La délégation pour la paix dépêchée en Ituri par le chef de l'État a achevé ce samedi un éclair séjour de 48 heures au chef lieu du territoire de Mahagi où elle est arrivée depuis jeudi le 6 août 2020

🇨🇩⏰🔊 COMMUNIQUÉ DE PRESSE Numéro 3 DU 8 août 20 DE LA DÉLÉGATION POUR LA PAIX DÉPÊCHÉE EN ITURI PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE.*

La délégation a participé le jour même à la réunion avec le comité de sécurité territorial présidé par l'administrateur a.i du territoire de Mahagi.

A l'occasion, les participants ont évalué la situation sécuritaire du territoire. Celle-ci demeure relativement calme.

 Selon les informations reçues, la menace du groupe armé Codeco dans le territoire de Mahagi demeure actuellement résiduelle, car les forces de sécurité ont sérieusement réduit si pas annihilé la capacité de nuisance dudit groupe armé codeco dans le territoire de Mahagi. Cette menace est actuellement dûe aux actes de banditisme et de criminalité.

En collectivité-chefferie des Walendus-watsi, tout comme à Mukambo, il est signalé en outre les incursions intempestives des éléments de Codeco en provenance de Gudjo et de Pangenge en territoire de Djugu, lesquels viennent piller, voler, etc, nuitamment et retourner dans leurs maquis dans le territoire de Djugu.

Dans une série de consultations de ce vendredi 7 août 20, la délégation a d'abord conféré avec sa majesté le chef de collectivité-chefferie des Walendus-watsi, puis avec d'autres chefs de chefferies, notamment leurs majestés chefs de Panduru, de Warpalara, de Djukoth, et le chef de groupement des Angals 2 et avec le secrétaire administratif des Alur Djuganda. Il avait plu à chaque majesté de présenter la situation sécuritaire de son entité.

Leurs majestés ont dénonçé et condamné toutes les exactions commises par le codeco dans leurs entités. Ils ont appelé à une cohabitation pacifique des populations et à un plan rapide de stabilisation de la zone affectée par les conflits.

La rencontre avec la jeunesse a clôturé la série de rencontres dans le chef lieu de territoire de Mahagi.

La délégation sejourne depuis 13h00 à Katanga en collectivité-chefferie de Walendus-watsi.

Le communicateur
de la délégation.

En Ituri, depuis fin 2017, une nouvelle période de violence ravive les rivalités entre Hema et Lendu et affecte les autres communautés.

Le gouvernement du président Tshisekedi devrait obtenir la reddition des milices lendu et encourager le forum quadripartite à mettre ce conflit d’ampleur régionale à son ordre du jour.

Le nombre de maisons rendues en cendre peut atteindre plus de 500 parce qu’ils ont commencé à opérer depuis déjà 4 jours”, explique Anican Tengo de la nouvelle société civile, dans les propos recueillis par buniaactualite.com.

Rappelons que la province de l’Ituri est devenue la cible principale des miliciens CODECO depuis plusieurs mois notamment en territoires de Djugu et Mahagi.

La crise actuelle se distingue du conflit de 1999-2003 en Ituri, au cours duquel les communautés hema et lendu avaient participé à des massacres de grande ampleur, par milices interposées.

Contrairement au conflit précédent, bien que les assaillants soient recrutés essentiellement dans la communauté lendu et réunis, pour la plupart, au sein d’une association de milices, la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), les notables lendu n’assument pas la paternité de ces milices.

Cependant, la réponse militaire du gouvernement a montré ses limites et le scénario d’une escalade intercommunautaire plus généralisée ne peut être écarté.

Les milices lendu continuent de se renforcer. Les Hema n’ont, jusqu’à présent, pas organisé de représailles systématiques, mais n’excluent pas de mobiliser leurs jeunes si les attaques se poursuivent.

L’organisation de jeunes hema en groupes d’autodéfense qui érigent des barrages sur les routes de l’Ituri devrait alerter sur le risque d’une plus forte communautarisation du conflit.

Que se passe-t-il ? Depuis fin 2017, des groupes armés, majoritairement lendu, communauté ethnique d’agriculteurs, commettent des attaques meurtrières dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo (RDC).

Les cibles, au départ membres de la communauté hema, leurs voisins éleveurs, et des forces armées, sont de plus en plus indifférenciées.

En quoi est-ce significatif ? L’escalade de la violence a ravivé les rivalités historiques entre les Hema et les Lendu, communautés qui se sont déjà affrontées au cours de la guerre de 1999-2003.

Les interférences avec la province voisine du Nord-Kivu, voire avec les pays frontaliers, pourraient aggraver les défis pour le président Félix Tshisekedi.

Comment agir ? Kinshasa devrait privilégier une stratégie visant à négocier la reddition des milices lendu dans le cadre d’un dialogue élargi entre les Hema, les Lendu, et d’autres communautés. Le forum quadripartite réunissant la RDC et ses voisins Angolais, Ougandais et Rwandais devrait se pencher sur les aspects régionaux de la crise.

Synthèse

Depuis décembre 2017, des violences dans la province de l’Ituri, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), ont fait près de 1 000 morts et un demi-million de déplacés.

Initialement localisées dans le territoire de Djugu, les attaques, de faible portée, ont d’abord opposé les deux principales communautés de l’Ituri, les Hema et les Lendu. Par la suite, les milices lendu ont ciblé les Hema, puis l’armée nationale, avant de s’en prendre aux territoires voisins.

Des acteurs externes, y compris de la province du Nord-Kivu et des pays avoisinants, sont également impliqués dans ce conflit.

Afin d’enrayer une escalade dangereuse, le gouvernement congolais devrait privilégier une stratégie visant à négocier la reddition des milices lendu tout en soutenant un dialogue plus vaste entre les Hema, les Lendu, et d’autres communautés de l’Ituri.

Le président Félix Tshisekedi devrait simultanément travailler avec les pays voisins pour qu’ils cessent tout appui aux assaillants de la région.

Le conflit en Ituri pourrait avoir de multiples répercussions.

Le conflit en Ituri pourrait avoir de multiples répercussions. Les violences qui ont frappé la province ont déjà attiré certains acteurs violents du Nord-Kivu voisin, épicentre de l’insécurité dans l’Est du Congo.

Les membres d’anciens mouvements rebelles, y compris quelques cohortes du M23, basés en grande partie en Ouganda, auraient également cherché à profiter des tensions ethniques en Ituri et au Nord-Kivu pour se mêler au conflit.

Cette dynamique exacerbe en outre les tensions entre l’Ouganda et le Rwanda, qui ont tous deux joué un rôle important dans la guerre de l’Ituri de 1999-2003 et s’accusent aujourd’hui mutuellement de soutenir les groupes armés dans l’Est du Congo.

La flambée de la pandémie de Covid-19 en mars 2020 dans le territoire d’Irumu, à la limite du Nord-Kivu, risque de s’étendre dans toute la province – ce qui pourrait aggraver la fragilité des autorités qui font désormais face à la double menace de la violence et de la maladie.


Les recommandations suivantes pourraient contribuer à briser le cycle de la violence dans la province de l’Ituri, et à prévenir les ingérences extérieures :

 Le gouvernement devrait renouer le dialogue avec les milices qui ont déjà exprimé leur volonté de se rendre. Il devrait aussi poursuivre le dialogue avec les autres milices impliquées dans les violences en Ituri, dans le but de les désarmer.

Afin de parvenir à un consensus large sur les modalités de désarmement (y compris sur la question de l’amnistie), le gouvernement devrait également appuyer les efforts du caucus des députés de l’Ituri à l’Assemblée nationale.

Kinshasa devrait privilégier la réintégration des miliciens dans la vie civile, notamment à travers la mise en place de structures d’encadrement et de formation visant à leur offrir des alternatives économiques.

Les autorités provinciales et nationales devraient encourager un dialogue entre les Hema et les Lendu en impliquant les chefs coutumiers et les notables afin de discuter des dynamiques locales – telles que la question foncière – qui engendrent la violence, et des mesures requises pour mieux gérer la sécurité sur le terrain.

Par la suite, le gouvernement central devrait organiser un dialogue inclusif interiturien, comprenant aussi les communautés de la province qui ne sont pas directement engagées dans la crise actuelle, pour s’assurer que ces mesures répondent aux attentes générales de la population.

Afin de contribuer au développement et à la sécurisation des communautés de l’Ituri, Kinshasa devrait mettre en place un fonds spécial pour la région et mobiliser autant que possible ses partenaires bilatéraux traditionnels, ainsi que la Banque mondiale, pour l’alimenter.

Le président congolais devrait mettre le conflit de l’Ituri à l’ordre du jour du nouveau forum quadripartite réunissant l’Angola, l’Ouganda, la RDC et le Rwanda.

L’Ouganda et le Rwanda pourraient se servir de ce forum pour discuter de leurs accusations réciproques de soutien aux groupes armés dans l’Est du Congo, y compris en Ituri, et s’engager à mettre un terme à ce soutien.

Tant que ces étapes ne seront pas réalisées, on risque de déboucher sur une crise plus large dans les années à venir. Une résolution durable de la crise en Ituri contribuerait à la fois à rompre le cycle de la violence dans l’Est de la RDC et à atténuer les tensions dans la région des Grands Lacs.

La rédaction

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