Alphabet, la maison mère du géant Google, a publié, jeudi 26 janvier, 2017, ses résultats annuels. Avec un bénéfice net en hausse de 23 %, à 19,5 milliards de dollars (18,3 milliards d’euros), et un chiffre d’affaires de 90,3 milliards de dollars (+ 20 %), l’année 2016 aura été une bonne cuvée, selon le journal français, le monde. La mutation du marché publicitaire oblige Google à bouger Le géant américain de l’Internet a encore enregistré une vive croissance de ses résultats en 2016. Le groupe investit massivement pour diminuer sa dépendance à la publicité. Même si les résultats du dernier trimestre ont quelque peu déçu les observateurs : la progression du bénéfice net (8 %) s’est révélée inférieure aux attentes, en raison de« frais exceptionnels liés à une augmentation du taux d’imposition », selon le groupe :

Alphabet (Google) devient la première capitalisation mondiale
L’entreprise californienne vaut 555 milliards de dollars. Ses activités historiques compensent les investissements sur les technologies du futur. Cette publication était très attendue dans la mesure où, pour la première fois, la société communiquait de façon séparée sur les résultats de ses activités principales (son moteur de recherche, le site de vidéosYouTube et le système d’exploitation pour téléphone mobile Android) et ceux de sa galaxie de filiales qui investissent sur les technologiesdu futur. Une initiative censée donnerune vision plus claire à la fois de la rentabilité de son métier historique, focalisé sur la publicité sur Internet, et du poids des investissements consacrés à des activités qui vont de la santé (Calico) à la voitureautonome sans chauffeur (Google X), en passant par la domotique (Nest) ou le capital-risque (Google Ventures), regroupés en interne sous l’intitulé « Autres paris». « C’est là l’enjeu essentiel : avec l’accroissement de la part du mobile, le coût par clic[c’est-à-dire le revenu payé par les annonceurs au moteur de recherche à chaque fois qu’un internaute clique sur une publicité],baisse.Pour compenser, le groupe doit maintenirune vive croissance de ses volumes »,pointe Thomas Husson du cabinet Forrester.
Dans ce paysage en pleine mutation, marqué par une concurrence toujours plus forte avec des rivaux tels que Facebook, Microsoftou Amazon, mais aussi des Baidu ou des Tencent en Chine, Google est appelé à faireévoluer progressivement son modèle.
Après la rationalisation, la diversification
Cela s’est déjà traduit par la réorganisation même de l’entreprise démarrée à l’été 2015 avec la création d’Alphabet, propriétaire de toutes les activités du géant américain. L’idée étant de distinguerles métiers historiques de la compagnie de toutes ses activités annexes,« qui seront les relais de croissance de demain »,selon M. Husson. Puis en 2016, sous l’impulsion de la directrice financière, Ruth Porat, les projets les moins rentables ont été abandonnés ou revus à la baisse. Fin octobre, décision a ainsi été prise de leverle pied sur le programme Google Fiber de distribution d’Internet à haut débit. Son développementest désormais cantonné aux neuf villesaméricaines déjà investies et 9 % des effectifs ont été remerciés.
En janvier 2017, le projetde drone solaire, qui devait permettrede distribuerde l’Internet à haut débit, a, lui, été purement et simplement abandonné. A l’inverse, le programme de conduite autonome est désormais mené par une entité indépendante baptisée « Waymo ».
Ces choix de diversification – qualifiés chez Alphabet d’« autres paris»– restent coûteux. Certes, leur chiffre d’affaires progresse – ils ont dégagé au quatrième trimestre un chiffre d’affaires de 262 millions de dollars, contre seulement 150 millions sur la même période de l’année précédente – mais les pertes restent élevées à plus 900 millions de dollars.« Il s’agit d’une phase d’investissement donc il n’y aucune profitabilité à attendreà court terme », relativise M. Husson. Malgré cette rationalisation, le groupe n’en a pas fini avec la diversification. En octobre 2016, la marque a dévoilé au cours d’un même événement deux nouveaux produits dans le domaine du hardware, dont un nouveau téléphone haut de gamme appelé à rivaliseravec les équivalents de Appleet de Samsung.
Google a aussi lancé Home, un assistant contrôlable par la voix, destiné à commanderde multiples fonctions à domicile : mettrede la musique, actionnerdes appareils connectés, accéderà des services Google… Une réponse au succès du Echo d’Amazon lancé deux ans plus tôt. La firme de Moutain View investit aussi massivement dans le cloud (stockage de données dématérialisé). Jeudi 26 janvier, Ruth Porat a d’ailleurs assuré qu’Alphabet allait poursuivresa politiquede diversification tout en assurant que le groupe« continuera à calibrerl’ampleur et le rythme »de ses investissements et« exercera une gestion prudente ». La maison mère de Google, Alphabet, n’a pas commis de faute pour ses premiers résultats annuels sous cette nouvelle dénomination. Le groupe a publié, lundi 1erfévrier, des résultats largement supérieurs aux attentes des analystes, ce qui a fait bondirson action de plus de 6 %, à 796 dollars (730 euros), au cours des échanges après Bourse. Une progression qui permet à l’entreprise de Mountain View (Californie) de devenirla première capitalisation mondiale devant Apple, une première depuis 2007. Lundi soir, Alphabet, dont le titrea gagné plus de 45 % en un an, valait 555 milliards de dollars, contre 534 milliards pour le fabricant de l’ iPhone, dont les ventes commencent à plafonner. Tandis que la publicité reste la principale source de revenus pour Alphabet – près de 90 % –, en particulier via Google ou YouTube, la compagnie fait face à une transformation de son marché : le poids de la publicité sur mobile ne cesse de croîtreaux dépends de celles diffusée sur ordinateur.

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