ATTAQUE MEURTRIÈRE DE KIDIDIWE, MALOLU ET VEMBA ÀLA PÉRIPHERIQUE DU CONTÉ EST DE BENI VILLE : le coordonateur de l'ong CEPADHO parle d'une rebellion en gestation dans cette partie du nord-kivu, mr omar kavota mentionne qu'il s'agit d'une milice qui serait entrain pour le moment d'opérer au nom des ADF pour tromper la vigilance de l'armée congolaise, dans une conference de presse tenue ce mardi à beni, il alerte l'opinion nationale et internationale de prendre cette question au sérieux. !

Oui, un moment, quand on n’en peut plus, on court le risque de sombrer dans le découragement. Pourtant, le découragement est l’un de plus grands dangers dans la lutte pour la paix, le droit, la justice, le développement…Allons-nous nous laisser abattre ? En tout cas, pas moi. Je vais me battre jusqu’au bout, vu ce à quoi j’ai échappé. Si j’ose raconter aujourd’hui, c’est pour témoigner devant tous que la population de Beni-Lubero vit l’horreur et que son avenir tient à un bout de tison. Cette alerte est plus que jamais urgente. Grâce à la mobilisation de tous, le salut de cette population est encore possible si nous agissons vite et ensemble, chacun à son niveau.
« La population de Beni lutte pour survivre mais sa lutte est récompensée par des coups de machette… »
Depuis deux ans, les habitants du Nord-Kivu sont devenus des moutons d’abattoir sur les routes, dans les champs et dans leurs propres maisons…et cela au vu et au su des responsables politiques et des forces de la Monusco qui sont sensés protéger la population et ses biens.
Pour illustrer cela, je vous rapporte l’horreur du 13 Août 2016 que j’ai vécue et à laquelle j’ai échappé, pas puisque ma vie a plus de valeur que celle de mes compagnons de route et de mes voisins qui ont succombé aux coups des machettes, mais peut-être juste pour crier au secours, au nom des victimes de ce génocide organisé dans la région du Nord-Kivu, afin que leurs vies arrêtées subitement ne tombent pas dans l’oubli et pour que les éventuelles prochaines victimes échappent à ce projet maléfique des assoiffés du sang humain. Cela ne sera possible que si chacun, de loin ou de près, prend conscience de la dignité de la commune condition humaine que nous partageons tous et agit en conséquence.
-« Un jour de ténèbres et de sombres nuages planifié par les hommes-lions »
Ce jour là…comme je n’avais plus rien à donner à mes enfants pour le repas du soir, j’ai pris le risque de me rendre dans mon champ en début d’après-midi de ce terrible 13 Août 2016, à une heure de marche de ma maison. J’ai laissé ma fille d’une année et demie avec sa grande sœur de 4 ans et son grand-frère de 7 ans jouant dans la cour. Ce dernier m’a interpellé en disant : « Maman, j’espère que tu ne feras pas comme papa et mon grand-frère qui sont allés au champ et qui n’en sont plus revenus ». En fait, il y a 7 mois, mon mari et mon fils de 10 ans sont portés disparus, probablement kidnappés et tués en se rendant ou en revenant du champ. C’est là que je me suis rendue compte que mes enfants ignoraient l’ère grave que nous vivons actuellement. Ils s’imaginent que leur père et leur frère reviendront après leur « balade champêtre » ! Je n’ose pas leur dire clairement ce qui est arrivé à leur père et à leur frère, je n’ai pas de mots pour le dire…J’ai donc rassuré mes enfants en leur promettant que moi je reviendrais le plus vite possible pour leur préparer à manger, ce qui n’était pas le cas hélas !
-« …Revenir le plus vite possible pour frôler la mort… »
A l’allée, les choses ont pourtant bien commencé. J’ai trouvé de la bonne compagnie des hommes et des femmes qui se rendaient aux champs comme moi et nous avons fait route ensemble en discutant justement de cette situation de peur qui s’installe et du risque que nous courrons en allant dans nos champs. Nous nous sommes séparés les uns après les autres au fur et à mesure que chacun rejoignait son champ. Je me suis hâté de récolter juste ce qu’il nous fallait pour 3 jours dans le but de rejoindre mes enfants avant la tombée de la nuit, heure redoutable, heure où rugissent les hommes lions, assoiffés de voir couler le sang. Il était environ 16h00 quand je commençais la marche, manioc au dos, bâton à la main. Comme pour l’allée, j’ai eu de la compagnie des hommes et femmes qui revenaient de leurs champs comme moi, pas forcément les mêmes. Tout à coup, environ 30 minutes avant d’arriver dans mon quartier, nous voyons des hommes en tenue militaire qui se mettent à interpeller les passants. Voici ce qu’ils nous ont dit : « Ne prenez pas ce chemin là, il est très dangereux. Passez plutôt par celui-ci, vous ne risquez rien ». Naïfs que nous étions, nous nous étonnions de la « bonté » de ces hommes en tenue militaire. Nous avons obéi, ignorant évidemment que c’était une bonté déguisée. Ayant avancé plus loin, nous sommes tombés dans une embuscade : des hommes, des femmes et des enfants revenant des champs qui étaient là, arrêtés comme nous, déchargés de leurs fardeaux, pas pour un petit temps de repos qui leur ferait du bien, mais pour mourir… mourir à la machette… J’ai vu deux trois des assassins les pulvériser d’un produit. Et subitement, ils tombaient l’un après l’autre, immobiles mais conscients. C’était tellement inattendu et rapide que c’est difficile de décrire cette cène horrible. Je garde encore en mémoire le regard cynique et sadique de ces hommes aux machettes et le regard désespéré de ces victimes, incapables de se sauver de cette jungle.

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