Tchad : Après l' élection, présidentiel le président sortant, Idriss Déby, reélu, encore pour un 5e mandat: Le président tchadien a recueilli 61,56% des voix au premier tour des élections du 10 avril. Portrait d'un allié fidèle et remuant de la France au Sahel. Son slogan de campagne :« 1er tour, KO »promettait une victoire dès le premier tour. Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 26 ans, a bien été réélu sans surprise pour un cinquième mandat au premier tour de la présidentielle. Il devance largement le chef de l'opposition, Saleh Kebzabo, qui dénonce un« hold-up électoral »et les sept autres challengers qui dénonçaient« la disparition de centaines d'urnes et de milliers de procès-verbaux », ajoutée notamment au« trafic de cartes d'électeurs »de la part du Mouvement Patriotique du Salut (MPS, au pouvoir). « Arrêtés et emprisonnés » Les battus dénonçaient également la disparition de militaires qui n'auraient pas voté pour Idriss Deby et dont certains,« arrêtés et emprisonnés », sont« à ce jour portés disparus ».

Quatorze candidatures ont été validées lundi par la Cour constitutionnelle. Le premier tour de la présidentielle aura lieu le 10 avril.
Sur les 23 dossiers de candidature déposés, neuf ont été invalidés par la Cour constitutionnelle. Ils seront ainsi 13 à affronter le chef de l’État Idriss Déby Itno, candidat à sa propre succession le 10 avril prochain.
*.Idriss Déby Itno
Vingt-cinq ans après son accession à la tête du pays, le président Idriss Déby Itno repart en campagne.À 63 ans, Déby, que l’on dit fatigué, remettra en jeu son mandat cinq ans après avoir été réélu confortablement en raison du boycott de l’opposition. Il devra faire face à une même opposition divisée mais décidée, cette fois, à participer au jeu électoral. Bien que réélu dès le premier tour, Idriss Déby recule en termes de pourcentages. En 2011, le chef de l’Etat avait été réélu à plus de 88% des voix. Cette fois-ci, il est à 61,56%.
L’ancien Premier ministre Joseph Djimrangar Dadnadji, qui a rompu avec le parti au pouvoir il y a un peu plus d’un an, récolte plus de 5%. Le galop d’essai pour les candidats Malloum Yoboide, Brice Guedmbaye Mbaimon et Clément Djimet Bagaou - tous âgés de moins de 45 ans - se termine à un peu plus de 1%. Le reste des candidats, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Kassiré Coumakoye, se retrouvent à moins de 1%.
Les partisans du président candidat attendaient le résultat du scrutin depuis plusieurs jours et sur la place de la Nation un podium avait été dressé. Le chef de l'Etat a fait une brève apparition et a pris la parole pour remercier l'assistance. « C'est votre victoire » a lancé Idriss Deby à ses partisans. Sur la place et dans les bureaux de soutien au président-candidat dans les quartiers de la capitale tchadienne, la musique et les rafales d'armes automatiques ont résonné jusqu'au bout de la nuit. Au Tchad, les résultats provisoires de l'élection présidentielle du 10 avril sont tombés. Le président sortant Idriss Déby Itno est réélu au premier tour avec 61,56% des suffrages exprimés. La participation s’élève à 76,11%.
Laoukein Kourayo Médardest sans doute la révélation de ce scrutin. Le maire de Moundou a effectué, au-delà de la deuxième ville du pays, une percée dans tout le sud du Tchad, arrivant en troisième position avec 10,69% des voix.
Le chef de file de l’opposition Saleh Kebzaboconforte sa place de principal opposant au chef de l’Etat en opérant un raz-de-marée dans les deux régions du sud-ouest, son bastion. Il obtient 12,80% des suffrages et reste la deuxième force politique du pays.
Idriss Deby : 2 millions 693 mille 62 voix soit 61,56 %. La victoire du sortant a été saluée par des coups de canon et des rafales de fusil automatique par les militants de son parti qui s'étaient donné rendez-vous sur la vaste place de la Nation de N'Djamena, face au palais présidentiel. Une façon pas très discrète de prévenir tous ceux qui seraient tentés de contester cette victoire que l'ordre va régner, de la manière forte s'il le faut.
La France va bien sûr saluer cette victoire, tout en réitérant son souhait que la démocratisation de la vie politique se concrétise et que les opposants ne soient plus inquiétés. Idem du côté US : l’ambassadrice américaine à l’Onu, Samantha Power, de passage à N'Djamena, a rappelé que « le renforcement des institutions démocratiques est aussi essentiel pour la stabilité du pays ».
Président-guerrier
En dépit des dérapages du régime, Paris et Washington tolèrent, voire soutiennent, le président-guerrier Déby qui a engagé son armée dans la lutte antiterroriste au Mali (aux côtés de la France puis de l'Onu) et qui avait déployé des soldats en RCA avant qu'ils ne soient rapatriés en 2015, tant leur action et leur partialité étaient contestées.
N'Djamena sert, plus que jamais, de base arrière à l'opérationBarkhane appelée à durer et la capitale tchadienne accueille aussi des forces américaines, discrètes, qui forment les Tchadiens et mènent des opérations de renseignement au Sahel.
Le parapluie franco-américain sert à donc autant à mener la lutte contre les terroristes qu'à protéger Déby et à occulter ses actions répressives. « Comment réduire le terrorisme qu’on dit prospérer sur la mauvaise gouvernance, alors même que l’action militaire française sanctuarise des régimes autoritaires peu enclins à se réformer ? »,se demandait lucidement l'an dernier Roland Marchal, dans un rapport d'avril 2015 pour le CCFD-Terre Solidaire.
Pas un simple pion, mais un atout
Et puis, le fameux« adieu »à la Françafrique promis par Paris n'est plus à l'ordre du jour. En matière africaine, François Hollande, lui aussi président-guerrier, se fait conseiller par le général Puga, chef d'état-major particulier du président français.
Et le ministre de la Défense prend le pas sur son collègue des Affaires étrangères dès qu'il s'agit d'Afrique. Les rapports franco-africains sont bien désormais dominés par une approche sécuritaire.
Déby, sur cet échiquier, n'est pas un simple pion du peuple.

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