Le Conseil de sécurité « condamne fermement » le tir de fusée de la Corée du Nord. Un mois après son quatrième essai nucléaire, la Corée du Norda procédé, dimanche 7 février, à un tir de fusée, suscitant de vives réactions. L’engin est parti dans la matinée du pas de tir de Sohae à Tongchang-ri, dans le nord-ouest du pays, avant de suivreune trajectoire vers le sud. Le premier étage serait tombé en mer Jaune, à l’ouest de la péninsule coréenne, et la coiffe de la fusée au sud-ouest de l’île sud-coréenne de Jeju. Séoul et Washington cherchent à évaluerla réussite du tir, présenté par Pyongyang comme un lancement de satellite mais considéré à l’étranger comme un test de missile balistique à longue portée. L’engin pourrait avoirune portée de 10 000 km. Les responsables sud-coréens et américains de la Défense ont décidé d’ouvrir des pourparlers officiels sur le déploiement dans la péninsule coréenne d’un système de défense antimissiles américain auquel Pékin est fermement opposé, selon une source communiste.

C’est une nouvelle provocation qui a suscité immédiatement des réactions de la communauté internationale. Une fois la Corée du Nord a testé dimanche 7 février une fusée de longue portée, officiellement pour lancerun satellite de communication. Mais de nombreux experts estiment qu’il s’agit d’un essai de missile balistique intercontinental – une violation flagrante des résolutions de l’Organisation des Nations unies interdisant à Pyongyang tout programme nucléaireou balistique.
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Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé à Pyongyang de« cesser ses actions provocatrices ».Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence dimanche à partirde 11 heures (17 heures à Paris).
Un système de défenseantimissiles en pourparlers
Pour Washington, il s’agit d’une action« déstabilisatrice, provocatrice ». Ce lancement est« absolument intolérable », a dit à la presse le chef de gouvernement japonais Shinzo Abe. La Francea appelé à« une réaction rapide et sévère de la communauté internationale »après cette« provocation insensée ». Le Royaume-Unia également« condamné fermement »le test de Pyongyang.
La Corée du Sudet les Etats-Unis ont décidé d’ouvrir des pourparlers pour le déploiement d’un système de défense antimissiles américains sur la péninsule coréenne, le THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), auquel la Chine est fermement opposée.
En réaction à l’essai nord-coréen, Pékin a exprimé ses regrets, tout en appelant« toutes les parties prenantes » à « répondre à cette situation avec calme ». Réagissant à l’annonce du tir, les Etats-Unis ont dénoncé une« violation flagrante des résolutions onusiennes qui interdisent à la Corée du Nord de tirerdes fusées. Le Conseil de sécurité de l’ONU, appelé à une réunion d’urgence par Séoul, discutait déjà d’éventuelles nouvelles sanctions à imposer à Pyongyang pour son quatrième essai nucléaire, réalisé le 6 janvier. Les pourparlers n’avançaient guère en raison notamment des réticences chinoises et russes.
« Violations graves »
A l’issue de la réunionde dimanche, le Conseil a condamné fermement le tir à l’unanimité de ses membres et s’est s’engagé à adopter rapidement une nouvelle résolution en réponse à ces violations dangereuses et graves.
Le tir intervient aussi alors que les traditionnelles manœuvres américano-sud-coréennes baptisées Foal Eagle, considérées comme une menace directe par Pyongyang, doivent commencerle 2 mars.
La présidente sud-coréenne Park Geun-hye veut des « sanctions fermes ». Elle a convoqué le Conseil de sécurité nationale qui réunit ses ministres de la défense, de l’unification et des affaires étrangères, ainsi que le responsable des services de renseignement.
La Chine, traditionnel soutien de la Corée du Nord a exprimé dimanche ses regrets tout en appelant au calme et à la prudence pour ne pas prendrede mesures de nature à accroîtreles tensions dans la péninsule coréenne. « La Chine regrette que la Corée du Nord, en dépit de l’opposition généralisée de la communauté internationale, ait continué d’utiliser la technologie des missiles balistiques pour procéderà ce lancement », a dit la porte-parole Hua Chunying sur le site du ministère des Affaires étrangères.
« Un programme spatial pacifique »
Le premier ministre japonais Shinzo Abe a qualifié le tir de« totalement inacceptable ». L’engin a survolé une partie du petit archipel d’Okinawa, dans l’extrême sud nippon. Le Japons’était préparé en déployant des plateformes antimissiles PAC-3 Patriot et des navires dotés du système d’armes Aegis.
La République populaire et démocratique de Corée (RPDC) avait informé le 2 février l’Organisation maritime internationale (OIM, agence onusienne) de son projetde lancement d’un satellite d’observation de la Terre, appelé Kwangmyongsong (« étoile scintillante »). Pyongyang se défend de menerdes essais de missiles et affirme mener un programme spatial pacifique. Le tir devait intervenirentre le 8 et le 25 février.
Depuis cette annonce, la question était de savoirquand la RPDC procéderait au lancement. Certains l’attendaient pour le 16 février, jour anniversaire de Kim Jong-il (1941-2011), père de l’actuel dirigeant Kim Jong-un. Le 16 février est le « Jour du Kwangmyongsong ». Un tel tir pourrait êtredestiné à mobiliserla population, toujours confrontée à des difficultés économiques.
Selon les expertsaméricains, le programme de développementde missiles nord-coréens date des années 60. Le premier missile développé localement aurait été le Hwasong-5, mis au point en 1984 à partirdes modèles soviétiques Scud. Les techniciens de Pyongyang ont par la suite produit la série des Nodong, d’une portée maximum de 1 000 km, puis les Taepodong et Musudan, pouvant couvrirplusieurs milliers de km. Depuis 2006, ses essais nucléaires sont généralement associés à un lancement d’un engin à longue portée. Celui du 7 février est le sixième depuis 1998 pour de telles fusées.

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