« Relations très très tendues entre les autorités de Kinshasa et la Monusco »

"Les relations entre le gouvernement et la mission onusienne en RDC traversent une zone de fortes turbulences. La révélation est de Martin Köbler, lors du point de presse hebdomadaire de la Monusco. Les relations entre le gouvernement et la mission onusienne en RDC traversent une zone de fortes turbulences. La révélation est de Martin Köbler, lors du point de presse hebdomadaire de la Monusco. Le chef de la Monusco avoue: « Les relations entre la Monusco et le gouvernement, mais aussi le président de la République, c’est un moment difficile, c’est tendu ». L’histoire renseigne que les relations entre l’ONU et le gouvernement sont marquées par des hauts et des bas.
Comme dans un cycle, les moments de tensions alternent aux périodes d’accalmie. Le plus souvent, les deux parties jouent à l’hypocrisie au point qu’il se pose une réelle question de confiance entre elles. De temps en temps, elles se tiennent par la gorge, montrant qu’elles se détestent, parfois, elles sentent qu’elles doivent marcher ensemble et se soutenir mutuellement.
Les illustrations ne manquent pas. Du côté des sources diplomatiques, l’Agence France presse rapporte que « la rupture est totale » entre les Casques bleus et l’Armée congolaise. La pomme de discorde entre les deux partenaires porte sur la désignation par les autorités congolaises de deux généraux, listés, par la Monusco comme infréquentables pour des activités jugées criminelles sur les populations civiles. Et pourtant, les deux officiers généraux ont reçu mission du commandant suprême de mener la traque des rebelles rwandais de FDLR. L’offensive est menée en solitaire par les FARDC, sans le concours des Casques bleus, qui ont posé des conditionnalités « inacceptables pour un gouvernement souverain ». En réaction, le président de la République a décidé « de renoncer à tout appui de la Monusco dans les opérations de traque des FDLR ».
Les Casques bleus sont absents de l’offensive contre les rebelles hutus rwandais de FDLR annoncée fin janvier par l’armée congolaise et qui est entrée dans une phase véritablement opérationnelle fin février dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu. Déjà plus de 150 FDLR sont « neutralisés » par les FARDC depuis le début de l’opération.
Toutefois, Martin Köbler continue d’affirmer que la coopération entre les FARDC et la Monusco se poursuit toujours. De son côté, Lambert Mende déclare la même chose, insistant sur le fait que la renonciation ne concerne que les opérations contre les FDLR. D’ailleurs, contre « les ADF c’est une vraie coopération, cela n’a pas changé jusqu’à maintenant », affirme M. Köbler. Il illustre son propos: « Nos troupes vivent ensemble, mangent ensemble, combattent ensemble dans la brousse avec les FARDC (Forces armées de la RDC, NDLR), nous participons à la brigade d’intervention ». « Faux » rétorque un officier général sous le couvert de l’anonymat, se confiant à l’AFP: « Sur le front des ADF nous menons nos opérations avec nos seuls moyens ». Dans les milieux diplomatiques de Kinshasa, l’on affirme que l’ordre de rupture serait venu des autorités congolaises qui ont donné des consignes claires mises en application par les hommes sur le terrain.
Partira, partira pas
Le Conseil de sécurité se posera certainement cette question avant de décider sur le bienfondé du départ ou non de la Monusco. Les raisons qui avaient conduit l’instance Onusienne à créer la Monuc existent-elles toujours? Est- ce que les forces négatives ont perdu leur capacité de nuisance? Tout dépendra donc de la capacité de dissuasion des uns et des autres. La qualité et la crédibilité des informations mises à la disposition du Conseil de sécurité détermineront l’instance onusienne à prendre une décision conséquente. La situation de fait sur le terrain comptera aussi pour beaucoup dans la position du Conseil de sécurité de l’ONU.
La passe d’arme entre les deux partenaires d’hier et d’aujourd’hui ne trouvera d’issue qu’après la réunion du Conseil de sécurité. D’ailleurs, eu égard aux temps partagés et aux moments difficiles vécus par les deux partenaires, la séparation ne devra pas être douloureuse. Un modus operandi devra dicter un modus vivendi jusqu’à ce que la situation revienne à la normale en RDC, dans sa partie orientale. La Monusco partira un jour du territoire congolais suivant un calendrier concerté. Il se pourrait que lors de la prochaine réunion, cela devienne une réalité. L'armée congolaise a reçu l'ordre de cesser toute collaboration avec la Monusco. Les relations entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et l'ONU traversent une mauvaise passe, a reconnu mercredi le chef de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), des sources diplomatiques faisant état d'une rupture totale de la coopération entre les Casques bleus et l'armée congolaise. Les relations entre la Monusco et le gouvernement, mais aussi le président de la République [Joseph Kabila, NDLR], c'est un moment difficile."

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