GABON : Une mission de l'Union africaine attendue pour surveiller un éventuel ré-comptage des voix dans le Haut-Ogooué. Après avoir ouvert internet pendant une heure avant de le couper tout le reste de la journée d'hier, le pouvoir vacillant de Bongo Ondimba Ali (BOA), à la demande pressante de la communauté internationale, l'a, également, ré-ouvert, à partir de cette mi-journée. Jusqu'à ce que nous postions cet article, internet et les réseaux sociaux étaient fonctionnels. Mais pour combien de temps ? Car le Gabon traverse une période de sa vie où son fameux « vainqueur » à l'élection présidentielle du 27 août a peur de son ombre. Il est, déjà, atteint par la phobie du coup d'état. Interviewé par France 24, aujourd'hui, Jean Ping (avec Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba) s'est déclaré ouvert à « toutes les médiations » pourvu qu'elles ambitionnent de sortir le Gabon de cette situation. !

« La mobilisation internationale croissante sur la situation post-électorale au Gabon est encourageante. La disponibilité du Président Idriss Déby, Président en exercice de l'Union africaine (UA), à se rendre à Libreville accompagné d'autres Chefs d'Etat africains, témoigne de cette même détermination à assister les parties gabonaises dans la recherche d'une solution à la crise, pacifique et juste. L'Union européenne souligne également le travail du Professeur Abdoulaye Bathily, Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU.
Il est essentiel que le processus électoral puisse aboutir dans la pleine transparence pour restaurer la confiance des Gabonais et assurer la légitimité du pouvoir. Les différends doivent être résolus par les voies légales.
Les efforts d'apaisement de la situation doivent être poursuivis. Le rétablissement des moyens de communication et un traitement équitable des centaines de personnes détenues, source de grande inquiétude, y contribueront » (fin du communiqué).
En soulignant pour une énième fois la nécessité « que le processus électoral puisse aboutir dans la pleine transparence pour restaurer la confiance des Gabonais et assurer la légitimité du pouvoir », Federica Mogherini et Neven Mimica répètent, exactement, ce que l'UE a, toujours, souhaité, mais aussi, le Conseil de sécurité, le département d'Etat, le Quai d'Orsay, et depuis mardi, 6 septembre, matin, le premier ministre français, Manuel Valls.
Il faut, d'ailleurs, rappeler, que mardi, 6 septembre, après-midi, la cheffe des Observateurs de l'UE, Mariya Gabriel, est, à nouveau, montée au créneau pour demander un « ré-comptage des bulletins bureau de vote par bureau de vote dans le Haut-Ogooué » (voir a friqueeducation.com à 19h06).
Conclusion : Par sa sortie sur Gabon Télévision, Franck Emmanuel Issoze-Ngondet a, tout simplement, cherché à manipuler les Gabonais. Mais sans grand succès car la stricte vérité est que, l'UE, le Conseil de sécurité des Nations-Unies, le département d'Etat américain.
Celle de l'Union africaine (UA) (dont les Africains n'ont pas confiance) en fait-elle partie ? Le sentiment partagé, en Afrique, est que cette médiation viendra faire pencher la balance du côté de l'homologue local, en totale perdition, comme l'aurait fait la Cour constitutionnelle du Gabon, dont la présidente n'est autre que la propre belle-mère de BOA : ce dernier et les deux enfants de la présidente de la Cour constitutionnelle ont pour même père, le défunt président du Gabon. N'ayant jamais eu peur, dans le passé, de piétiner le droit, ne se souciant jamais des qu'en dira-t-on, cela vaut-il la peine que Jean Ping aille à cet abattoir de la Cour constitutionnelle sachant pertinemment qu'elle est comme une Tour de Pise qui ne penche que d'un côté ? Celui de son beau-fils ?
Président en exercice de l'UA, Idriss Déby Itno n'a pas, encore, précisé qui fera partie de cette médiation. On ne sait pas, non plus, s'il la présidera, lui-même, lui qui est accusé d'être juge et partie, les Gabonais ayant découvert ses mercenaires tchadiens (encagoulés) en train de prêter main forte à la garde républicaine (présidentielle) de BOA.
L'Union européenne vient, cet après-midi, de pondre un autre communiqué où elle fait état d' « anomalies » dans le Haut-Ogooué : « Une analyse portant sur le nombre de non-votants et des bulletins blancs et nuls révèle une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué", qui a officiellement enregistré un taux de participation de 99,93% et a permis au président sortant d'être réélu d'une courte tête, a indiqué l'observatrice en chef de l'UE, Mariya Gabriel.
Les observateurs "ont été autorisés à assister aux annonces publiques des résultats provinciaux dans sept des neuf provinces", explique la mission européenne.
"Les résultats n'ont pas été annoncés publiquement" dans celle du Haut-Ogooué, fief ethnique du président Bongo où il a obtenu plus de 95% des suffrages, "privant, ainsi, les parties prenantes de la transparence requise par la loi", ajoute Mariya Gabriel.
"L'intégrité des résultats provisoires dans cette province est (...) remise en cause" alors que "le taux de participation de 99,93% dans le Haut-Ogooué est nettement supérieur à ceux enregistrés dans les autres provinces, estimés en moyenne à 48%" (fin du communiqué).
Avec une telle implacable démonstration, qui permet de voir qui a triché et qui dit vrai, le pouvoir, comme il a commencé à chanter, ne peut pas dire que la mission de haut niveau de l'UA viendrait consacrer son hold up, en se « basant sur les seules lois gabonaises », comme si celles-ci avaient été, rigoureusement, respectées en amont du processus.
Il faudra, absolument, clarifier le vote en procédant à un nouveau comptage, bureau de vote par bureau de vote, et que le vainqueur soit proclamé comme tel, devant la communauté internationale. Au lieu d'envisager un jugement de Salomon où on divise la poire en deux pour un nouveau recommencement des mêmes tares.

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