Baraka Obama en visite à Londres : le président des États-Unis a estimé qu'être dans l'Union européenne amplifiait la voix de Londres dans le monde. La présence de la Grande-Bretagnedans l'Union européenne amplifie la voix de Londres dans le monde, et la question du maintien ou non du royaume dans l'UE revêt un « profond intérêt » pour les États-Unis, a déclaré le président américain Barack Obamadans une tribune. « L'Union européenne ne diminue pas l'influence britannique - elle l'amplifie. Une Europe forte n'est pas une menace pour le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde, elle accroît le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde », a écrit Barack Obama dans cette tribune publiée vendredi par le quotidien britanniqueDaily Telegraph. Barack Obama, en visite à Londres - probablement la dernière de son mandat - pour s'entretenir avec le Premier ministre britannique David Cameron, et aussi déjeuner avec la reine Elizabeth II, est intervenu avec force dans le débat sur le Brexit.

Cauchemar entre les Européens, pour les europhiles, libération pour les europhobes, le Brexit, ou sortie de la Grande-Bretagnede l'Union européenne, représenterait un saut dans l'inconnu, alors qu'aucun pays n'a jusqu'ici fait sécession du club. L'UE, par la voix du président de la Commission Jean-Claude Juncker, a affirmé qu'il n'y avait pas de plan B, et Downing Street n'a rien dans ses cartons : l'heure est donc à l'improvisation.
Certains en ont même fait le thème d'un War Game (jeu de simulation), organisé fin janvier à Londres en présence d'anciens responsables européens. Et avec le scénario du Brexit, la discussion tournait rapidement au vinaigre. Première étape obligée cependant : les deux parties négocient cette sortie, comme le prévoit l'article 50 du Traité de Lisbonne. Les discussions doivent aboutirdans les deux ans, sauf prolongation d'un commun accord.
Pas de "pays de Cocagne"
De ces discussions dépend largement la suite : la Grande-Bretagne resterait-elle dans l'Espace économique européen (EEA) à l'instar de la Norvègeou l' Islande, et donc partie du marché unique, ou en sortirait-elle ? Dans la City, plus importante place financière d'Europe, hostile à un Brexit, les scénarios sont déjà étudiés. Le président du géant bancaire européen HSBC, Douglas Flint, qui vient de choisir de rester à Londres, a souligné qu'il pourrait facilement délocaliser 1 000 emplois vers Paris. "Méfions-nous de ceux qui prétendent que quitter l'Europe conduit automatiquement au pays de Cocagne", a plusieurs fois averti le Premier ministre David Cameron.
Selon une étude du think tank Open Europe, un Brexit coûterait environ un point en moins du Produit national brut en 2030. "Quitter le marché unique et l'Union douanière ne serait pas compensé par la conclusion d'un nouvel accord commercial avec l'UE", estime l'étude, selon laquelle le pays "ne prospérera hors de l'UE qu'à travers une libéralisation commerciale et une dérégulation". Mais ouvrir ses frontières à la concurrence de pays à bas coût de main d'oeuvre vient contredire la volonté affichée de limiter drastiquement l'immigration, point névralgique du Brexit.
Les règles de l'UE abolies
Une certitude dans les différents scénarios : le Royaume-Uni reprendrait le contrôle de ses frontières et limiterait l'immigration de tous les pays, y compris d'Europe de l'Est, privant leurs ressortissants de prestations sociales. Car le Parlement pourrait à sa guise abolir les règles de l'UE incorporées dans la loi britannique. Question subsidiaire : la police des frontières britannique resterait-elle stationnée en France, ou la France déciderait-elle d'arrêter les contrôles de son côté, laissant partir vers le Kent, via l'eurotunnel, les milliers de migrants bloqués dans l'insoutenable "Jungle" de Calais ?
Quant aux conséquences dans la vie quotidienne des citoyens de l'UE résidant au Royaume-Uni, traités comme tous les autres étrangers, ils auraient besoin d'un permis de séjour et d'un permis de travail. Et les pays de l'UE pourraient répliquer en appliquant les mêmes règles aux citoyens du Royaume-Uni. En matière de sécurité et de défense, on peut raisonnablement parier que tout le monde aurait intérêt à continuer la coopération et l'échange d'informations dans le domaine militaire et la lutte antiterroriste.
Retour aux "mesures impériales". La présence de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne contribuait à la proximité de l'UE avec les États-Unis et que le résultat du référendum du 23 juin affecterait aussi les Américains. « Les États-Unis se rendent compte que votre voix puissante en Europe garantit que l'Europe ait une position forte dans le monde, et qu'elle garde l'UE ouverte, regardant vers l'extérieur et étroitement liée à ses alliés de l'autre côté de l'Atlantique », a ajouté Barack Obama. « Les États-Unis et le monde ont donc besoin que votre énorme influence se poursuive, y compris au sein de l'Europe », a-t-il poursuivi. Barack Obama a déclaré à plusieurs reprises qu'il était en faveur d'un Royaume-Uni fort dans une UE forte.
Les partisans du Brexit ont appelé le président américain à rester en dehors du débat sur le référendum, criant à l'ingérence. Toutefois, les crises de la dette souveraine ou les attaques terroristes ont fait remonter l'Europe dans l'agenda politique du président - ainsi que la question du maintien ou non du Royaume-Uni dans l'UE. « Je dirais, avec toute la sincérité que peut se permettre un ami, que le résultat de votre décision est d'un profond intérêt pour les États-Unis », a écrit Barack Obama dans sa tribune. « Les dizaines de milliers d'Américains qui reposent dans les cimetières européens prouvent à quel point notre prospérité et notre sécurité sont entremêlées », a relevé le président dans une référence à la participation des forces américaines aux combats des deux guerres mondiales en Europe. « Le chemin que vous choisirez aura un écho dans les perspectives de la génération américaine actuelle », a prédit Barack Obama.

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