Face aux dangers de coronavirus : le Parc national des Virunga va suspendre temporairement ses activités dans l'est dela Rdc

Nord-Kivu – COVID19 : le parc national de Virunga suspend temporairement les visites touristiques aux gorilles de montagne
19 mars 2020 0

À partir du 23 mars 2020, le parc national de Virunga va suspendre temporairement les visites touristiques de gorilles de montagne jusqu’à ce que la situation de l’épidémie du coronavirus pourrait permettre la levée de la mesure, annonce un communiqué de ce site touristique.

Dans ce même document rendu public ce jeudi 19 mars 2020, la suspension des visites des gorilles de montagne dans le parc national de Virunga est liée aux mesures précautions recommandées par l’OMS afin prévenir la propagation du virus.

“À partir du 23 mars prochain, aucune nouvelle réservation pour le treks aux gorilles de montagne ne sera acceptée par l’institution de gestion de cette réserve inscrite sur la liste du patrimoine mondial, avant le 1er juin 2020” on peut lire dans un communiqué.

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Le parc national de Virunga craint également les complications médicales aux familles de primates dont les gorilles, en cas de contact avec le virus covid-19.

Les gorilles de montagne demeurent une espèce en voie de disparition en dépit de l’amélioration notable de dernières années, a en croire le même communiqué.

Signalons que cette annonce de la suspension intervient 24 heures après les mesures drastiques du chef de l’Etat sur la prévention du coronavirus.

Historique du programme

En 2000, le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO initie le programme Conservation de la biodiversité en zones de conflit armé : préserver les sites du patrimoine mondial en République démocratique du Congo, afin de préserver l’intégrité des cinq sites congolais dans un pays en situation de conflit prolongé.

L’objectif du programme est d’éviter la perte de la valeur universelle exceptionnelle des sites et de réunir les conditions favorables à leur retrait de la Liste du patrimoine mondial en péril. Le programme est mis en œuvre avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), organisme chargé de la gestion des aires protégées, sous la tutelle du ministère de l’Environnement, de la Conservation de la Nature et du Tourisme, et le concours actif des ONG de conservation partenaires de l’ICCN.

Phase I (2000-2005)

La première phase du programme s’est focalisée sur le maintien des activités de conservation dans les cinq sites et l’établissement d’une « diplomatie de la conservation », c’est-à-dire un support politique et diplomatique en faveur de la conservation des sites.

En s’appuyant sur la Convention du patrimoine mondial, le programme a tout mis en œuvre pour obtenir la coopération des différentes parties engagées dans le conflit pour la sauvegarde des sites du patrimoine mondial de République démocratique du Congo.

La conférence « Promouvoir et préserver le patrimoine congolais : lier diversité biologique et culturelle »
Du 13 au 17 septembre 2004, la conférence a réuni tous les partenaires du programme pour présenter le bilan de la première phase du programme et mobiliser des financements additionnels pour le lancement de la deuxième phase. Plus de 50 millions de dollars seront finalement promis par les bailleurs.

Phase II (2005-2010)

Lors de la deuxième phase du projet, le programme a appuyé la mise en œuvre de plans d’action d’urgence dans les cinq sites, tout en poursuivant la composante de « diplomatie de la conservation ».

Dans un contexte de forte insécurité lié à la présence de groupes armés à l’Est du pays, des plans d’action d’urgence ont été développés pour trois sites pilotes : les Parcs nationaux de Kahuzi-Biega, des Virunga et la Réserve de faune à okapis. Au Parc national de la Garamba, une stratégie de conservation communautaire a été développée.

Phase III (2010-2013)

La troisième phase vise à créer les conditions nécessaires à la réhabilitation des cinq sites, en s’appuyant principalement sur la finalisation des plans d’action d’urgence, et en renforçant la composante de « diplomatie de la conservation ». Cette phase a notamment consisté à mettre en oeuvre les mesures correctives adoptées par le Comité du patrimoine mondial en concertation avec le gouvernement de République démocratique du Congo et à suivre l'évolution de l'état des sites, afin de permettre leur retrait de la Liste du patrimoine mondial en péril.

 La réunion de haut niveau et l'adoption de la

Déclaration de Kinshasa

Un événement-clé de cette phase est la tenue d’une Réunion de haut niveau entre les autorités de la République démocratique du Congo et l'UNESCO, le 14 janvier 2011, à Kinshasa. Cette réunion, présidée par le Premier ministre congolais, Adolphe Muzito, et par la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, visait à examiner les moyens de renforcer la protection des cinq sites congolais inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Un résultat important de cette réunion est l’adoption de la Déclaration de Kinshasa, qui marque l’engagement du gouvernement congolais à mettre en œuvre les mesures correctives décidées par le Comité du patrimoine mondial pour la réhabilitation de la valeur universelle exceptionnelle des sites du patrimoine mondial en péril de la République démocratique du Congo, avec l’appui de l’UNESCO.

Parc national des Virunga

S'étendant sur 790 000 ha, le parc des Virunga présente une diversité d'habitats incomparable, allant des marécages et des steppes jusqu'aux neiges éternelles du Rwenzori, à plus de 5 000 m d'altitude, en passant par les plaines de lave et les savanes sur les pentes des volcans. Quelque 20 000 hippopotames fréquentent ses rivières, le gorille de montagne y trouve refuge, et des oiseaux en provenance de Sibérie viennent y passer l'hiver.
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Parc national des Virunga © Fauna & Flora International

Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse

Le Parc National des Virunga se distingue par sa chaîne de volcans actifs et la richesse de sa diversité d’habitats qui surpasse celle de tout autre Parc africain, avec sa gamme de steppes, savanes et plaines de lave, marécages, basses terres et ceintures forestières afromontagnardes jusqu’à sa végétation afro-alpine unique et aux champs de glace des monts Rwenzori dont les pics culminent à plus de 5 000 m.

Le site inclut les massifs spectaculaires des Rwenzori et des Virunga qui abritent les deux volcans les plus actifs d’Afrique. La grande diversité des habitats a donné lieu à une biodiversité exceptionnelle, notamment des espèces endémiques et des espèces rares et mondialement menacées comme le gorille de montagne.

Critère (vii) : Le Parc National des Virunga offre certains des paysages de montagne les plus spectaculaires d’Afrique. Les monts Rwenzori aux reliefs tourmentés, avec leurs sommets enneigés, leurs falaises et leurs vallées abruptes, et les volcans du massif des Virunga couverts d’une végétation afro-alpine de fougères arborescentes et de lobélies, et leurs pentes couvertes de forêts denses, sont des lieux d’une beauté naturelle exceptionnelle.

Les volcans, qui manifestent leur activité par des éruptions à intervalles réguliers de quelques années, constituent les formes terrestres dominantes de ce paysage exceptionnel. Le Parc présente plusieurs autres panoramas spectaculaires comme les vallées érodées des régions de Sinda et d’Ishango.

Le Parc abrite aussi d’importantes concentrations de faune sauvage, notamment des éléphants, buffles et cobs de Thomas, et la plus forte concentration d’hippopotames d’Afrique, avec 20 000 individus vivant sur les berges du lac Edouard et le long des rivières Rwindi, Rutshuru et Semliki.

Intégrité

Le parc est caractérisé par une mosaïque d’habitats extraordinaires qui s’étendent sur 790 000 ha.  Le bien est clairement délimité par l’ordonnance de 1954. Les richesses y sont bien protégées malgré les défis économiques et démographiques dans sa périphérie.

Le parc renferme deux couloirs écologiques hautement importants car ils relient respectivement les différents secteurs : le couloir de Muaro relie le secteur de Mikeno au secteur Nyamulagira, la côte ouest relie le secteur nord au secteur centre du massif des Virunga.  La présence du Queen Elizabeth National Park, aire protégée contigüe en Ouganda, constitue également un couloir écologique terrestre reliant les secteurs centre et nord. Enfin le lac Edouard constitue un couloir aquatique important.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

Le bien est au bénéfice d’un statut de Parc national depuis 1925. Son autorité de gestion est l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), organisme qui a perdu de nombreux agents morts en service. Le parc se heurte à des problèmes de gestion.

Pour assurer la pérennité du bien, le parc doit être géré sur des bases scientifiques et disposer d’un plan de gestion qui faciliterait, entre autre, une meilleure délimitation des différentes zones. Une surveillance renforcée assurerait l’intégrité des limites du parc.

Elle réduirait le braconnage, la déforestation, et la pression sur les ressources piscicoles (qui risquent de s’accroître), activités notamment de groupes armés isolés. A cet effet, le renforcement des effectifs et de l’équipement disponibles ainsi que de la formation du personnel du parc sont primordiaux.

L’amélioration et le renforcement des infrastructures administratives et de surveillance contribueraient à réduire la pression sur les espèces rares et menacées comme les gorilles de montagne, les éléphants, les hippopotames et les chimpanzés.

Vu la croissance démographique humaine importante, l’établissement de zones tampons dans tous les secteurs s’avère indispensable et urgent. Une autre priorité est celle d'établir un Fonds fiduciaire qui permettrait de garantir des ressources suffisantes pour la protection et la gestion de la propriété à long terme.

La promotion d’un tourisme localisé et contrôlé pourrait accroître les recettes et contribuer à un financement régulier pour le maintien du bien.

Critère (viii) : Le Parc National des Virunga est situé au centre du Rift Albertin, lui-même dépendant de la Vallée du Grand Rift. Dans la partie sud du Parc, l’activité tectonique due à l’extension de l’écorce terrestre dans cette région a fait émerger le massif des Virunga, composé de huit volcans, dont sept sont situés totalement ou partiellement dans le Parc.

Parmi eux figurent les deux volcans les plus actifs d’Afrique – le Nyamuragira et le Nyiragongo tout proche – responsables à eux seuls des deux cinquièmes des éruptions volcaniques historiques sur le continent africain et qui se caractérisent notamment par l’extrême fluidité de leurs laves alcalines.

L’activité du Nyiragongo a une importance mondiale en tant que témoignage du volcanisme d’un lac de lave : le fond de son cratère est en effet occupé par un lac de lave quasi permanent, qui se vide périodiquement avec des conséquences catastrophiques pour les communautés locales.

Le secteur nord du Parc inclut environ 20 % du massif des monts Rwenzori – la plus vaste région glaciaire d’Afrique et la seule chaîne de montagnes véritablement alpine du continent. Il jouxte le Parc National des Monts Rwenzori en Ouganda, classé au patrimoine mondial, avec qui il partage le Pic Marguerite, troisième sommet d’Afrique (5 109 m).


Critère (x) : En raison de ses variations d’altitude (de 680 m à 5 109m), de pluviométrie et de nature de sols, le Parc National des Virunga possède une très grande diversité de plantes et d’habitats qui le mettent au premier rang des Parcs Nationaux africains pour la diversité biologique. On a identifié plus de 2 000 plantes supérieures, dont 10 % sont endémiques au Rift Albertin.

Les forêts afromontagnardes représentent environ 15 % de la végétation. Le Rift Albertin abrite aussi plus d’espèces de vertébrés endémiques que toute autre région du continent africain et le Parc en possède de nombreux exemples.

Le Parc abrite aussi 218 espèces de mammifères, 706 espèces d’oiseaux, 109 espèces de reptiles et 78 espèces d’amphibiens. Il sert aussi de refuge à 22 espèces de primates, dont trois espèces de grands singes – le gorille de montagne (Gorilla beringei beringei), le gorille des plaines de l’Est (Gorilla beringei graueri) et le chimpanzé de l’Est (Pan troglodytes schweinfurthi), et à un tiers de la population mondiale de gorilles de montagne.

Les zones de savane du Parc abritent une population diverse d’ongulés et la densité de biomasse de mammifères sauvages est l’une des plus hautes de la planète (27.6 tonnes/km²). Parmi les ongulés, on trouve certains animaux rares comme l’okapi (Okapi johnstoni), endémique à la République Démocratique du Congo (RDC), et le céphalophe rouge (Cephalophus rubidus), endémique aux monts Rwenzori. Le Parc comporte aussi d’importantes zones humides essentielles pour l’hivernage de l’avifaune paléarctique.



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