Le site web américain Gizmodo, a publié un article accusant Facebookde « censurer » les sites conservateurs, et notamment les sites proches de Donald Trump. L’article a soulevé de nombreuses questions sur le fonctionnement destrending topics(fenêtre de sujets tendances) du réseau social.

Que dit Facebook ?
Le responsable de l’équipe en charge des trending topics, Tom Stocky, a publié une réponse détailléeà l’article de Gizmodo.
« Nous prenons ces accusations de parti pris de manière très sérieuse et nous n’avons trouvé aucune preuve de la véracité de ces allégations anonymes, écrit-il.Nos équipes suivent des règles rigoureuses pour s’assurer qu’ils travaillent de manière neutre et fiable. Ces règles interdisent toute censure sur la base d’opinions politiques. Elles n’autorisent pas non plus le fait de mettreen avant un point de vue davantage qu’un autre. Ces règles n’interdisent pas non plus à des sites d’information spécifiques d’apparaître dans les trending topics. »« Les sujets populaires sont d’abord triés par un algorithme, puis examinés par une équipe pour confirmerqu’il s’agit bien d’informations réelles.(…)Nous demandons à nos équipes de ne pas publierd’informations fausses, de doublons, de faux ou de sujets sans sources crédibles.(…)Facebook interdit à nos employés de discriminerdes sources, quelle que soit leur idéologie politique, et nous avons conçu nos outils de manière à rendrecela impossible. Les actions de nos employés sont enregistrées et examinées a posteriori, et le non-respect de ces règles peut conduireà un licenciement. »
Citant un exemple évoqué par Gizmodo, M. Stocky explique avoirvérifié si, comme l’affirmait l’article, le mot-clé #‎BlackLivesMatter‬ avait été ajouté artificiellement à la liste des trending topics au moment des émeutes de Ferguson. Il affirme que l’enquête interne montre que ce n’est pas le cas.
Quelles sont les limites de l’article de Gizmodo ?
Derrière son titre très affirmatif, l’article de Gizmodo reconnaît lui-même certaines limites à ce qu’il avance : le fait, par exemple, que son auteur n’ait pas été en mesure de confirmer si des« biais similaires ne s’appliquaient pas à des sites démocrates ». Par ailleurs, certains des sites conservateurs évoqués dans l’article, dont Breitbart, ne sont pas des modèles de fiabilité – des articles de ces sites ont donc pu se voir interdirel’entrée dans les trending topics non pas en raison des opinions qui y étaient développées, mais pour des sources insuffisantes ou des informations jugées trop peu crédibles.
Enfin, le premier article publié par Gizmodo sur ce sujet, et qui décrit des conditions de travailpeu enviables, expliquait que si les sous-traitants travaillant sur les trending topics ont le pouvoirde bannirun sujet de la liste,« les personnes interrogées disent n’avoir constaté aucun abus ».
Quelles ont été les réactions des conservateurs américains ?
Elles ont été violentes. L’édition du 10 mai du quotidien conservateurNew York Posttitre sa « une » sur l’affaire, affirmant :« Vousne lirez pas ça sur Facebook – le site censure l’info. »
possible censure exercée par #Facebook, accusé de limiter la visibilité de certaines infos https://t.co/Dc3dMRWcdx— B3zero (@B3zero)
D’autres sites de droite, et notamment l’ultraconservateur Breitbart, ont aussi crié à la censure. Plus généralement, les médiasproches de Donald Trump y voient une tentative de déstabiliserleur candidat. Ils s’appuient notamment sur plusieurs déclarations de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, qui s’est souvent montré critiqueface à la politiqueanti-immigration de Donald Trump. Cependant, Facebook fait aussi partie des sponsors de la convention républicaine – comme l’entreprise sponsorise également la convention démocrate.
Facebook tiendra aussi un stand à la convention républicaine – où l’accueil pourrait être houleux pour le réseau social. L’entreprise ne sera cependant pas la seule représentante de la Silicon Valley. Que dit l’article de Gizmodo ?
Publié lundi 9 mai, sous le titre « Nous supprimions régulièrement des infos de droite, disent d’anciens salariés de Facebook », cet article est la deuxième partie d’une enquêtemenée par le site américain sur la fonctionnalité trending topics de Facebook. Cette fenêtre, disponible uniquement aux Etats-Unis, affiche une liste de sujets d’actualités très consultés sur Facebook directement dans lenewsfeed, la page d’accueil de l’utilisateur de Facebook sur ordinateur.
Les articles de Gizmodo s’appuient sur plusieurs témoignages anonymes d’anciens sous-traitants ayant travaillé comme curateurs pour Facebook : un travailconsistant à rédigerles brèves descriptions pour chaque élément de cette liste, et de les ordonner.
Ces témoins expliquent que contrairement aux affirmations de Facebook, le fil trending n’affiche pas de manière fidèle les sujets les plus lus sur le réseau social. Des sujets y sont parfois artificiellement ajoutés (dont l’attentat contreCharlie Hebdo), et certains liens peuvent êtrearbitrairement retirés.
Dans l’article publié le 9 mai, deux témoignages accusent certains responsables d’équipe d’avoir régulièrement censuré des sujets d’actualité concernant le Parti républicain, d’avoir interdit de donnerdes liens vers certains sites très conservateurs, et d’avoir supprimé.

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