Royaume du Rwenzururu en Ouganda ; L'institution culturelle Obusinga bwa Rwenzururu a mis en garde les candidats contre l'utilisation du royaume pour gagner des intérêts personnels

🇺🇬🇺🇬🇺🇬Omusinga Charles Wesley Mumbere du royaume de Rwenzururu.

Dans un communiqué daté du 08 décembre 2020 dernier à Kasese, le Royaume a déclaré qu'il avait noté avec une grande inquiétude que certains éléments égoïstes utilisent les symboles et les couleurs du royaume pour atteindre un cap politique pour des raisons inconnues. 

Les politiciens ont mis en garde contre le fait d'entraîner Obusinga bwa Rwenzururu dans les campagnes.

Les informations en notre possession révèle que, d'autres sont accusés d'avoir émis des déclarations et des messages que le royaume trouve injustifiés alors qu'il lutte pour restaurer la paix dans le royaume. 

John Thawite, le porte-parole du royaume a déclaré que le royaume fait appel aux sujets pour qu'ils ne tiennent pas compte des personnes qui veulent faire entrer le royaume dans leurs ambitions politiques. 

«Nous exhortons le banya Rwenzururu de bonne volonté à ignorer et à éviter de tels messages.» Il a noté. 

«Quiconque prétend par conséquent aimer l'Obusinga et notre roi mais continue de se livrer à des actes contraires devrait être mis en doute et se voir accorder le plus grand mépris qu'il mérite. une partie de la déclaration lit. 

Selon le Premier ministre du Royaume Joseph Kule Muranga, les conflits dans le royaume sont le résultat de dirigeants politiques qui mêlent leur agenda politique sous le couvert de se battre pour le royaume. Vendredi a marqué quatre ans lorsque l’armée a attaqué le palais d’Omusinga Charles Wesley Mumbere dans la ville de Kasese. 

Plus de 200 personnes ont été arrêtées et plus de 100 gardes royaux tués. Avant l'attaque du palais, les agents de sécurité ont allégué que le palais était un terrain d'entraînement pour les gardes royaux qui prévoyaient de déstabiliser le pays.

Mumbere et les gardes royaux ont été arrêtés et traduits en justice pour terrorisme, trahison, meurtre, tentative de meurtre et vol, entre autres. Ils ont été placés en prison. Bien que Mumbere et d'autres responsables du royaume aient été libérés sous caution, les autres suspects sont toujours en détention provisoire. 

Récemment, Muraga a déclaré que le gouvernement était sur le point de libérer une partie des gardes royaux de Rwenzururu qui sont en prison depuis 2016.

Le royaume du Rwenzururu est une monarchie traditionnelle habitée par l'ethnie Bazonko. Situé à l'ouest de l'Ouganda et dans la République démocratique du Congo, on estime sa population à environ 5 millions d'habitants (4).

Alors que les tensions montent, le gouvernent lance une opération afin de récupérer les armes illégales du royaume (5). 

C'est par la suite que des affrontements surgissent entre les forces de l'ordre et les milices séparatistes (6). Ceux-ci prennent fin lorsque le roi Rwenzururu est arrêté et le royaume pris d'assaut. 

Le président Museveni avait précédemment énoncé qu'il n'y aurait pas : « un pouce d'enlevé à l'Ouganda [traduction de l'auteur] (7) ».

Des revendications de longue haleine

Lors de l'indépendance de l'Ouganda en 1962, sous Milton Obote, les royaumes traditionnels sont abolis et leurs pouvoirs limités (8). 

Pour ce qui est du royaume de Rwenzururu, les revendications commencent sous le roi Mumbere, père du souverain actuel, et perdurent depuis ce temps. 

En effet, les Bazonkos « ont espoir de faire reconnaître leur vieux royaume (9) ». Ce n'est que dans les années 1980 qu'ils déposent les armes (10).

Le fils, tout comme son père, veut faire reconnaître les droits des Bazonkos. 

En 2009, Charles Wesley Mumbere est intronisé et le royaume est reconnu comme une institution culturelle par Museveni, mais encore une fois avec des pouvoirs limités (10).

 D'ailleurs, le président précise que le royaume ne doit pas s'ingérer dans les affaires politiques du pays (11).

Détenu depuis les évènements du 27 novembre, le roi Rwenzururu a été libéré sous caution le 6 février 2017. Les chefs d'accusations de meurtre et de trahison portés contre lui sont toujours à l'étude (12). 

Le chef d'accusation de meurtre remontait à des évènements survenus en mars, n'ayant aucun lien avec l'assaut actuel (13). Pour ce qui est des accusations de trahison, le roi affirme n'avoir aucun lien avec les milices séparatistes (14).

Les racines du problème au Rwenzururu

Sous le protectorat, les populations Bakonzo, situées de part et d’autre de la frontière ougando-congolaise actuelle, avaient déjà demandé à l’administration coloniale de créer un royaume séparé de celui de Toro, dans lequel ils avaient été intégrés arbitrairement. 

Après le refus des autorités britanniques, et trois mois avant la déclaration de l’indépendance en octobre 1962, les Bakonzo décident de mener une guérilla séparatiste : le mouvement « Rwenzururu ». 

Son ambition est de créer un nouveau territoire indépendant avec, à sa tête, le roi des Bakonzo.

La guérilla survivra jusqu’en 1982, sous Milton Obote (revenu aux affaires après la chute d’Idi Amin Dada), date à laquelle ils déposent les armes à la suite d’un accord politique. 

Mais les revendications séparatistes ont perduré et Yoweri Museveni reconnaîtra finalement le royaume en 2009 en tant que tel, afin de calmer les tensions entre Bakonzo et les autres ethnies de la région. 

Le roi des Bakonzo, Charles Wesley Mumbere, est ainsi intronisé le 19 octobre 2009. Ses prérogatives restent les mêmes que celles des autres rois d’Ouganda.

Une entité toujours séparatiste ?

Depuis 2009, les rumeurs persistantes de création et d’entraînement de milices royalistes, avec pour ambition la création de la « République d’Yiira » indépendante, n’ont eu de cesse d’irriter le pouvoir central. 

« Quiconque est impliqué dans ce rêve dangereux verra ses efforts réduits à néant », avait averti le président Museveni en mars.

Une intervention effectuée alors que le parti présidentiel venait de perdre la majorité dans cette région lors des élections générales face au parti de Kizza Besigye. 

De violents affrontements avaient d’ailleurs déjà eu lieu lors de l’annonce de la contestation de certains résultats locaux, faisant plusieurs dizaines de morts.

Liens avec d’autres rébellions

Le Rwenzori, la région qui tient son nom de la chaîne de montagne qui forme une frontière naturelle avec la RDC voisine, et dans laquelle se trouve le royaume du Rwenzururu, a toujours été une terre de rébellion, selon la presse ougandaise.

C’est là que les Forces démocratiques alliées (ADF) ont porté le plus clair de leurs attaques dans les années 1990 contre l’armée ougandaise.

Officiellement, il n’y a pas de lien établi entre cette rébellion qui continue de sévir de l’autre côté de la frontière et les séparatistes du Rwenzururu. 

Mais, dans un long communiqué transmis en décembre 2016 par le gouvernement, ougandais il est clairement établi que des éléments de l’ancienne rébellion du mouvement Rwenzururu ont suivi un autre groupe armé de la région, celui du Front national ougandais, les NALU, futurs des ADF.

Références:

(1) Felix Basiime, « Rwenzururu king arrested over fresh Rwenzori clashes », Daily Monitor 25, 27 novembre 2016, http://www.monitor.co.ug/News/National/Rwenzururu-... (page consultée le 15 septembre 2017).

(2) Gaël Grilhot, « Pourquoi le roi du Rwenzururu a été arrêté en Ouganda», Le Monde, 30 novembre 2016, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/11/30/p... (page consultée le 15 septembre 2017).

(3) Daily Monitor 25, op. cit.

(4) Brighter Brains, « History of BaKonzo », 20 janvier 2016, http://brighterbrains.org/articles/entry/history-of-bakonzo (page consultée le 21 septembre 2017).

(5) Wilson Assime, « High tension in Kasese », New Vision, 26 novembre 2016, http://www.newvision.co.ug/new_vision/news/1440910... (page consultée le 15 septembre 2017).

(6) Gaël Grilhot, op. cit.

(7) Matsiko Grace, « Combats en Ouganda : un monarque local inculpé de meurtre, le bilan passe à 87 morts », Agence France-Presse, 29 novembre 2016, https://search.proquest.com/central/docview/184434... (page consultée le 15 septembre 2017).

(8) Le Monde diplomatique, « D'une guerre civile à l'autre », juillet 2011, https://www.monde-diplomatique.fr/2011/07/A/20774 (page consultée le 15 septembre 2017).

(9) Rfi Afrique, « Ouganda : le royaume du Rwenzururu en proie à des revendications indépendantistes », 28 novembre 2016, http://www.rfi.fr/afrique/20161128-ouganda-roi-rwe... (page consultée le 21 septembre 2017).

(10) Ibid.

(11) Gaël Grilhot, op. cit.

(12) Tausi Nakato, « I am still a prisoner, says king Mumbere », Daily Motion 25, 27 mai 2017, http://www.monitor.co.ug/News/National/Still-priso... (page consultée le 15 septembre 2017).

The Observer, « Mumbere case hearing adjourned to January 12 », 28 décembre 2016, http://observer.ug/news/headlines/50515-jinja-cour... (page consultée le 15 septembre 2017).

(13) Gaël Grilhot, op. cit.

(14) Ibid.

-N.D.L.R.: Il est possible que des hyperliens actifs au moment de la recherche et de la rédaction de cet article ne le soient plus ultérieurement.

La rédaction

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