« Quel développement pour l'Afrique, 50 ans après les indépendances ? Des années durant, l'Afrique a été la victime du colonialisme et de l'impérialisme, de l'exploitation et de la dégradation. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, ses enfants ont enduré les chaînes de l'esclavage et de l'humiliation. Pendant ce temps, les exploiteurs et les décideurs autoproclamés de notre destin souillaient nos terres, avec une incroyable sauvagerie, sans pitié, sans honte, sans respect. Ces jours sont révolus et à jamais révolus. Et en ce jour, dans cette auguste Assemblée des Nations Unies, m'adressant à vous, moi, un Africain, porteur d'un message de paix et de liberté, annonce au monde l'aube d'une ère nouvelle (…) J'estime que les Nations Unies représentent la seule organisation capable de combler nos espoirs pour le futur de l'humanité »

" Plus de 50 années après, que peut-on dire L’Afrique est elle vraiment indépendante ? Que dire de sa situation économique, politique,culturelle ? Dans la mentalité de l'occident, l'Afrique demeure une réserve de matières premières, agricoles et forestières, minerais et pétrole, allant de paire avec un faible niveau technologique et industriel et une fuite des forces vives et de la jeunesse vers l' Europe. Cette extraversion profite avant tout aux sociétés multinationales, sans retombée sur le niveau de vie des habitants. L' aidedans ce contexten'est-il pas un palliatif à une pratique qu'il faudrait changer ? On assiste à une "ONGisation" pour suppléerles déficiences des servicespublics, structurant la société civile, mais privant l'Etat de sesfonctions. Idéologie du développement, mondedes experts et des coopérants : le modèle est celui de l'occident. Les causes externes suffisent-elles seules à expliquerla situation actuelle du continent ? Quelle est la part interne ? Une abondante littérature existe sur ce "retard" alors que les analysessystématiques africaines sur les causes internes sont inexistantes. Mépris des productions locales, place des élites dans la prédation de ressources comme relais à l'occident ou maintenant à la Chine. Ces Etats Africains sont emprisonnés dans des logiques de court terme, alimentaires et individuelles, sans implication dans ses responsabilités publiques, voircontre elle. Au terme des cinquante ans d'indépendance, l'Afrique reste confrontée à sa dépendance, auprès de ses anciennes métropoles mais également des bailleurs de fonds. TRANSFORMER NOTRE FAÇON D'ÊTRE AFRICAIN ET EUROPÉEN : Ce type de relation a entrainé l'aliénation de tout modèle de développement propre à l'Afrique et à sa culture, qui devrait pouvoirintégrer "modernité" et "tradition". La vraie décolonisation passe par le rejet de l'Etat de type Européen : la question est donc politique et la réponse Africaine. La culture n'est ni un frein, ni une composante secondaire du développement, elle est son essence même. Le développement ce n'est pas seulement la croissance, mais également l'accès à une existence intellectuelle et spirituelle satisfaisante ; ce n'est pas seulement avoirplus mais également êtremieux. Il faut construiresur du long terme un partenariat multiple entre gouvernements, sociétés civiles, bailleurs, Organisations non gouvernementales, en se concentrant sur les administrations décentralisées, et en prenant en compte prioritairement les besoins de base des populations ; soins, éducation, nutrition… La dynamique interne de chaque société doit être respectée et la mise en place et le leadership des programmes doit être confié par les bailleurs aux compétences locales, ainsi que les procédures administratives et financières. Pour cela il faut que les projets, dès leurs conceptions, intègrent la gouvernance et la réforme de l'Etat. Il est temps de changerle type de partenariat entre l'Afrique et l'Europe : une Afrique avec plus de lucidité et de courage, une Europe avec plus de modestie et de justice. C'est notre façon d'être Africain et Européen qu'il faut transformer, dans le respect de l'autre, afin de bâtirensemble un monde meilleur. L'Inde et la Chine ont su allierla tradition à la modernité, développerl'école et l'enseignement en s'appuyant sur leur propre langue, créerdes Etats-nations et se sont approprié la science et la technologie.Il est certain que les années 60 restent, dans la mémoire des Africains, comme celles pendant lesquelles l’Afrique a arraché son indépendance. La ferveur était grande. D’un pays à l’autre, les Africains ont applaudi, chanté et dansé pour célébrer cette libération de leurs pays et de leurs peuples. Ils ont cru voir tomber les chaînes de l’esclavage et de la colonisation. A leurs yeux, le colonisateur avait définitivement fait ses valises et remis l’Afrique aux mains des Africains. « Vive l’indépendance, vive l’indépendance ! » C’était le slogan de ces années-là ; une nouvelle ère devait s’ouvrir aux Africains, celle de la liberté totale.
Un bilan peu flatteur: Tout a été dit ou presque sur la mauvaise marche de l’Afrique. De « L’Afrique noire est mal partie » (René Dumont, 1966). Mais cela signifiait aussi qu’ils devraient désormais se prendre en charge, tout construire sans l’aide de personne. En somme être indépendants sur tous les plans (financièrement, militairement, économiquement, etc...). Désormais les pays africains devaient pouvoir siéger dans les instances internationales du monde et revendiquer leurs droits, au même titre que les autres. Mais cela signifiait aussi qu’ils devraient désormais se prendre en charge, tout construire sans l’aide de personne. En somme être indépendants sur tous les plans (financièrement, militairement, économiquement, etc...) . Désormais les pays africains devaient pouvoir siéger dans les instances internationales du monde et revendiquer leurs droits, au même titre que les autres."

Commentaires