettre entre humains, explique son fondateur Rudy Reichstadt. Mais depuis que les Français sont confinés, on assiste à une explosion.

La vidéo du moindre inconnu buzze en quelques heures, dans des proportions inédites. »

Offensive des antivaccins

On peut séparer ces emballements en trois catégories : les fausses médecines, les théories conspirationnistes et celles que le sociologue Gérald Bronner désigne comme les « opportunismes idéologiques ».

Les premières sont « les plus dangereuses », précisément parce qu'elles paraissent anodines. En Iran, plus de 210 personnes sont mortes d'intoxication au méthanol après avoir lu que l'alcool pouvait protéger du Covid-19…

Et en France, les remèdes de grands-mères prônés par des marchands de produits naturels ou des militants « risquent d'éloigner les gens des seules mesures efficaces, à savoir le confinement et les gestes barrières. Quand elles ne sont pas simplement dangereuses. »

Des actrices ont conseillé des huiles essentielles (dont le seul effet connu porte sur les sentiments, et de potentielles réactions allergènes). Et derrière ces messages que beaucoup partagent de bonne foi sur Facebook, les antivaccins, anticipant une future campagne contre le nouveau virus, sont particulièrement actifs.

Le Dr Henri Joyeux, récemment accusé d'essais cliniques sauvages sur des malades, explique ainsi sur son site Internet que la chaleur du soleil peut tuer le virus, de même que l'eau chaude : « Le liquide chaud dans la gorge fait que le virus, s'il est présent, rejoindra l'estomac dont l'acidité va le détruire. » C'est faux : il faudrait littéralement s'ébouillanter ou s'exposer une demi-heure à des températures de plus de 55 degrés pour pouvoir espérer le moindre effet…

Le coronavirus serait dû… À la 5G ? Ne riez pas ! La traduction française de la vidéo développant cette théorie délirante compte déjà plus d'un million et demi de vues.

L'Américain Thomas Cowen, ancien vice-président de l'Association pour la médecine anthroposophique, y explique que les virus n'existent pas puisqu'ils ne sont que « l'excrétion d'une cellule empoisonnée » qui se débarrasse de ses morceaux impurs.

Le mal a une autre origine : « Quand vous exposez tout être vivant à un nouveau champ électromagnétique, vous l'empoisonnez », explique-t-il.

La grippe espagnole correspond au développement des ondes radio, celles qui ont suivi étaient liées au développement des radars, et celle du Covid-19… au développement de la 5G ! D'ailleurs, Wuhan, foyer de l'épidémie, n'est-elle pas la première ville au monde couverte ?

Ce type de discours ferait simplement sourire s'il n'émanait d'un courant de pensée qui compte, en France, de plus en plus d'adeptes, s'incarnant dans les cosmétiques (les marques Weleda et Demeter), l'éducation (les écoles Steiner-Waldorf), et l'agriculture biodynamique.

Sur Facebook, on se partage les schémas de dessins occultes supposés protéger contre l'épidémie… Entre autres remèdes totalement aberrants.

Une seconde catégorie regroupe les théories conspirationnistes, répondant toutes au même schéma : une puissance quelconque a créé ce virus pour servir un intérêt particulier. Au début de la crise, les thèses militaires ont eu leur heure de gloire, entretenues même par le porte-parole de la diplomatie chinoise, qui tweetait, le 13 mars, un article émanant d'un site notoirement conspirationniste : « Lisez et relayez. De nouvelles preuves que le virus est venu des États-Unis. »

Et à long terme, de périlleux, redoute-t-il : les jugements définitifs, les « scénarios de Galilée autoproclamé affaiblissent l'autorité de l'expertise médicale. Et si le public doute, qui pourra le convaincre de rester dans le confinement ? »

LUTTE ANTI COVID-19 EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO : LE CSAC INTERPELLE LES MÉDIAS.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) interpelle les médias et les chevaliers de la plume sur leur devoir d’observer scrupuleusement les règles d’éthique et de déontologie en cette période de lutte contre le coronavirus en RDC. Dans un communiqué de son rapporteur, Chantal Kanyimbo Manyonga, ce 27 mars, le CSAC recommande, en effet, aux médias et aux journalistes de « se mettre toujours à l’esprit que liberté de la presse rime avec responsabilité et respect de la loi ».

Les professionnels des médias sont ainsi invités à  toujours diffuser la bonne information en évitant de succomber à la course au scoop. Leurs regards doivent se tourner, pour ce faire et selon toujours le CSAC vers le Gouvernement, l’OMS et le Secrétariat permanent de riposte contre le covid-19 pour avoir la bonne information.

Le professionnalisme doit être de rigueur, non pas seulement dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, mais aussi dans le choix des intervenants et leurs déclarations. Le CSAC stigmatise, en effet, le recours aux charlatans, aux  faiseurs des miracles et autres vendeurs d’illusions « capables de répandre des fausses informations en faisant allusion à des pratiques et remèdes non prouvés sur le plan scientifique ».

Et aux autres acteurs politiques et sociaux intervenant dans les médias, le CSAC leur recommande de « s’abstenir, dans leur prise de parole, de toute attitude ou action de nature à entraver le bon fonctionnement des structures compétentes dans la gestion de la pandémie ».

L’autorité de régulation des médias rappelle, enfin, que « le non-respect des présentes recommandations expose les différents acteurs aux sanctions prévues par la loi »

Ce petit robot répond instantanément à quelques questions. Son but est de tenter d’endiguer toutes les fake news qui circulent de manière impressionnante sur la messagerie.

 Comptant 2 milliards d’utilisateurs, WhatsApp – qui appartient à Facebook – est l’application de communication sur smartphone la plus utilisée sur la planète.

Elle est, sans surprise, la plateforme sur laquelle s’échangent le plus de fausses nouvelles sur le virus, comme on l’a vu ces derniers jours : une alerte sur des hôpitaux suisses qui doivent placer des lits dans les couloirs, une autre sur des hélicoptères qui vont larguer du désinfectant sur des villes ou encore une liste de faux remèdes contre le coronavirus…

Certains de ces messages sont si absurdes qu’ils ne trompent sans doute pas grand monde. Mais d’autres, surtout dans ce climat anxiogène, peuvent sembler réalistes.

Aucune modération Sur son propre réseau social, Facebook peut lire et tenter de modérer le contenu diffusé par les utilisateurs.

Sur WhatsApp, c’est impossible, car les messages sont chiffrés et personne, à part les utilisateurs, n’y a accès.

Dans ces conditions, difficile de lutter contre la désinformation. L’OMS essaie avec un chatbot, un service de communication instantané entièrement géré par une machine.

Pour communiquer avec ce petit robot, il faut commencer par envoyer «salut» au numéro +41 22 501 72 98 pour le français ou cliquer sur le lien wa.me/41225017298?text=salut. Pour l’anglais, le numéro est +41 79 893 18 92 et le lien wa.me/41798931892?text=hi.

Ensuite, s’affiche un message proposant neuf options: il suffit d’entrer le numéro correspondant pour accéder au sous-menu.

Il faut taper 1 pour obtenir les derniers chiffres sur la pandémie, 2 pour des conseils pour se protéger, 3 pour lire une liste de questions/réponses, 4 pour en finir avec les idées reçues, 5 pour obtenir des conseils pour les voyageurs, 6 pour lire les dernières actualités, 7 pour partager ce chatbot avec ses amis, 8 pour faire un don pour la lutte contre cette maladie et 9 pour changer de langue.

La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique souligne les défis que posent des mesures telles que la distanciation sociale et le lavage des mains dans la région ; la suspension des paiements d'intérêts sur les dettes nationales est l'un des moyens dont dispose le monde développé pour soutenir ces nations contre le Covid-19.

La Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA-ONU), a publié une liste de trois façons dont les pays les plus développés du monde peuvent aider le continent à lutter contre la nouvelle pandémie de coronavirus.

Selon la CEA, «il s'agit d'une crise mondiale, mais l'Afrique sera plus touchée, avec un coût économique lourd et durable, qui menacera les progrès, accentuera les inégalités et aggravera les faiblesses ».

Soutien

La Commission déclare que les pays africains « se préparent aux pires effets de cette pandémie », mais qu'ils ont besoin d'aide pour se préparer à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques.

Les mesures prises en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, telles que l'éloignement physique et le lavage régulier des mains, constitueront un défi particulier pour les pays dont la connectivité internet est limitée, les populations denses, l'accès inégal à l'eau et les filets de sécurité sociale limités.

En raison de ces difficultés, la CEA propose trois actions pour les 20 plus grandes économies du monde, le G20.

1. Soutien pour une réponse immédiate et humaine

Les dirigeants du G20 doivent soutenir et encourager l'ouverture des corridors commerciaux, notamment pour les produits pharmaceutiques et autres fournitures de santé, ainsi que soutenir la modernisation des infrastructures de santé et apporter un soutien direct aux installations existantes.

Selon la CEA, cela permettra aux pays de se concentrer autant que possible sur la prévention et de commencer à construire des installations de traitement.

Un soutien devrait également être apporté à l'Organisation mondiale de la santé, à l'OMS, au Fonds mondial, à l'Alliance mondiale pour les vaccins(Gavi) et à d'autres partenaires.

Ces pays devraient également soutenir les campagnes de santé publique et l'accès à l'information. Une option consiste à s'associer au secteur privé pour améliorer la connectivité à l'internet, en permettant à l'activité économique de se poursuivre pendant les mesures de distanciation sociale et en soutenant le partage d'informations.

2. Approbation immédiate d'un plan de relance économique d'urgence

Selon la commission de l'ONU, les dirigeants du G20 devraient annoncer 100 milliards de dollars pour financer la réponse immédiate dans des secteurs tels que la santé, la sécurité sociale, l'alimentation des enfants non scolarisés et la protection de l'emploi. Jusqu'à présent, 50 milliards de dollars ont été promis.

La CEA affirme que, proportionnellement à la taille de ces économies, ce chiffre est cohérent avec les dépenses promises dans d'autres régions. Le paquet devrait également inclure une suspension de tous les paiements d'intérêts sur les dettes nationales, estimées à 44 milliards de dollars d'ici 2020.

Ce soutien devrait être fourni avec prévisibilité, transparence et responsabilité afin que les ministres des finances puissent planifier efficacement et que la société civile puisse suivre ces mouvements et s'assurer qu'ils sont utilisés pour soutenir ceux qui en ont le plus besoin.

3. Mettre en œuvre des mesures d'urgence pour protéger 30 millions d'emplois, principalement dans les secteurs du tourisme et de l'aviation

Des mesures de soutien aux importations et exportations agricoles, au secteur pharmaceutique et au secteur bancaire devraient également être approuvées. Une ligne de crédit étendue et des programmes de refinancement peuvent contribuer à fournir des liquidités pendant l'année.

Selon la CEA, cette disponibilité financière est importante pour que le secteur privé puisse continuer à fonctionner, y compris les petites et moyennes entreprises qui dépendent du commerce.

Enfin, les plans de relance nationaux et régionaux devraient inclure des mesures de soutien aux entreprises africaines, permettant la suspension de divers types de paiements, y compris la dette.

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