Complicité et l' agenda caché des États-Unies contre la Rdcongo pour une mission de déstabilisation des institutions nationaux. Dans une interview accordée samedi 09 avril 2016 à RFI, Tom Perriello envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs, s’est livré à un exercice d’analyse pour le moins bizarre de la situation sécuritaire et du processus électoral en cours en République Démocratique du Congo. Au regard de la lourde charge et de la légèreté stupéfiante des propos tenus par cet envoyé spécial d’un Etat partenaire majeur de la RD Congo dans cette interview, tout observateur honnête et objectif au parfum de la situation réelle dans ce pays est en droit non seulement de questionner le rôle d’un envoyé spécial en général, mais aussi de s’interroger sur ses objectifs particuliers. En effet, en des termes frisant l’irrationalitéet l’irresponsabilité, Tom Perriello annonce déjà l’apocalypse et déroule un scénario qui semble écrit à l’avance par les officines qui planifient depuis belle lurette des affrontements fratricides entre Congolais, et propices au pillage des ressources de leur pays.

Ainsi, s’agissant du mandat de protection des civils par la Monusco, à la différence de tous les observateurs qui constatent que 17 ans après, la présence des forces onusiennes n’a pas toujours été à la hauteur des attentes concernant la protection des populations civiles, c’est avec un cynisme déconcertant que Tom Perriello balaye cette réalité et dédouane tout bonnement la Monusco de ses responsabilitésen la matière et en impute, sans gants, toutes les défaillances au gouvernement congolais. Comme quoi, la démonstration est faite : les victoires ont toujours un trop plein de pères tandis que les défaites sont toujours orphelines.
En ce qui concerne le processus électoral, contrairement à tous les analystes sérieux qui sont convaincus de l’impossibilitéobjective d’organiser les élections dans les délais prévus par la Constitution en raison des contraintes soulevées par ce processus et dont la Centrale Électorale congolaise a rendu publiquement compte en invitant tous les protagonistes à assumer chacun sa part de responsabilités, et malgré toutes les informations fines dont il dispose, Tom Perriello n’en a cure. Embouchant sans se gêner outre mesure les revendications ubuesques d’une certaine opposition, cet Envoyé des Etats-Unis dont, soit dit en passant, son pays n’a apporté aucun appui en réponse à ces contraintes, soutient le contraire. Inscrit dans le fétichisme des dates, il endosse volontiers l’habit de fauteur de guerre en prophétisant le sang et les larmes pour la RDC si les élections ne se tenaient pas avant le 19 décembre, parlant au passage d’une autre façon de sortir de la situation actuelle. L’évocation de cette autre façon de sortir de la situation ne peut laisser indifférent, car elle vient manifestement donner raison au patron de la diplomatie congolaise, Raymond Tshibanda, qui soulignait récemment l’existence probable d’un agenda caché dans le chef de certains partenaires du pays de Lumumba. Le Ministre des Affaires Etrangères n’a eu de cesse de dénoncer la pression et l’exigence en faveur de l’élection présidentielle en RD Congo dans les délais et dans le contexte actuel car, de son point de vue, ces pressions et cette exigence frisent l’irresponsabilité en plus de faire le lit de la violence.
Toujours à propos du processus électoral, après avoir accusé le gouvernement congolais d’être le principal obstacle d’une non-tenue des élections dans les délais pour des raisons qu’il qualifie, on ne sait trop sur quelles bases, d’artificielles, Perriello annonce déjà des sanctions à l’encontre de ce gouvernement en prenant le culot de mettre en regard la situation burundaise et celle de la RD Congo. Pourtant, il n’est un secret pour personne que dans le cas du Burundi, il y a eu un changement de la constitution tandis que dans le cas de la RDC, il n’est encore et toujours question que d’un procès d’intention dans la mesure où le Président Kabila n’a jamais annoncé, ni officiellement ni en privé, une intention quelconque de modifier la Constitution ou de briguer un troisième mandat à la tête de son pays. Ce lien irrationnel avec le Burundi est peut-être pour l’envoyé spécial pour la région des Grands Lacs une façon de justifier son titre et surtout son silence sur la situation politique des autres pays de la région dont il ne dit mot. L’envoyé spécial choisit exprès de passer sous silence les cas du Rwanda et du Congo-Brazzaville, deux pays de la région des Grands Lacs où les Constitutions ont été modifiées pour conduire à des mandats présidentiels illimités. Il sait pertinemment bien que Joseph Kabila, grâce à qui la RD Congo, selon ses propres mots, est passée « de la guerre civile la plus sanglante de l’ère moderne à la stabilité » et qui a fait de son pays le seul endroit de la région où l’opposition et la société civile ont droit de cité, ne peut pas à la fois être le géniteur d’une démocratie et son liquidateur.
Enfin, lorsque Tom Perriello affirme que « le glissement est un choix délibéré, une stratégie à très haut risque« , l’on voudrait bien connaître la nature de ce risque et surtout savoir pour qui?
Si l’Envoyé Spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs avait la conviction sincère que les élections peuvent encore se tenir dans les délais qu’il souhaite, les Congolais auraient voulu qu’il annonce les dispositions prises et les moyens qu’il aurait mobilisés à cette fin, plutôt que de se limiter à des incantations et à des menaces d’un autre âge sur des institutions d’un Etat souverain. Pour sa part, le peuple congolais, conscient des difficultés que partagent le pays entier et la CENI, regarde plutôt du côté du dialogue national imminent d’où sortiront, sans nul doute, des solutions efficientes pour un atterrissage en douceur et un processus plus réaliste.

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