Quel bilan tirer du 27e sommet de l’Union africaine à Kigali au Rwanda ? Les chefs d'Etat de l'Union africaine se sont réunis autour du président en exercice de l'organisation Idriss Déby et de la présidente de la Commission Nkosazana Dlamini-Zuma, à Kigali, les 17 et 18 juillet 2016.

La réunion des chefs d'Etat pour le 27e sommet de l'Union africaine (UA) s'est achevée à Kigali. Un sommet fait de nombreux rebondissements, sur la présidence de la Commission de l’UA, mais aussi sur des sujets comme le terrorisme ou encore le Soudan du Sud.
Le sujet majeur qui ressort de ce 27e sommet, c’est la situation au Soudan du Sud, après une nouvelle flambée de violences à Juba, les 9 et 10 juillet.
Ce dimanche, les pays de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser le déploiement d’une « force régionale de protection »au Soudan du Sud, dans le cadre de la Mission des Nations unies déjà présente dans le pays.
Ce lundi, Smaïl Chergui, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine, a donné plus de détails sur cette force lors d’une conférence de presse. Il a déclaré que les pays de l’Union africaine ont appuyé la population de l’Igad, ajoutant que cette force serait du même type que la brigade d’intervention de la Monusco en RDC, ou du moins qu’elle allait s’inspirer de ce modèle.
Je crois que c'est important, mais je crois qu'il faut aussi appliquer des sanctions. Il ne faut pas qu'on puisse avoir un retour constant vers le conflit.
Georges Rebelo Chicoti, ministre angolais des Affaires étrangères. Deux forces séparées
Cette force sera donc séparée de la mission de maintien de la paix, avec un mandat plus musclé. Son objectif sera de protéger les civils, de pacifier Juba et de séparer les parties au conflit.
Concernant la fourniture des troupes à cette force, Smaïl Chergui a expliqué avoir d’ores et déjà reçu des assurances des pays de la région, mais aussi de pays d’Afrique australe et du Rwanda. Des pays près à offrir des bataillons si le Conseil de sécurité valide le déploiement de cette force lorsqu’il se réunira dans les prochains jours.
Le commissaire de l'Union africaine a également reconnu qu’il va falloir concilier cette décision d’envoyer une force avec le refus du président sud-soudanais de recevoir plus de troupes étrangères. Il faudra donc, dans les prochains jours, que la communauté internationale discute pour convaincre Salva Kiir.
J'espère que nous pourrons trouver un terrain d'entente qui pourrait favoriser la promotion de la paix et de la sécurité dans ce pays.
Smaïl Chergui, le Commissaire de l'Union africaine à la paix et à la sécurité
19-07-2016- ParStéphanie Aglietti. Aucun successeur désigné à la présidence de la Commission
Ce qui a également marqué ce 27e sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, c’est qu’aucun successeur à la présidente de la Commission, Nkosazana Dlamini-Zuma, n’a été désigné. L’élection est même reportée.
Il faut rappeler que si on en est arrivé là, c’est que pour beaucoup de chefs d’Etat africains, les trois candidats en lice manquaient d’envergure. Dès le 4 juin, lors d’un sommet à Dakar, les pays de la Cédéao avaient demandé par communiqué un report du scrutin. Du coup pendant ce sommet, il y a eu un bras de fer entre les partisans d’un vote et les partisans d’un report.
Ce dimanche 17 juillet, ce bras de fer s’est cristallisé lors d’une réunion des chefs d’Etat à huis clos, lorsque la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, a demandé la parole à ce sujet au nom des pays en faveur d’un report, et qu’Idriss Déby, l’actuel président de l’Union africaine, a refusé de la laisser s’exprimer.
Victoire du camp du report
Cela a provoqué la colère de plusieurs chefs d’Etat qui ont envisagé de quitter le sommet. D’ailleurs, le président ivoirien Alassane Ouattara ne s’est pas rendu dimanche soir au dîner des chefs d’Etat. Ce bras de fer s’est donc de nouveau cristallisé lors du vote, avec au moins quatre tours sans majorité.
Au final, au dernier tour, la dernière candidate, la ministre des Affaires étrangères du Botswana, Pelonomi Venson-Moitoi, a aussi été écartée, avec seulement 23 voix en sa faveur et 28 abstentions. C’est donc une victoire du camp du report du scrutin. Les listes vont être réouvertes et un nouveau vote aura lieu lors du prochain sommet de l’Union africaine, en janvier 2017, à Addis-Abeba.
Souverainement, les chefs d'Etat ont décidé d'ouvrir la liste des nouveaux candidats qui vont s'ajouter aux trois existants.
Idriss Déby, président en exercice de l'Union africaine
19-07-2016- ParChristophe Boisbouvier. Vers une entrée du Maroc dans l'Union africaine ?
Au sommet de l'Union africaine à Kigali, le roi du Maroc a annoncé vouloir que son pays réintègre l'Union africaine. Le Maroc avait quitté l'Organisation de l'unité africaine(OUA), l'ancètre de l'UA, en 1984, en guise de protestation contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique, la RASD, proclamée par le Front Polisario, sur ce qui est considéré à Rabat comme un territoire marocain. La décision revient désormais à la Commission de l'UA, qui devra voter sur le sujet.

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