Beni ville : les habitants urbain sont la cible des bandits minue des armes à feu dépuis presque une semaine : ces bandits utilisent, des grosse pierres pour cassé, la plus part des portes des maisons. Le présent article, fruit d’une analyse rigoureuse, sans complaisance et exempte de toute émotivité, effectuée par les analystes de ce blog, permet d’éclairer nos lecteurs sur les enjeux politiques et géopolitiques nationaux et régionaux sous-jacents de l’insécurité qui prévaut dans cette ville du Grand Nord au Nord-Kivu. La valeur ajoutée de cette analyse, dans le scenario d’un conflit qui perdure et aux contours flous, c’est d’être parvenu à identifier les acteurs majeurs de la crise. 1. Un climat politique local exécrable Les tueries de Beni se produisent dans un environnement politique assez exécrable marqué par un vieux conflit de leadership dans le Grand Nord (le Pays des Nandes – territoires de Beni et de Lubero) opposant deux camps : les kabilistes d’un côté, les fidèles deMbusa Nyamwiside l’autre.

Des groupes de bandits opèrent avec les armes blanches depuis quelques semaines dans certains quartiers de Beni-ville au (Nord-Kivu).
Des sources locales rapportent que, mercredi 13 avril, que cas d’extorsion de l’argent, des téléphones portables et des vols dans les maisons sont observés presque chaque nuit.
Selon l’inspecteur urbain de la Police nationale congolaise (PNC), le colonel Flamand Baliwa Ngoy, les auteurs de ces actes sont en majorité des criminels venus d’autres villes dela Rdc. C’est à ce conflit qu’il faut attribuer l’acte de vandalisme de la nuit du 7 novembre 2014 au cours de laquelle la statue d’Enoch Nyamwisi Muvingi, le grand-frère de Mbusa Nyamwisi, a été amputée du bras gauche et de la tête, probablement au titre de représailles après la destruction, le 2 novembre dernier, de la statue de Joseph Kabila par une foule en colère. Cette foule n’était pas formée des partisans de Mbusa. C’était juste des gens en colère qui protestaient contre les massacres. Quel que fût le président qui aurait été au pouvoir à Kinshasa, sa statue (s’il en avait une) aurait été tout autant détruite à Beni après les tueries. La destruction de la statue d’Enoch Nyamwisi est donc un acte attribué aux kabilistes qu’un analyste de Beni trouve à la fois stupide et une provocation qui pourrait envenimer une situation déjà explosive.
A ce propos, nous relatons ici un extrait d’échange que nous avons eu avec un habitant de Beni :
08/11/2014 11:21 Contact à Beni:
«M. Wondo, après la destruction de la statue du Président Kabila, un couvre-feu est arrivé à sa troisième nuit. Curieusement, cette dernière nuit, c’est la statue du feu Nyamwisi Muvingi (grand frère de Mbusa Nyamwisi) qui a été profanée en lui arrachant la tête et les bras. Qui d’autre pouvait le faire au milieu de la nuit alors que toute circulation s’arrête à 18h30? Seul le pouvoir peut répondre à la question. Règlement de compte? Avant-hier, le Gouverneur a nommé d’autres chefs de quartiers en lieu et place de ceux appartenant aux partis de l’opposition.»
Les lecteurs se rendront vite compte que la situation politique à Beni est très délicate et pré-explosive. Mais la complexité ne s’arrête pas là.
2. Milices et criminalité
Mbusa Nyamwisi disposait d’une petite armée, l’APC, mais dont les hommes n’ont pas vraiment profité de l’environnement créé par la réunification du pays en 2002-2003. Il a toutefois réussi à les gérer tant qu’il était dans les bonnes grâces du régime de Kinshasa. Mais depuis sa rupture avec Kabila, et son alliance avec Vital Kamerhe, Mbusa assiste impuissant au calvaire de ses hommes, parfois victimes d’une chasse aux sorcières. Le groupe s’est dispersé et on peut retrouver ses membres dans toute sorte d’activité, y compris criminelles. Dans leurRapport S-2012-843de novembre 2012, les experts de l’ONU croient savoir que les hommes de Mbusa Nyamwisi opèrent derrière la FOLK[1]du chef maï-maï Bana Sultani Selly, alias « Kava wa Selly » dans la vallée de la Semliki[2]. Par ailleurs, dans un entretien de juin 2013, Mgr Melchisédech Sikuli a qualifié Mbusa, sans le nommer, de bandit[3]. Le prélat était toujours sous le coup de l’enlèvement des prêtres assomptionnistes Jean-Pierre Ndulani, Edmond Kisughu et Anselme Wasukundi. Les trois hommes de Dieu avaient été enlevés le 19 octobre 2012 à leur résidence de Mbau (20 km de Beni). Mgr Sikuli a toujours considéré que les hommes de Mbusa sont derrière ces enlèvements.
Cette accusation peut être rendue crédible par le fait que les bastions de l’ADF que sont les collectivités Watalinga et Ruwenzori (voir carte) sont aussi la terre natale des Nyamwisi. La famille Nyamwisi est originaire de la collectivité de Watalinga. Le gros effectif de l’armée de Mbusa était formé des Nandes, bien entendu, mais les plus motivés des recrues étaient originaires de Beni et des deux collectivités de l’Est de Beni. Que sont-ils devenus ?
Qui peut croire qu’avec l’expérience militaire qu’ils ont acquise[4]et l’abandon dont ils ont été l’objet depuis, ils ne fussent pas tentés, de retour dans leurs terroirs de Ruwenzori, de Beni et de Watalinga, d’offrir leurs services aux ADF ? L’un des soldats de Mbusa n’est autre que le lieutenant-colonelBirotshoactuellement inculpé pour de possibles liens avec l’ADF et l’assassinat du colonel Mamadou Ndala[5]. DESC a par le passé émis des doutes sur la crédibilité de ce procès bidon et mascarade.
Toutefois, DESC estime que si la culpabilité du bouc-émissaire Birotsho était confirmée par des recherches plus approfondies et crédibles à l’avenir, c’est qu’il devait être dans un état de désarroi financier que les instigateurs de la mort de Mamadou Ndala ont exploité pour l’entraîner dans le complot en sachant préalablement qu’ils l’y abandonneraient. Le cas Birotsho traduit la traversée du désert des hommes de Mbusa qui, après avoir fait la pluie et le beau temps dans le Grand Nord, sont à présent dans une telle galère qu’ils seraient prêts à offrir leurs services à qui que ce soit.

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