« Analyse des forces et alliances politiques face aux enjeux dans la dynamique democratique durant la transition en RDC(2003 - 2006) »

" Depuis l'avènement de la Deuxième République, laRDCavait connu une période relativement calme. Les premières secousses du système centraliste résultent des mutineries des ex-gendarmes en 1966 àç Kinshasa, des insurrections des mercenaires en 1967 sous la direction deJean SCHRAMMEet deBob DENARD, de la révolte des étudiants en juin 1969 et en juin 1971 ainsi que du bras de fer entreMOBUTUetMALULAsuite à la révolution culturelle de 1972 qui ouvrit une campagne de débaptisassions des cultes, conséquence de la doctrine mobutiste du recours à l'authenticité. Mais aussi efficaces paraissent- elles, elles ébranlèrent suffisamment le régime.En effet, grâce à l'action menée par leFNLCdans la province du Katanga, alors Shaba en mars 1977 puis en mai 1978, le pouvoir du Maréchal ne fut sauvé que grâce au soutien d'une coalition d'intérêts stratégiques et individuels des forces étrangères à cette guerre dite des `Quatre- vingts jours. Le Front, branche politique du mouvement insurrectionnel avait dans son programme minimum les objectifs ci- après :1. Lutter contre la dictature ; 2. Eriger un Etat républicain et une démocratie nouvelle ; 3. Améliorer les conditions de vie des masses populaires D'aucuns estiment que l'action duFNLCaurait essentiellement motivé le discours tenu le 1erjuillet 1977, lequel annonça la nouvelle orientation de l'organisation administrative et politique du pays. Dans son discours solennel prononcé à N'Selé le 1erjuillet 1977, le Maréchal avait exposé les grandes lignes d'une des réformes qui pour l'essentiel avait été conçue par le Ministre belge des Affaires Etrangères, MonsieurHenry SIMONET. Cette réforme comportait le partage d'une partie de son pouvoir, en tolérant à ses côtés la présence d'un Parlement élu d'une part et la remise en ordre de l'appareil économique d'autre part. C'est du Parlement élu que naîtra un courant d'Opposition qui se muera plus concrètement le 15 février 1992 en parti politique B. Action des treize parlementaires. Alors qu'on croyait que la population se résignait à son sort parce qu'incapable de répondre aux défis majeurs de son destin de manière créatrice, les treize parlementaires ont élevé énergiquement la voix en 1980 pour résister au système de concentration du pouvoir, et se sont battus pour une idée autre de la vie et de l'espace politique zaïrois. En fait, ces parlementaires furent sanctionnés le 21 décembre 1980 par la Commission de discipline du Comité Central duMPR. Cette dernière les condamna pour manquement à la discipline du Parti-Etat. Les "parlementaires rebelles" sont loin d'être des `révolutionnaires', appartenaient au Collège des Commissaires Généraux mis en place parMOBUTUen 1960 après la destitution deLUMUMBA. (BRAECHMAN, C., 1999, p. 309). Bravant les normes du parti politique et la police du régime, ils créèrent une nouvelle formation politique, l'UDPS. Autant par nécessité que par conviction, ce parti fait le choix de la non- violence, et se réfère aux idéaux démocratiques, au respect des droits de l'homme. Emprisonnés, battus, relégués en province, les fondateurs de ce parti, feront preuve de courage notable etEtienne TSHISEKEDIsera le plus populaire d'entre eux. La faille ouverte dans le régime dictatorial avec l'approbation des occidentaux très sensibles aux mauvais traitements infligés aux dirigeants et militants du parti d'Opposition, sera exploitée par de nombreux mécontentements. Au cours des années 1980, le deuxième parti sera rejoint par tous ceux qui aspirent au changement et à l'ouverture, au point d'éclipser aux yeux de l'opinion les opposants les plus radicaux qui se retrouvent à l'extérieur du pays. L'audience de l'UDPSdéborde bien vite sa base. I'UDPSincarne de plus en plus les aspirations de la petite bourgeoisie urbaine, des intellectuels, des fonctionnaires mal rémunérés et des nombreux anonymes sans perspective d'emplois. Rappelons également que la classe moyenne et les enseignants furent durement touchés par les mesures d'austérité que leFMIimposa à la nation zaïroise dans le cadre de l'ajustement structurel à partir de 1983. Des dizaines de milliers de fonctionnaires et d'enseignants rejoindront ainsi le rang de l'Opposition. Il est à noter que la création de l'UDPSfut l'aboutissement de tout un processus qui était parti de la première guerre du Shaba, guerre des quatre- vingt jours. C'est à ce titre que celle- ci peut- être considérée comme un tournant décisif vers l'effondrement du régime dictatorial de la deuxième République. D'une manière générale, les causes profondes qui avaient conduit le régime à l'ajustement institutionnel se justifiaient par la misère générale du peuple. 1.2.2. CAUSES EXOGENES. La fin du vingtième siècle reste pour le monde l'ère de la démocratisation dans le Tiers- monde et laRDCn'échappa pas à ce vent de changement."

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