La fin de l'épidémie Ebola pourrait être déclarée par les autorités congolaises le 12 avril 2020 en Rép dém du Congo

La République Démocratique du Congo est à son 36ème jour consécutif sans enregistrer de nouvelles contaminations liées à l'épidémie de la maladie à virus Ebola, selon le dernier bulletin sur la situation épidémiologique publié mercredi 25 mars.

Il ne reste plus que 6 jours pour que la fin de l'épidémie soit déclarée.

Compte à rebours

« Un compte à rebours de 42 jours a commencé le 2 mars pour déclarer la fin de la deuxième épidémie d'Ebola la plus meurtrière au monde », a précisé l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a qualifié la dixième épidémie d'Ebola sur le sol congolais d'urgence sanitaire mondiale.

« Nous continuons à documenter des alertes tous les jours et à vacciner des contacts », a déclaré à Genève le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Gebreyesus, en ouverture d'une conférence de presse sur le coronavirus.

D'après le Comité Multisectoriel de Riposte à cette maladie, 381 cas suspects sont cependant en cours d'investigation, et aucun cas confirmé depuis début février dernier.

Selon le même rapport, depuis l'apparition de l'épidémie à Mangina (Beni), le 1er août 2018, le cumul de ces est de 3.453 dont 3.310 confirmés et 143 probables.

Au total 2.273 personnes ont succombé à la maladie et 1.169 autres ont guéri.

Pendant plus d'une année d'épidémie, une trentaine de zones de santé a été touchée dans 3 provinces de l'Est du pays dont le Nord, Sud-Kivu et l'Ituri. Avec 721 cas, la zone de santé de Beni était la plus vulnérable et a enregistré au total 465 décès.

La fin de l'épidémie pourrait être déclarée par les autorités congolaises le 12 avril prochain, soir 42 jours après la notification d'un dernier cas, conformément aux recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Alors que la RDC est officiellement épargnée jusqu'à présent par l'actuelle épidémie mondiale de Covid-19, les autorités sanitaires congolaises ont imposé la prise de la température des voyageurs dès leur descente d'avion à l'aéroport de Kinshasa, ou quand ils traversent le fleuve Congo pour Brazzaville, la capitale du Congo voisin.

« Les mesures que nous avons prises pour lutter contre Ebola sont les mêmes que celles que nous avons prises contre le coronavirus, à savoir l'hygiène et le lavage des mains », a conclu le docteur en virologie, spécialiste du virus Ebola, Jean-Jacques Muyembe.

Des besoins estimés à 20 millions de dollars pour poursuivre la lutte
Mais l'Organisation mondiale de la santé a encore besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Au moins 20 millions de dollars, soit 17,7 millions d'euros, sont encore nécessaires pour lutter contre l'épidémie, a indiqué aux médias à Genève le Dr Ibrahima-Soce Fall, sous-directeur général chargé des interventions dans les situations d'urgence au sein de l'OMS.

Selon l'organisation, il est essentiel de maintenir sur place des capacités de « surveillance et de réaction » afin de détecter rapidement d'éventuels nouveaux cas, a-t-il dit.

« Nous avons plus de 1 169 survivants. Nous avons donc un programme important pour continuer à fournir des soins aux survivants, mais aussi pour nous assurer qu'il n'y a pas de résurgence [du virus] chez les survivants », a-t-il expliqué. « Si aucune nouvelle ressource n'est reçue, nous serons à court d'argent avant la fin de l'épidémie », a alerté l'agence spécialisée de l'ONU.

« Nous savons que l'attention internationale est actuellement davantage portée sur le Covid-19, mais […] nous avons encore besoin de 20 millions de dollars supplémentaires pour que l'OMS puisse maintenir l'équipe sur le terrain car Ebola est aussi une question de sécurité sanitaire mondiale », a insisté Ibrahima-Soce Fall.

État d'urgence mondiale

Des traces du virus étaient encore présentes dans le sperme de 5 % des hommes entre un mois et 18 mois après l'infection, avait indiqué une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en janvier 2017, portant sur des survivants de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest (2013-2016).

Déclarée le 1er août 2018, l'actuelle épidémie en RDC est la deuxième plus grave de l'histoire, après celle qui a frappé l'Afrique de l'Ouest.

Sur 3 444 cas enregistrés, il y a eu 2 264 décès. Plus de 320 000 personnes ont été vaccinées avec deux vaccins différents (plus de 300 000 avec un vaccin du groupe américain Merck Sharp and Dohme, et plus de 20 000 avec un vaccin des laboratoires Johnson & Johnson).

« Lors de la précédente épidémie d'Ebola, nous avons vu des nouveaux épisodes même après la fin de l'épidémie. C'est pourquoi nous continuons de fournir des soins de suivi à plus de 1 100 survivants », a-t-il détaillé.

« Le plus grand défi aujourd'hui pour nous, c'est le suivi des survivants parce que certains continuent à secréter le virus dans leur liquide séminal », a de son côté déclaré le responsable congolais de la lutte anti-Ebola, le professeur Jean-Jacques Muyembe.

« Nous allons faire des études pour traiter ces survivants qui sécrètent encore le virus pour qu'ils ne soient pas un danger pour leurs conjoints », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kinshasa.

De façon générale, les équipes d’intervention Ebola restent en place pour répondre rapidement à toute flambée de cas qui pourrait se produire. Étant donné la longue durée et l’ampleur de l’épidémie d’Ebola dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, l’OMS souligne qu’il existe un risque de réapparition du virus avant la déclaration de la fin de l’épidémie, et ce pendant plusieurs mois après cette déclaration.

En effet, « le virus Ebola peut persister longtemps dans les fluides corporels de certains survivants de la maladie. Le virus peut persister dans du matériel injectable usagé (aiguilles, seringues ou flacons infectés) pendant plusieurs semaines », insiste l’OMS.

Dans tous les cas, le compte à rebours a été lancé et c’est au ministère de la Santé de la RDC d’annoncer officiellement la fin de l’épidémie. Donc d’ici le 12 avril, en suivant de près les ex-patients pour éviter toute rechute et en respectant le protocole de deux périodes d’incubation de 21 jours, le pays en aura fini avec l’épidémie d’Ebola.

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